Larcher, Raffarin ou Marini : qui présidera le Sénat ?
Les trois hommes seront départagés mardi par un scrutin interne au groupe UMP. Une confrontation identique à celle de 2008, qui avait tourné à l'avantage de Gérard Larcher.
Qui va accéder au "plateau", l'équivalent au Sénat du "perchoir" de l'Assemblée nationale ? Une chose est sûre : le nouveau président de la chambre haute, qui sera élu mercredi 1er octobre, sera issu de l'UMP, devenu dimanche le groupe politique le plus important de l'hémicycle. Son identité devrait être connue dès mardi, à l'issue d'un scrutin interne au groupe UMP qui départagera, à bulletins secrets, les trois candidats déclarés : Jean-Pierre Raffarin, Gérard Larcher et Philippe Marini.
Cette compétition est le parfait remake de l'édition 2008, qui avait mis aux prises les trois mêmes candidats. Il y a six ans, Gérard Larcher avait accédé au plateau après avoir survolé le vote interne, dès le premier tour, avec 78 voix sur 151, contre 56 pour Jean-Pierre Raffarin et 17 pour Philippe Marini. Cette année, les sénateurs UMP interrogés par francetv info se disent incapables de pronostiquer qui de Jean-Pierre Raffarin ou de Gérard Larcher l'emportera, Philippe Marini faisant figure d'outsider. Francetv info passe au crible les forces et les faiblesses de chacun des trois hommes, et leurs chances de gagner.
Gérard Larcher, l'expérimenté
Son point fort : il a déjà occupé le poste. Président du Sénat de 2008 à 2011, Gérard Larcher a laissé un bon souvenir au palais du Luxembourg. "Lors de sa présidence, il a beaucoup lutté contre l'absentéisme et œuvré pour une meilleure transparence, notamment en ce qui concerne la réserve parlementaire", reconnaît un sénateur qui ne votera pourtant pas pour lui. "Larcher est un pur produit du Sénat, poursuit un autre. Il apparaît comme le garant de l'indépendance de la Haute Assemblée vis-à-vis des dirigeants de l'UMP ou des présidentiables."
Son point faible : un poids politique inférieur à celui de Raffarin. A l'heure où l'existence même du Sénat est remise en cause, notamment à gauche, les sénateurs pourraient être tentés d'opter pour un candidat plus médiatique. Un sénateur UMP du nord de la France démontre l'importance d'élire une personnalité de poids en dressant un parallèle avec le président socialiste sortant : "Malgré toute l'estime que j'ai pour Jean-Pierre Bel, le Sénat a souffert ces trois dernières années du fait que son président ne pesait pas suffisamment dans son propre camp."
Ses chances de victoire : 45%. "Autant la dernière fois j'avais prévu la victoire de Larcher, autant cette fois, je ne sais pas du tout ce qu'il va se passer", confie une sénatrice francilienne. "Ça se jouera à trois ou quatre voix près entre Larcher et Raffarin", estime l'un de ses collègues. Depuis 2008, de l'eau a coulé sous les ponts. Identifié comme filloniste, le sénateur des Yvelines pourrait pâtir de l'engouement suscité à droite par le retour de Nicolas Sarkozy, tandis que François Fillon semble marginalisé.
Ce qu'il veut faire du Sénat. Gérard Larcher entend "construire un contre-pilier institutionnel représentant l'opposition face à l'exécutif et à sa majorité à l'Assemblée nationale", mais sans entrer en "opposition frontale" avec le gouvernement. Le nouveau Sénat devra certes "préparer une majorité d'alternance" pour 2017, mais aussi entamer un dialogue avec l'exécutif, plaide-t-il.
Jean-Pierre Raffarin, le tacticien
Son point fort : une forte présence médiatique. Pour redonner du lustre à une institution décriée pour son inutilité et son côté poussiéreux, quoi de mieux qu'un représentant habitué aux plateaux télé ? De plus, l'ancien président de la région Poitou-Charentes, fervent partisan de la décentralisation, semble mieux placé que son concurrent pour s'opposer efficacement à la réforme territoriale proposée par le gouvernement.
Son point faible : une image de perdant. Jean-Pierre Raffarin tente à nouveau sa chance malgré le cuisant échec de 2008. En 2011, l'ancien Premier ministre avait menacé de se porter candidat à la présidence du groupe UMP face à Jean-Claude Gaudin, mais s'était ravisé après l'obtention d'un poste de vice-président du Sénat. Ce côté tacticien du sénateur de la Vienne n'est pas forcément pour plaire à ses collègues, qui préfèrent la discrétion aux ambitions personnelles.
Ses chances de victoire : 45%. En sous-entendant être l'homme de Nicolas Sarkozy à la présidence du Sénat, Jean-Pierre Raffarin espère peut-être donner tort à ceux qui lui prédisent le même destin qu'en 2008. Reste à savoir si cette proximité affichée saura convaincre les sénateurs, qui avaient largement soutenu François Fillon au moment de son affrontement avec Jean-François Copé, fin 2012.
Ce qu'il veut faire du Sénat. Contrairement à son principal adversaire, Jean-Pierre Raffarin ne parle pas de "dialogue" avec l'exécutif, mais veut insuffler "un vrai sursaut", considérant que "l'avenir du Sénat passe par un rapport de force républicain avec le président de la République". "Je crois que j'ai la capacité de résistance parce que je connais bien l'Etat de l'intérieur et que je crois pouvoir avoir la force d'être quelqu'un qui portera le Sénat haut", explique-t-il.
Philippe Marini, l'outsider
Son point fort : une grande connaissance de l'institution. Philippe Marini, 64 ans, a pour lui de connaître sur le bout des doigts les arcanes du Sénat. Il y est élu sans discontinuer depuis 1992 et il est le président sortant de la commission des Finances. Dans ce domaine, ses compétences sont reconnues par ses pairs.
Son point faible : son manque de notoriété. Peu connu du grand public, le sénateur de l'Oise n'est pas un poids lourd de son parti. A l'inverse de ses deux rivaux, il n'a jamais exercé de fonction gouvernementale.
Ses chances de victoire : 10%. "Il n'y a pas trois candidats, il y en a deux, tranche un sénateur. Marini fera un score d'estime. Il est surtout candidat pour peser sur sa reconduction à la tête de la commission des Finances", décrypte-t-il. Au mieux Marini pourra-t-il tenter de jouer les arbitres en cas de second tour.
Ce qu'il veut faire du Sénat. Dans un programme publié sur internet, Philippe Marini s'engage à "travailler efficacement à une rénovation du Sénat dans ses procédures pour qu'il joue tout son rôle". Ainsi promet-il de "sortir le Sénat de ses murs" en visitant deux départements par mois pour en faire "émerger les idées". En revanche, il se positionne clairement contre le non-cumul des mandats, qu'il souhaiterait remettre en cause.
Commentaires
Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.