Cet article date de plus d'un an.

Emeutes aprÚs la mort de Nahel : les assureurs estiment que les violences urbaines ont fait 650 millions d'euros de dégùts

La fédération France assureurs a dénombré 11 300 déclarations de sinistres liées aux violences urbaines. PrÚs de 90% du coût estimé des dégradations concernés les 3 900 biens des professionnels et des collectivités locales sinistrés.
Article rédigé par franceinfo avec AFP
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une voiture brulée à Paris, le 6 juillet 2023. (ALAATTIN DOGRU / ANADOLU AGENCY / AFP)

Une facture salée. Le coût des dégùts atteint désormais 650 millions d'euros aprÚs les violences urbaines qui ont éclaté en France. Ce montant dévoilé par la fédération professionnelle France assureurs, mardi 11 juillet, est en nette augmentation aprÚs un premier point d'étape chiffré à 280 millions d'euros, la semaine derniÚre. Au total, 11 300 déclarations de sinistres ont désormais été adressées aux assureurs du pays.

>>  Violences urbaines : comment se faire indemniser en cas de dégùts ou de vols ?

Les neuf dixiÚmes "du coût de ces violences urbaines concernent les 3 900 biens des professionnels et des collectivités locales sinistrés", a précisé Florence Lustman, la présidente de France assureurs, citée dans un communiqué. Le reste concerne essentiellement des dégùts subis par des particuliers pour leurs véhicules personnels. Dans le détail, les sinistres sur les biens professionnels représentent 55% des 650 millions d'euros évoqués et ceux sur les biens des collectivités locales 35%, précise France Assureurs.

Des factures diverses selon les secteurs

PĂȘle-mĂȘle, IIe-de-France MobilitĂ©s avait dĂ©jĂ  Ă©voquĂ© une facture de 20 millions d'euros de dĂ©gĂąts dans les transports publics franciliens, avec notamment 39 bus brĂ»lĂ©s. Et le ministĂšre de l'Education nationale, Pap Ndiaye, avait prĂ©cisĂ© que la note atteindrait plusieurs dizaines de millions d'euros dans les Ă©tablissements scolaires : une soixantaine d'entre eux ont subi des dĂ©gĂąts importants, dont une dizaine ont Ă©tĂ© dĂ©truits ou partiellement dĂ©truits.

Alain di Crescenzo, prĂ©sident de la chambre de commerce de Marseille, avait chiffrĂ© Ă  plus de 100 millions d'euros les dĂ©gĂąts pour les entreprises de la ville. Le dĂ©tail des coĂ»ts indirects des Ă©meutes – les annulations dans l'hĂŽtellerie-restauration, par exemple – est lui difficile Ă  Ă©valuer et ne fait pas l'objet de dĂ©clarations. Suivant le contrat auquel ils ont souscrits, certains commerçants peuvent ĂȘtre indemnisĂ©s pour une perte de chiffre d'affaires.

Des mesures exceptionnelles

Le 1er juillet, le ministre de l'Economie Bruno Le Maire avait demandé aux assureurs de prolonger les délais de déclaration, de réduire les franchises et d'indemniser rapidement les professionnels victimes des émeutes. Les banques ont également été invitées à faire preuve de compréhension.

Trois jours plus tard, la fédération France assureurs avait aussi invité ses membres à prolonger "jusqu'à 30 jours" le délai de déclaration de sinistre et à "réduire" les franchises pour les "petits commerçants indépendants les plus durement touchés" par les violences urbaines. Elle leur avait également demandé de "faciliter le versement d'acomptes pour faire face aux situations les plus difficiles".

Elle a été entendue par certains mutualistes comme Covea (qui regroupe MMA, Maaf et GMF), la Macif mais aussi les bancassureurs BPCE, Crédit Agricole ou Crédit Mutuel, qui ont annoncé des mesures pour les victimes. Axa, Generali ou encore Société Générale avaient aussi emboßté le pas.

Des dégùts plus importants qu'en 2005

"La nature des sinistres liĂ©s aux violences de ces derniers jours est donc trĂšs diffĂ©rente de ce que notre pays avait connu en 2005", estime Florence Lustman. A l'Ă©poque, les dĂ©gradations et incendies aux vĂ©hicules avaient reprĂ©sentĂ© plus de 80% des sinistres, Ă©talĂ©s sur quatre semaines, pour un coĂ»t total de 204 millions d'euros. Reste Ă  savoir si les assureurs rĂ©agiront de la mĂȘme maniĂšre. Un bras de fer les avaient en effet opposĂ©s au gouvernement sur la question de savoir si la responsabilitĂ© de l'Etat Ă©tait engagĂ©e.

A l'Ă©poque, Ă©crivait Le Monde, les assureurs s'Ă©taient appuyĂ©s sur une loi de 1983, qui dispose que "l'Etat est civilement responsable des dĂ©gĂąts" rĂ©sultant de crimes et dĂ©lits commis par "des attroupements ou rassemblements", contre des personnes ou des biens. Le gouvernement d'alors avait invoquĂ© plusieurs arrĂȘts du Conseil d'Etat excluant cette responsabilitĂ© quand les actes de violence sont "prĂ©mĂ©ditĂ©s" ou dus Ă  "des petits groupes".

Commentaires

Connectez-vous Ă  votre compte franceinfo pour participer Ă  la conversation.