: En images La Grande barrière de corail malade de ses coraux
L'épisode de blanchissement sans précédent des récifs coralliens de la Grande barrière australienne provoque d'importants dégâts sur l'écosystème et pourrait entraîner d'importantes pertes de revenus touristiques pour le pays.
C'est un phénomène dramatique sans précédent. Au large de l'Australie, la Grande barrière de corail continue de souffrir de son plus sévère épisode de blanchissement, qui a déjà provoqué la mort de 22% du récif corallien depuis la mi-2014. En cause, selon l'Agence américaine océanique et atmosphérique : le réchauffement de la planète, combiné au phénomène El Niño particulièrement intense.
Comment s'explique ce blanchissement ? Les coraux se nourrissent d'algues microscopiques, les dinoflagellés, qui vivent en vastes colonies à leur surface et forment une symbiose avec le corail. Les algues consomment de l'azote, du phosphore et d'autres nutriments fournis par le corail. Elles utilisent la lumière pour transformer cette nourriture en énergie. Cette photosynthèse libère de l'énergie dans les tissus du corail, lui permettant de construire son squelette de calcium. Mais quand le corail est soumis à un stress, il se débarrasse des dinoflagellés, et blanchit. C'est notamment le cas quand la température des eaux augmente durablement de plus de deux degrés par rapport à la normale. Les récifs peuvent s'en remettre si l'eau refroidit, mais ils peuvent aussi mourir si le phénomène persiste.
"Comme si les coraux étaient morts depuis des années"
Richard Vevers dirige The Ocean Agency, une organisation à but non lucratif qu'il a fondée pour faire connaître les problèmes environnementaux touchant les océans. Avec son équipe, il a plongé à proximité de Lizard Island, une île située au nord de la Grande barriére de corail australienne. Les clichés qu'il a pris entre mars et mai 2016 montrent l'ampleur des dégats causés par le blanchissement des récifs, en un laps de temps très court.
"Quelques semaines à peine après le blanchissement, les coraux étaient déjà morts et recouverts d'algues, comme s'ils l'étaient depuis des années", raconte Richard Vevers au site Mashable. Or, si les récifs ne représentent que 0,1% du sol sous-marin, ils abritent environ 25% de la totalité des espèces marines. La bonne santé des coraux est donc cruciale pour la survie de l'écosystème marin.
“C'était une vision extrêmement perturbante, suivie d'une affreuse odeur quand nous sommes sortis de l'eau, l'odeur de chair animale pourrie. Une expérience que nous n'oublierons jamais", poursuit Richard Vevers.
"Nous espérons ne plus jamais avoir à témoigner d'une situation semblable. Mais nous savons que ce sera inévitable. L'océan devrait encore se réchauffer au moins pendant les deux prochaines décennies à cause des émissions de carbone déjà rependues dans l'atmosphère. Le changement climatique est bien réel et dangereux, c'est maintenant ou jamais qu'il faut agir si on veut protéger les coraux", avertit Richard Vevers.
Un million de touristes en moins chaque année ?
Outre les conséquences dramatiques pour l'écosystème, ce blanchissement de la Grande barrière de corail laisse entrevoir des impacts majeurs pour l'économie touristique de la région. Selon une étude publiée mardi 21 juin, le site classé au patrimoine de l'Humanité pourrait perdre plus d'un million de visiteurs chaque année. Au total, un milliard de dollars australiens (657 millions d'euros) de revenus liés au tourisme pourraient ainsi être perdus, de même que 10 000 emplois dans l'Etat du Queensland.
Conclusion de l'Australian Institute, le cabinet de recherches indépendant auteur de cette étude : "La persistance du blanchissement pourrait non seulement avoir des conséquences pour le statut du récif en tant que première destination touristique internationale de l'Australie, mais également sur l'identité de l'Australie comme destination touristique internationale".
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