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Présidentielle 2022 : communicants, stratèges, ministres potentiels... Qui entoure Marine Le Pen durant sa campagne ?

Malgré les défections d'élus RN au profit d'Eric Zemmour avant le premier tour, Marine Le Pen s'est entourée, pour sa troisième campagne présidentielle, d'une équipe de professionnels de la politique et de la communication en grande partie renouvelée.

Article rédigé par Antoine Comte
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 9min
Jordan Bardella et Marine le Pen, le 5 février 2022, à Reims. (STEPHANE DE SAKUTIN / AFP)

Derrière Marine Le Pen, qui gouvernerait la France en cas de victoire ? Pour sa troisième candidature présidentielle, Marine Le Pen s'appuie sur une équipe de campagne très largement renouvelée par rapport à 2017. La présidente du RN (qui s'est mise en retrait de cette fonction le temps de la campagne) a fait appel cette fois-ci à des conseillers et à des stratèges plus technocratiques et moins politiquement radicaux qu'il y a cinq ans. Des choix qui trouvent leur écho dans la stratégie de dédiabolisation poursuivie depuis plusieurs années.

La garde rapprochée de Marine Le Pen, essentiellement masculine, se compose d'élus fidèles, mais aussi d'élus parfois plus jeunes et devenus en quelques années des figures du nouveau Rassemblement national, comme Jordan Bardella ou Sébastien Chenu. A seulement quelques jours du second tour de l'élection présidentielle, plongée dans la galaxie Le Pen version 2022.

Philippe Olivier, la tête pensante

L'eurodéputé Philippe Olivier, le 9 octobre 2020 lors d'une conférence de presse à Nanterre (Hauts-de-Seine). (MAXPPP)

Il est le plus proche conseiller de Marine Le Pen. Considéré comme le principal artisan de la dédiabolisation de la candidate, cet homme de l'ombre, qui a rejoint le Rassemblement national en 2015, est le directeur de la cellule "Idées et images" du parti. Philippe Olivier fait partie de ceux qui ont convaincu la finaliste du scrutin présidentiel d'adoucir ses positions les plus radicales et de changer le nom du parti.

"Philippe nous a vraiment permis d'entrer dans une autre dimension. La dédiabolisation, c'est vraiment lui", assure un cadre du RN. Marié à Marie-Caroline Le Pen, la grande sœur de la candidate, il est aussi le père de Nolwenn Olivier, l'actuelle compagne de Jordan Bardella. En 1998, il avait pris ses distances avec Jean-Marie Le Pen et avait rejoint Bruno Mégret, puis Philippe de Villiers et Nicolas Dupont-Aignan. Philippe Olivier est finalement rentré au bercail pour devenir l'éminence grise de la campagne.

Marie-Caroline Le Pen, l'organisatrice

Marie-Caroline Le Pen, sœur de Marine Le Pen, le 26 janvier 2022, à Paris. (MAXPPP)

Dans cette campagne, la grande sœur de Marine Le Pen est chargée de l'organisation de ses déplacements. Elle veille également à ce que l'agenda de la candidate ne soit pas trop chargé pour que cette dernière puisse avoir des temps de repos, contrairement à la campagne de 2017. A 62 ans, l'ancienne conseillère régionale d'Ile-de-France qui avait suivi son mari, Philippe Olivier, dans l'éphémère aventure présidentielle de Bruno Mégret à la fin des années 1990, a finalement choisi de revenir aux sources familiales. Salariée de la campagne, celle que sa sœur appelle "Caro", a toujours préféré rester dans l'ombre de sa sœur et de son destin présidentiel.

Christophe Bay, le grand artificier

Christophe Bay, le 3 juillet 2021, lors du congrès du RN à Perpignan (Pyrénées-Orientales). (ALAIN ROBERT / SIPA)

C'est un nouveau visage dans l'entourage de Marine Le Pen. Cet ancien préfet de l'Aube et de la Dordogne a succédé à David Rachline au poste de directeur de campagne. Ancien directeur de cabinet adjoint de Brice Hortefeux au ministère de l'Intérieur il y a une douzaine d'années, Christophe Bay est chargé de planifier les temps forts de la campagne de la candidate, mais aussi de faire le ménage dans les rangs comme à l'extérieur du parti. "C'est vraiment un grand professionnel qui nous aide beaucoup dans cette campagne. Nous sommes montés en gamme grâce à lui par rapport à 2017", confie à franceinfo un cadre du RN.

La candidate n'a pas hésité à faire appel à cet énarque connu pourtant pour son caractère "colérique" et "son train de vie dispendieux", comme le raconte Le Monde dans un portrait. En 2016, une enquête administrative a relevé que le budget de fonctionnement de la résidence du préfet de la Dordogne avait explosé de 94%, et épinglé des notes de restaurant dépassant 4 000 euros sur un an. A la suite de cette affaire, la gauche au pouvoir avait mis fin aux fonctions de Christophe Bay.

Jean-Philippe Tanguy, le bras droit

Jean-Philippe Tanguy, lors d'une conférence de presse sur le chiffrage du programme présidentiel de Marine Le Pen, le 23 mars 2022, à Paris. (MAXPPP)

Ancien numéro deux de Nicolas Dupont-Aignan à Debout la France, Jean-Philippe Tanguy est aujourd'hui le directeur de campagne adjoint de la candidate du RN. Il s'est rapproché de Marine Le Pen lors des négociations de l'entre-deux-tours de la présidentielle 2017, entre son ancien patron et la finaliste du scrutin.

