Quatre preuves que la primaire a déjà commencé à droite
Après ce résultat décevant, la campagne pour la primaire de la droite semble bel et bien lancée.
Loin de la vague bleue espérée, la droite a remporté sept régions dimanche au second tour des élections régionales. Une performance modeste, d'autant que deux d'entre elles ont été remportées grâce au désistement du PS. Et même décevante, alors que Les Républicains étaient pourtant alliés aux centristes de l'UDI et du MoDem (sauf en Bourgogne).
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Alors que Nicolas Sarkozy considérait ces régionales comme une "étape vers l'alternance" en 2017, les résultats ont relancé le débat autour du "ni-ni" et de l'abandon du front républicain. Pire, ils ont réveillé les hostilités au sein du parti, à moins d'un an de la primaire en vue de la présidentielle, prévue les 20 et 27 novembre 2016.
Nicolas Sarkozy critiqué après cette non-victoire
Généralement, les élections intermédiaires sont favorables aux partis d'opposition. Pourtant, Les Républicains n'ont pas obtenu de "vague bleue". La principale critique a été adressée par Nathalie Kosciusko-Morizet, la numéro deux du parti, opposée au "ni PS ni FN" prôné par Nicolas Sarkozy : "Si les électeurs avaient appliqué le ni-ni, nos candidats dans le Nord-Pas-de-Calais et en région Paca auraient été battus". Le président des Républicains n'a guère apprécié : "N'oublie pas quand tu vas sur les plateaux télé que, tant que tu es chez Les Républicains, tu dois défendre la ligne majoritaire du parti."
Après le premier tour, déjà, le député LR Hervé Mariton avait relevé "l’échec de Nicolas Sarkozy", selon Le Monde. Il n'est "pas crédible comme représentant d’alternance après avoir échoué en 2012". Quant à Eric Woerth, pourtant l'un des soutiens de l'ancien président, il estime qu'il n'y a "pas de leader officiel, légitime, qui porte les couleurs officielles de l’ensemble du parti". Ambiance.
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Le débat entre droitiers et modérés est ouvert
Après ces résultats en demi-teinte, c'est le projet du parti tout entier qui fait l'objet de divergences. Parfois accusé de mener le parti trop à droite, Nicolas Sarkozy s'était déjà déclaré "pour l'adoption d'un projet politique extrêmement fort, ce qui ne veut pas dire radical", avant le second tour. Avant d'offrir quelques gages à son aile modérée : "Je continuerai de plaider pour l'union avec les centristes et pour le refus de toute alliance avec le Front national."
Mais le sénateur Jean-Pierre Raffarin semble mal digérer la ligne en vigueur dans le parti. "Courir après le FN, ce n'est pas une bonne stratégie, dénonce-t-il lundi sur BFMTV. Il faut travailler avec le gouvernement, car le FN est un adversaire commun."
Les ténors du parti déjà tournés vers 2016, voire 2017
Alain Juppé a joué la carte du rassemblement, dès l'annonce des résultats, dimanche soir. "Ne nous lançons pas dans un débat vain pour savoir si notre positionnement était trop à droite ou pas assez, trop au centre ou pas assez." La suite s'apparente à un véritable discours de présidentiable : "Il faut donc que la France ait une autre politique économique, une autre politique fiscale, une autre politique pénale et de sécurité, une autre politique de santé, une autre politique d'immigration, une autre politique d'éducation". Cela tombe bien, l'ancien ministre est candidat déclaré à la primaire de la droite.
François Fillon a lui aussi joué la carte du rassemblement, sans oublier, toutefois, d'adresser une pique à Nicolas Sarkozy. "La colère s'étendra tant qu'on ne proposera pas aux Français un projet puissant et crédible." La suite ? "Je propose un projet pour faire gagner la France et, dès demain, je repars au combat." Difficile d'être plus clair sur ses ambitions.
Enfin, pour Bruno Le Maire, les Français attendent "une autre politique" et "des visages nouveaux, y compris à droite" – y compris lui ?
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Des voix réclament que la date de la primaire soit avancée
Pour éviter d'étaler ces dissensions trop longtemps, certains cadres des Républicains souhaitent donc avancer la date de la primaire. "S’il y a une possibilité d’avancer [ce calendrier], et que cette position est consensuelle, je crois que c’est un débat qui mérite d’être posé", indiquait le chef de file des députés LR, Christian Jacob, interrogé par Le Monde avant le second tour. La proposition est qualifiée de "bonne chose" par Luc Chatel, lundi sur Europe 1.
Attentif au feu qui couve, Nicolas Sarkozy a annoncé un Conseil national sur la ligne de parti, "début février", pour que "chacun dise le plus librement, le plus fortement et le plus sereinement possible ce que doit être la ligne de ce projet".
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