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Régionales : l'abstention est liée à une défiance envers la politique et un manque d'informations, selon notre sondage

La moitié des abstentionnistes interrogés expliquent leur "non-vote" par un manque d'intérêt ou une défiance envers la politique.

Article rédigé par franceinfo
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Depouillement dans un bureau de vote du Pré-Saint-Gervais (93) pour le premier tour des élections régionales et départementales le 20 juin 2021. (MYRIAM TIRLER / HANS LUCAS)

L’abstention de dimanche 20 juin s’explique avant tout par une défiance massive à l’égard de la chose politique mais aussi par un manque de disponibilité ce jour-là et, dans une moindre mesure, par un manque d'informations, d'après le sondage Odoxa-Backbone consulting pour Le Figaro et franceinfo publié jeudi 24 juin. Les trois quarts des Français estiment que l'abstention record pour le premier tour des élections régionales est "inquiétante pour notre démocratie".

La moitié des abstentionnistes interrogés (50 %) expliquent leur "non-vote" par un manque d'intérêt ou une défiance envers la politique. Parmi ces non-votants, 17 % estimaient que voter aux régionales "ne servait à rien", 13 % pensaient que "l’offre politique proposée dans leur région ne leur convenait pas", et plus globalement 24 % des sondés expliquent que "la politique en général ne les intéressent pas".

Les problèmes de distribution des professions de foi ont eu un effet réel

Par ailleurs, "une partie non négligeable de la sur-abstention s’explique par un défaut d’information sur ce scrutin", cité par 16 % des abstentionnistes sondés. Dans le détail, 5 % affirment qu'ils ne "savaient pas que le premier tour des élections avait lieu ce jour-là ou l’ont réalisé trop tard", et 12 % expliquent leur abstention "parce qu’ils n’ont pas reçu les informations pratiques leur permettant d’aller voter (programmes, listes en présence, modalités du vote)". Cela fait "écho aux nombreux bugs reconnus dans l’acheminement des professions de foi et autres documents relatifs au vote qui ne sont jamais parvenus dans les boîtes aux lettres de nombreux Français", pointe l'étude, qui souligne que la différence de participation entre les régionales de 2015 et celles de 2021 est justement de 16 points.

Un troisième argument apparaît dans cette étude : 41 % des abstentionnistes expliquent qu’ils étaient tout simplement "indisponibles ce jour-là", sans précision sur la raison exacte.

Qui sont les principaux responsables de ce niveau élevé d’abstention ? A cette question, 60 % des Français interrogés (votants et non-votants) répondent "les partis politiques et les candidats, qui n’ont pas su intéresser les électeurs à ces élections". Cette réponse est même donnée par 65 % des abstentionnistes de dimanche 20 juin. Le deuxième responsable, cité par 37 % des sondés, est "Emmanuel Macron, qui a voulu se servir de ces régionales pour sa campagne présidentielle (alliances, envoi de ministres en campagne, tour de France…)". En outre, 30 % des sondés pointent la responsabilité des "citoyens eux-mêmes qui ont manqué de civisme", et 20 % désignent "le gouvernement qui n’a pas assez bien informé les Français sur ces élections".

Une abstention jugée inquiétante ... y compris par les abstentionnistes eux-mêmes

Quelle qu’en soit la cause, cette abstention record préoccupe les sondés. Neuf Français sur dix considèrent que c’est "révélateur d’une rupture entre les citoyens et la vie politique" (91 %) et que cela doit être considéré "comme un signal d’alarme" (86 %) pour notre pays. Pour 73 % des Français, ce niveau d’abstention est même quelque chose "d’inquiétant pour notre démocratie".

L'étude souligne la position paradoxale des abstentionnistes qui témoignent quasiment du même niveau d'inquiétude que les votants. Ils sont 90 % à parler d’une "rupture entre les citoyens et la vie politique", 84 % à penser que c’est un "signal d’alarme", et 65 % à considérer que ce niveau d'abstention constitue quelque chose "d’inquiétant pour notre démocratie". "Tout se passe comme si chaque abstentionniste estimait avoir de bonnes raisons de s’abstenir, mais s’alarmait ou s’indignait que d’autres fassent comme lui/elle", commente l'étude.

Cette enquête Odoxa-Backbone Consulting a été réalisée auprès d’un échantillon de 1 005 Français interrogés par internet les 23 et 24 juin 2021, représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus (méthode des quotas). La marge d’erreur des résultats d’ensemble s’établit, selon le score visé, entre plus ou moins 1,4 et 3,1 points.

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