A 36 ans, Jean-Philippe Tanguy est aujourd'hui en charge des éléments programmatiques, mais aussi des campagnes de communication comme "Marine, femme d'Etat", un slogan qu'on peut voir sur les affiches de la candidate depuis le mois de février. Un profil résolument plus "technocrate" et beaucoup moins marqué politiquement. Tout comme celui du directeur de cabinet de Marine Le Pen, Renaud Labaye, un ancien diplômé de Saint-Cyr et HEC.

Caroline Parmentier, la communicante

Caroline Parmentier, attachée presse de Marine Le Pen et conseillère régionale d’Ile-de-France, lors d'un déplacement à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), le 16 avril 2022. (THIBAULT CAMUS / AP / SIPA)

C'est l'autre figure féminine importante de la campagne avec Marie-Caroline Le Pen et Florence Goulet, en charge de tous les déplacements de la candidate. Ancienne rédactrice en chef de Présent, un quotidien d'extrême droite dans lequel elle a travaillé pendant trente ans, Caroline Parmentier a succédé à Alain Vizier au poste de responsable presse de Marine Le Pen.

Cette mère de famille de 56 ans, qui a toujours défendu des positions politiques radicales, a notamment été mandatée pour tenter d'apaiser les tensions entre le RN et les journalistes. Mais Caroline Parmentier dépasse parfois ses fonctions : en janvier à Madrid, alors que l'eurodéputé Nicolas Bay refusait de soutenir Marine Le Pen lors d'un duplex, elle lui lâche : "Tu n'es rien sans Marine", comme le raconte Le Monde. Une loyauté qui lui a valu les félicitations de la patronne.

Sébastien Chenu, le confident

Sébastien Chenu, le 15 février 2022, à Villers-Cotterêts (Aisne). (MAXPPP)

Le député RN du Nord est l'un des porte-parole de Marine Le Pen dans cette campagne, mais il est surtout l'oreille de la candidate. Sébastien Chenu a participé à de très nombreuses réunions de travail sur la refonte du parti et sur la nouvelle stratégie de dédiabolisation de Marine Le Pen. Ancien membre de l'UMP qu'il quitte en 2016 pour rejoindre le Front national, il a peu à peu gagné la confiance de la présidente du RN, qui lui a confié la tête de liste dans les Hauts-de-France lors des dernières élections régionales. Son nom circule avec insistance pour entrer au gouvernement, possiblement au ministère du Travail, en cas de victoire de Marine Le Pen le 24 avril, tout comme le député européen Hervé Juvin à l'Ecologie. A la Justice, Marine Le Pen entend nommer l'eurodéputé Jean-Paul Garraud, comme elle l'a confirmé sur France Bleu lundi 18 avril. 

Jordan Bardella, l'ambitieux

Le président du RN par intérim, Jordan Bardella, le 5 février 2022 à Reims (Marne), lors du lancement de la campagne de Marine Le Pen. (MAXPPP)

Le jeune président par intérim du Rassemblement national fait aussi partie des cadres loyaux et fidèles sur lesquels Marine Le Pen se repose. L'eurodéputé de 26 ans, qui s'est fait connaître lors des élections européennes de 2019, a, depuis, mené la liste du RN en Ile-de-France lors des dernières régionales. Il aspire à entrer lui aussi au gouvernement si sa candidate venait à remporter la présidentielle. "Jordan Bardella a parfaitement les qualités pour devenir ministre", assurait même Marine Le Pen dans une récente interview au Figaro. Très à l'aise sur les plateaux de télévision, il est promis à un bel avenir politique au sein du RN.

Steeve Briois, le repère local

Le maire d'Hénin-Beaumont, Steeve Briois, le 4 juillet 2021 lors du congrès du RN à Perpignan (Pyrénées-Orientales). (VALENTINE CHAPUIS / AFP)

Fidèle parmi les fidèles, le maire d'Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais), fief électoral historique du Rassemblement national, est très présent dans cette campagne présidentielle. Participant quasiment à tous les déplacements aux côtés de la candidate, l'élu local n'occupe pas la fonction de porte-parole du parti, à la différence d'autres têtes montantes comme Julien Sanchez, maire de Beaucaire (Gard), ou Laurent Jacobelli, conseiller régional dans le Grand Est. Mais Steeve Briois ratisse activement le terrain, notamment dans les Hauts-de-France, pour attirer un maximum d'électeurs dans les filets de la candidate d'extrême droite.

"Marine Le Pen a choisi le pouvoir d'achat comme thème central, et je peux vous dire que dans ma région, cela parle beaucoup aux gens. C'était vraiment le bon choix", assure-t-il. Deux autres édiles mouillent aussi beaucoup la chemise dans cette campagne : Louis Aliot et David Rachline, respectivement maires de Perpignan (Pyrénées-Orientales) et de Fréjus (Var). Eux aussi pourraient récupérer un portefeuille ministériel. 

Les experts des "Horaces", le club confidentiel

Anciens conseillers ministériels, énarques ou encore hauts fonctionnaires... Depuis 2016, Marine Le Pen assure qu'elle est conseillée par ce club confidentiel composé d'experts sur tous les sujets, qui se fait appeler "Les Horaces". Il s'agit d'anonymes qui aident notamment la candidate à préparer son débat de l'entre-deux-tours face à Emmanuel Macron, mercredi prochain. "Ils ont établi des fiches thématiques très précises et travaillent sur l'image que devra renvoyer la candidate devant les 16 ou 17 millions de Français qui seront devant leur écran pour ce grand rendez-vous", confie à franceinfo un proche de Marine Le Pen.

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