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"Son programme coche toutes les cases de l'UDI" : à la rencontre des jeunes centristes ralliés à Emmanuel Macron

Après la victoire de François Fillon à la primaire de la droite, 130 jeunes cadres et militants centristes de l'UDI se sont officiellement ralliés à Emmanuel Macron. Certains sont venus assister au meeting parisien du candidat, samedi. Nous les avons rencontrés.

Article rédigé par Sophie Brunn
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Des partisans d'Emmanuel Macron assistent à un meeting de leur candidat, le 10 décembre 2016 à Paris. (KAMIL ZIHNIOGLU / AP / SIPA)

Ils ne sont pour l'instant que quelques dizaines, mais ils ont droit à une place de choix. Venus assister au grand meeting d'Emmanuel Macron à Paris, samedi 10 décembre, de jeunes militants de l'UDI ont pu prendre place dans le carré des invités, juste au pied de la scène. Un peu plus loin, d'autres n'ont pas hésité à revêtir leur nouvel uniforme, arborant des T-shirts floqués du logo d'En marche !, le mouvement lancé par l'ancien ministre de l'Economie. Après le discours fleuve de leur nouveau champion, tous semblent en tout cas se sentir confortés dans leur décision de rallier un candidat qu'ils jugent "progressiste".

A l'UDI, "c'est vraiment la carotte et le bâton"

Pourtant, depuis qu'ils ont rendu leur choix public, ces jeunes centristes de l'UDI, qui auraient dû rallier François Fillon après la défaite de leur favori Alain Juppé, ont tout entendu dans leur formation politique d'origine. Au point d'être suspendus, et de faire désormais l'objet d'une procédure d'exclusion, sur laquelle le parti dirigé par Jean-Christophe Lagarde doit statuer en janvier. 

D'ici là, l'UDI redouble d'efforts pour tenter de faire revenir ces jeunes militants au bercail : les instances nationales n'ont pas hésité à appeler la quasi-totalité des 130 signataires de l'appel à rallier Emmanuel Macron. "C'est vraiment la carotte et le bâton", témoigne ce responsable départemental, qui préfère rester anonyme quand il évoque ces pressions.

On m'a dit : 'C'est tellement dommage, un tel gâchis pour une carrière si prometteuse. On sera obligés de sévir'...

Un responsable fédéral des Jeunes UDI

à franceinfo

Un autre responsable rapporte les multiples coups de fil pour l'inciter à faire marche arrière : "C'est une erreur de jeunesse, tu te trompes de camp. Tu es passé à gauche. Tu fais du mal à notre parti..." Mais à les entendre, ces pressions auraient été contre-productives : ils étaient initialement 130 à signer l'appel, ils seraient aujourd'hui plus de 250. Ces nouveaux ralliés assurent qu'au-delà des Jeunes UDI, de nombreux élus locaux songent sérieusement à les rejoindre. Ce serait même le cas de certains candidats aux législatives.

"Je ne me reconnais pas dans le libéralisme de douleur que propose Fillon"

"Après six ans de militantisme au centre, cela fait un peu de peine, témoigne Hugo Oillic, président des Jeunes UDI de Loire-Atlantique. Mais je me sens 'droit dans mes bottes', c'est moi qui suis en conformité avec nos valeurs. Le programme de Macron coche toutes les cases de l'UDI."

Pour beaucoup de ces jeunes militants de centre-droit, c'est la désignation à la primaire de la droite de François Fillon qui les a poussés à se tourner vers Emmanuel Macron.

J'ai beaucoup plus de points communs avec les progressistes 'de gauche' qu'avec Sens commun ou la Droite forte.

Jonathan Blum, secrétaire général des Jeunes UDI

à franceinfo

"Je suis libéral, mais je ne me reconnais pas dans le libéralisme de douleur que propose Fillon, qui n'est même pas efficace, dit Guillaume Auffret, président des Jeunes UDI de Paris. Sur l'Europe, la décentralisation, une certaine forme de libéralisme qui n'abandonne pas le versant social, je suis en phase avec le programme d'En marche ! et cela fait plaisir."

Pour expliquer son choix, Stanislas, qui milite dans le Val-d'Oise, évoque aussi la personnalité d'Emmanuel Macron, et "ce qu'il incarne, son ouverture d'esprit". "Sur le mariage pour tous, la laïcité, l'IVG, je sais que Macron est au clair. Et l'Europe, c'est le seul à en parler." Il est vrai que lors du meeting de samedi, l'ancien ministre de l'Economie a consacré un quart d'heure à la question européenne. Il a même fait se lever la salle et agiter des drapeaux européens sur cette thématique. Rien de tel dans les meetings de la primaire de la droite, alors que l'Europe est pour les centristes un enjeu majeur.

"C'est plutôt des gens contre qui on avait l'habitude de faire campagne !"

Depuis qu'ils ont rallié Emmanuel Macron, ces jeunes centristes ont commencé à travailler avec les "marcheurs", pour la plupart des novices en politique ou des sympathisants socialistes. "C'est un peu surprenant au départ. C'est plutôt des gens contre qui on avait l'habitude de faire campagne, sourit Guillaume Auffrey. Mais finalement c'est assez plaisant, on participe à quelque chose de neuf, et on est au clair sur nos idées."

Aller coller des affiches avec ses anciens adversaires, cela ne pose pas non plus de problème à Hugo Oillic.

Macron ratisse large, de Juppé à Valls. Je suis fier de dépasser ce clivage, c'est un rêve du centre depuis Valéry Giscard d'Estaing, et là on a enfin quelqu'un de jeune pour porter ça

Hugo Oillic, président des Jeunes UDI de Loire-Atlantique

à franceinfo

Le credo d'Emmanuel Macron, qui revendique un positionnement "de droite et de gauche", est tout à fait parlant pour Jonathan Blum : "Le nouveau clivage, par exemple sur l'Europe, c'est entre les souverainistes et ceux qui veulent davantage d'Europe, ce n'est pas entre droite et gaucheLa recomposition du paysage politique est en train de se faire, c'est Emmanuel Macron qui la mène."

Après une première rencontre avec Emmanuel Macron mercredi 8 décembre, à laquelle assistaient quelque 250 militants centristes, ces jeunes de l'UDI espèrent désormais "montrer l'exemple et ouvrir la voie" à leurs aînés. Ils s'apprêtent à lancer un collectif, Au centre avec Macron, pour coordonner leur action dans la campagne, et susciter de nouveaux ralliements.

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