Régionales : les candidats PS ne profitent pas de la popularité de François Hollande
Si le président de la République remonte dans les sondages, après les attentats, les socialistes sont quand même donnés perdants aux prochaines élections.
Un président en net regain de popularité, mais des candidats PS aux élections régionales qui stagnent dans les sondages. Traumatisée par les attentats qui ont ensanglanté Paris dans la soirée du 13 novembre, l'opinion semble faire le distinguo entre, d'un côté, les mesures immédiates prises par François Hollande, et de l'autre, la couleur du bulletin qu'ils glisseront dans l'urne le 6 décembre.
Le baromètre Ipsos-Le Point, publié mardi 24 novembre, enregistre un bond de 17 points de la popularité du chef de l'Etat par rapport au mois dernier. Son action recueille désormais 41% d'opinions favorables, un niveau jamais atteint depuis novembre 2012. Une forte hausse de la popularité du président est également constatée par l'Ifop (+12 points) ou encore par Odoxa (+10 points). En conclusion de son étude, ce dernier institut prévient : "Attention aux conclusions hâtives de ces succès et insuccès 'd'estime' dans l'opinion. Ils n'ont souvent aucun rapport avec l’impact observé sur le vote aux élections."
Le PS progresse légèrement, mais moins que le FN
Les candidats socialistes aux régionales en savent quelque chose. Pour le moment, ils ne profitent pas vraiment de cette "embellie", selon les sondages publiés après les attentats. Christophe Castaner (Paca) ou Pierre de Saintignon (Nord-Pas-de-Calais-Picardie) restent scotchés à une inconfortable troisième position derrière le Front national et la droite. En Ile-de-France, Claude Bartolone ne parvient pas à combler l'écart qui le sépare de Valérie Pécresse. En Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes, Alain Rousset, grandissime favori, voit revenir dangereusement sa concurrente des Républicains, Virginie Calmels.
Contacté par francetv info, le sondeur Frédéric Dabi, de l'institut Ifop, note certes une "légère progression" du Parti socialiste dans quelques régions, mais surtout au détriment de ses possibles alliés de second tour (Europe Ecologie-Les Verts, Front de gauche), alors que le FN enregistre "une nouvelle poussée" après ces attentats.
La même situation qu'après "Charlie Hebdo" ?
Ce décalage entre l'image du président qui s'améliore et la stagnation du PS dans les intentions de vote "n'est pas vraiment une surprise", selon l'éditorialiste Alain Duhamel. "C'est exactement ce qui s'est passé en janvier", note-t-il sur RTL. Après les attentats contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher, le rebond de François Hollande n'avait pas empêché, moins de trois mois plus tard, la déroute de son camp aux élections départementales.
Cette fois-ci, les événements se télescopent beaucoup plus vite. "Les gens ne sont peut-être pas encore dans le temps des régionales. Tout le monde est un peu paumé et inquiet. Sur le terrain, on ressent un fort besoin de dialogue et de parole", observe auprès de francetv info Marie-Pierre de la Gontrie, tête de liste parisienne du PS, dont la campagne est suspendue jusqu'à samedi en signe de deuil.
Les attentats pourraient n'influencer que 7% des votants
Comment réagiront les électeurs ? C'est la question que tout le monde se pose dans les états-majors des partis politiques, mais à laquelle personne n'ose répondre ouvertement. Par pudeur ou par refus de spéculer sur l'imprévisible. La question du décalage entre la popularité de François Hollande et les scores promis aux candidats socialistes "n'a aucun sens", assure Christophe Borgel, secrétaire national du PS, "car les sondages d'intentions de vote ne veulent rien dire à ce stade".
Pour le moment, les Français s'interrogent sur les conséquences des attentats pour leur vie, pas pour leur vote.
Pourtant, à en croire un sondage TNS Sofres publié mercredi, les Français semblent plutôt arrêtés sur leurs choix. Les attentats de Paris pourraient n'avoir presque aucune influence sur leur vote aux régionales. Seuls 7% d'entre eux disent avoir changé d'avis à cause des attentats.
Pour 58%, cela n'a rien changé et 35% affirment avoir été confirmés dans leur choix. Certains sondeurs eux-mêmes restent extrêmement prudents. "La période est beaucoup trop troublée pour pouvoir tirer des conclusions définitives", affirme Frédéric Dabi.
Pour ce scrutin, la cristallisation du vote pourrait intervenir très tard, voire dans les derniers jours.
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