INFO FRANCETV INFO. Wallerand de Saint Just, tête de liste du FN en Ile-de-France, épinglé pour son absentéisme au conseil régional de Picardie
Entre 2010 et 2015, le frontiste Wallerand de Saint Just était l'élu le moins assidu du conseil régional de Picardie. Selon nos informations, ses absences à répétition lui ont valu au moins 22 800 euros de pénalités.
Wallerand de Saint Just rêve d'Ile-de-France. Candidat du Front national dans la région, celui qui est aussi le trésorier du parti de Marine Le Pen est crédité de la troisième place au second tour, avec 25% des intentions de vote, selon un sondage publié jeudi 26 novembre. Mais, avant de se lancer dans cette compétition francilienne, le frontiste siégeait au conseil régional de Picardie. Et, d'après notre enquête, Wallerand de Saint Just a été l'élu le moins présent de la région entre 2010 et 2015. Un manque d'assiduité qui, selon nos informations, lui a valu de fortes pénalités financières.
Au moins 22 800 euros de retenues sur salaire
Convoqué à 60 séances plénières sur cinq ans, il n'a été présent que la moitié du temps. En prenant en compte les commissions permanentes, son taux de présence plonge à 46%. "C’est tout bonnement scandaleux. En commission non plus, il n’est jamais là", s’insurge Sandrine Cassol, la présidente de la commission économique, celle où siège Wallerand de Saint Just.
Nous sommes des élus de la République, il faut assumer notre mandat. Nous touchons de l'argent pour ça !
En tant que membre de la commission permanente, Wallerand de Saint Just est indemnisé à hauteur de 2 090 euros bruts mensuels. Mais le règlement du conseil régional de Picardie – comme celui de plusieurs autres régions – prévoit des retenues sur les indemnités des élus trop souvent absents. Selon nos informations, Wallerand de Saint Just a ainsi écopé d'une pénalité financière s'élevant à au moins 22 800 euros sur l'ensemble du mandat. Interrogé par francetv info, l'élu frontiste a confirmé avoir été pénalisé, mais a refusé d'en dire plus sur le montant de la sanction.
"Ne tirez pas sur les ambulances"
Mais où était Wallerand de Saint Just ? Maintes fois discutée dans l’assemblée d’Amiens, la question a donné lieu à des échanges plutôt cocasses entre les élus. Exemple avec cet extrait de procès-verbal de la séance budgétaire du 19 décembre 2013, qui tombe en pleine campagne municipale. A l’époque, Wallerand de Saint Just était le candidat du FN à la mairie de Paris.
"C’est mon rôle, en tant que président de groupe, de prendre la défense de nos élus, même si c’est assez paradoxal quand on parle d’un avocat comme Wallerand", plaisante aujourd'hui Michel Guiniot, le chef de file du FN au conseil régional de Picardie, interrogé par francetv info. Spécialiste du droit pénal et du droit de la presse, Wallerand de Saint Just a effectivement passé de nombreuses heures sur les bancs des cours parisiennes à défendre le Front national.
"J'ai été très occupé pendant le dernier mandat"
Interrogé par les journalistes de "l'Œil du 20h" de France 2, Wallerand de Saint Just avoue avoir été "très occupé pendant le dernier mandat". "J’ai eu une activité professionnelle tellement prenante que j’ai été assez absent. Mais, contrairement à d’autres, je ne suis pas un professionnel de la politique", se justifie-t-il.
Peu connu du grand public, "WSJ" est pourtant l'un des piliers du Front national. Adhérent depuis 1987, il a fait l’ensemble de sa carrière politique dans les circuits picards. En 1992, il se présente aux élections régionales dans l'Aisne, et brigue un mandat qu’il conserve jusqu’en 2004. Nommé trésorier du parti, il intègre le bureau exécutif du FN. Après un échec aux élections européennes, il récupère en 2010 son mandat régional en Picardie.
Quand le FN picard publiait les statistiques de présence
sur son blog...
A l'époque, pendant la campagne, le FN picard s'engage justement à rendre des comptes sur l'assiduité des conseillers régionaux. Conformément à sa promesse, Michel Guiniot publie alors sur son blog les statistiques de présence des conseillers régionaux (capture d'écran ci-dessous). Début 2012, Wallerand de Saint Just apparaît déjà en dernière place du classement, avec 15 absences. Depuis ces résultats, le chef de file du FN en Picardie a arrêté de mettre à jour ces statistiques...
Mauvaise publicité pour le FN dans la nouvelle région Nord-Pas-de-Calais-Picardie, où Marine Le Pen est donnée gagnante par tous les sondages. "Au moment où nous avons établi les listes, Marine Le Pen a demandé à l'ensemble de ses colistiers de signer une charte leur demandant d'être assidu aux commissions et aux plénières", tient aujourd'hui à souligner Sébastien Chenu, le candidat qui reprend la tête de liste du parti dans la Somme.
"Le FN, un parti qui pratique massivement le parachutage"
“Le Front national est un parti qui se réclame beaucoup de la proximité, mais qui pratique massivement le parachutage", accuse Laurence Rossignol, élue en Picardie et secrétaire d’Etat à la Famille, interrogée par francetv info.
Wallerand de Saint Just, on ne sait pas vraiment s’il vient d'être parachuté en Ile-de-France, ou s’il a plutôt été parachuté en Picardie il y a longtemps !
Des accusations que déplore l'intéressé : "Mon domicile légal a toujours été à Paris. Mais je suis picard et artésien des deux côtés de ma famille. J’ai un appartement à Soissons (Aisne) et une résidence secondaire dans la Somme." Pour être conseiller régional, pas besoin de résider de façon permanente dans la région. Une simple adresse, même secondaire, suffit pour s'inscrire sur les listes.
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