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Débat de l'entre-deux-tours : de visionnaire à gestionnaire, la bataille pour l'Élysée se fait au moyen de chiffres pour les prétendants

Un sociologue et un politologue confrontent leur vision sur la suprématie des chiffres dans les débats politiques. Quand l'un constate la perte de "vision grandiose", l'autre y voit un un marqueur de sérieux".

Article rédigé par franceinfo
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Les affiches de campagne juxtaposées de Marine Le Pen et Emmanuel Macron lors de la présidentielle 2022. (LOIC VENANCE / AFP)

Le débat de l'entre-deux tours de la présidentielle a lieu mercredi 20 avril à 21 heures. "Ce qu'on observe c'est une augmentation croissante du nombre de chiffres, c'est absolument incontestable", assure Emmanuel Didier, sociologue, directeur de recherches CNRS au Centre Maurice Halbwachs, co-auteur d'une tribune sur l'utilisation de l'argument chiffré dans les débats publiée dans Le Monde [article payant]. Selon lui, "un pic a été atteint en 2012".

D'après ce sociologue, lorsque les premiers débats de ce type sont apparus en 1974, "les premiers débatteurs proposaient une vision du monde". Et puis, "peu à peu tous les thèmes ont été quantifiés au fur et à mesure des débats, de telle sorte qu'on arrive aujourd'hui à des gens qui sont plus gestionnaires". Pour Emmanuel Didier, les candidats "nous montrent qu'ils sont beaucoup plus capables de gérer la France que d'emmener vers une vision grandiose". Dans le détail, "en général la droite et la gauche utilisent autant de chiffres l'un que l'autre", "les femmes utilisent un peu moins de chiffres que les hommes", constate Emmanuel Didier.

Une technocratisation de la vie politique

Le politologue Arnaud Benedetti, professeur associé à l'Université Paris-Sorbonne, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, estime de son côté ce recours aux chiffres "très intéressant" de la part des candidats à la présidentielle. "Le chiffre, dans un débat politique qui est un débat passionné, c'est un moyen d'apporter en tout cas de la rigueur et de l'argumentation. C'est un marqueur de sérieux en tout cas". Il conclut en disant que "ça traduit aussi une forme de technocratisation de la vie politique. Comme si aujourd'hui la figure du politique devait s'objectiver dans un certain nombre de données quantitatives".

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