Municipales : comment choisir les bons ingrédients pour composer votre liste
Vous rêvez de conquérir la mairie ? Première chose à faire, choisir vos colistiers. Francetv info livre quelques secrets pour y parvenir.
La limite est fixée au jeudi 6 mars, 18 heures. Après, il sera trop tard pour se déclarer candidat aux élections municipales des 23 et 30 mars. Chaque candidat doit déposer une liste avec autant de personnes qu'il y a de conseillers municipaux à élire. Ce nombre varie entre 7 et 69, selon la taille de la commune.
Voici quelques conseils pour obtenir une liste savamment dosée.
1Avant toute chose, vérifiez la parité
Désormais, chaque liste doit respecter la parité dans les villes de plus de 1 000 habitants. Auparavant, le seuil était fixé à 3 500 habitants. Il faut donc veiller à alterner un homme et une femme, ou vice-versa. Attention, dans les communes de petite taille, l'équilibre est parfois difficile à atteindre. A Neffiès (Hérault), par exemple, cette obligation dérange une habitante. Approchée par un candidat, elle a refusé. "On prend des gens car ce sont des hommes ou des femmes, et non pour leurs capacités à être conseiller municipal", confie-t-elle à France 3.
Le sexe de certains candidats peut aussi réserver quelques surprises. A Toulouse (Haute-Garonne), la présence d'une candidate transgenre a contraint les écologistes à rectifier leur liste.
Avant de composer sa liste, il est aussi utile de vérifier que tous les candidats remplissent les conditions d'éligibilité. Le Code électoral prévoit notamment des cas d'inéligibilité ou d'incompatibilité propres au scrutin municipal. Les agents salariés communaux ne peuvent être élus au conseil municipal de la commune qui les emploie. Autre exemple : dans les communes de plus de 500 habitants, plus de deux membres de la même fratrie ne peuvent siéger au même conseil municipal, rappelle le site Vie publique, qui recense ces exceptions.
Enfin, n'oubliez pas : cette année, vous élisez aussi les conseillers communautaires. Les premiers noms de la liste des candidats au conseil municipal seront donc repris dans le premier quart de la liste communautaire, tout en respectant la parité.
2Mélangez l'expérience et la société civile
Les conseillers municipaux sont élus au scrutin proportionnel avec prime majoritaire. Autrement dit, la liste arrivée en tête obtient la moitié des sièges à pourvoir et la répartition des sièges restants se fait à la proportionnelle. Par conséquent, les personnes inscrites en haut d'une liste ont de grandes chances d'être élues et, de surcroît, de devenir vos adjoints si vous êtes élu maire.
Mieux vaut donc choisir des compagnons de route dignes de confiance et compétents dans un ou plusieurs domaines (culture, finances, éducation, etc.) "Dans les villes de plus de 30 000 habitants, des personnalités politiques aguerries figurent en début de liste. Dans les villes plus petites, c'est un peu différent. Chaque équipe joue sur sa notoriété et sur la qualité de son programme, souvent très local", analyse Jean Chiche, chercheur au Cevipof (Centre de recherches politiques de Sciences Po), contacté par francetv info. "C'est primordial, car les Français votent beaucoup pour les sortants et les notables en politique. Mais au sein d'une équipe, il faut réussir à allier professionnalisation et renouvellement", poursuit-il.
Les maires sortants qui ont décidé de se représenter l'ont bien compris. Par exemple, à Bordeaux (Gironde), Alain Juppé a présenté le 28 janvier une équipe renouvelée quasiment pour moitié. Selon Sud Ouest, sur 60 personnes, sa liste comporte 29 entrants. Parmi les petits nouveaux, Virginie Calmels, ex-patronne d'Endemol France et figure du monde médiatique aux origines girondines. Preuve que le maire UMP de Bordeaux a saisi l'importance de recruter des personnalités issues de la société civile. "Cela permet à la tête de liste de gagner en sympathie et de recréer un lien de confiance avec l'électeur", souligne Jean Chiche.
3Recrutez le dirigeant d'un club sportif
C'est souvent une figure locale appréciée, quelle que soit la taille de la ville. Le convaincre d'être sur sa liste est donc un atout. S'il n'est pas en position éligible, peu importe : l'annonce d'une telle recrue a souvent un écho médiatique. "Les sportifs engagés en politique ont toujours existé. Aujourd'hui, leur choix est médiatisé parce que les sportifs sont eux-mêmes davantage médiatisés", analyse Jean Chiche.
C'est ce qui s'est passé pour Djezon Boutoille, l'entraîneur du Calais Racing union football club, engagé sur la liste de Yann Capet, bien que ce candidat socialiste à Calais (Pas-de-Calais) refuse de le reconnaître. "Ce n'est nullement dans l'esprit de me faire de la pub que j'ai invité Djezon à venir me rejoindre. Si je l'ai fait, ce n'est pas à des fins politiques, mais parce que j'ai la volonté de réunir les forces positives propres à œuvrer pour Calais", a-t-il rétorqué à La Voix du Nord le 3 février.
De son côté, Djezon Boutoille explique retrouver dans le discours de Yann Capet "les valeurs" qu'il veut "défendre". Mais en s'engageant en politique, l'ex-joueur emblématique du Losc va devoir se faire violence. "Je suis quelqu'un de très discret. Je vais devoir aller contre ma nature pour faire passer mes convictions", a-t-il confié à La Voix du Nord. "Souvent, à leur propre demande, ces personnalités ne sont pas en position éligible, car elles ne s'imaginent pas au pouvoir. Elles veulent apporter leur soutien pendant une campagne électorale, mais ensuite, elles n'ont pas forcément le temps de s'investir", estime Jean Chiche.
D'autres footballeurs qui ont définitivement rangé leur maillot se sont laissés entraîner sur le terrain de la politique. Le Parisien a recensé quelques exemples. Ancien joueur de Valenciennes, Steve Savidan figure en dernière position sur la liste UMP de Christophe Béchu à Angers (Maine-et-Loire), sa ville natale. David Ginola, ancien joueur du PSG, aujourd'hui consultant football pour une chaîne de télévision britannique, se présente sur une liste sans étiquette à Sainte-Maxime (Var).
4N'hésitez pas à ajouter une dose de show-biz
Le retentissement médiatique est aussi garanti lorsqu'une personnalité issue du monde du spectacle rejoint une liste. Ainsi, la présence de l'actrice Adeline Blondieau sur la liste de Nicole Goueta, candidate UMP à Colombes (Hauts-de-Seine), repérée par Europe 1, n'est pas passée inaperçue. Avocate dans la série Sous le soleil et ex-épouse de Johnny Hallyday, elle apparaît en 37e position sur 53.
"Adeline Blondieau habite à Colombes et désirait s'engager en politique. (...) Si je suis élue, nous verrons quelles seront les attributions de chacun, en fonction de leurs compétences", s'est justifiée auprès de l'AFP Nicole Goueta, qui fut maire de la ville entre 2001 et 2008.
D'autres personnalités ont fait le même choix. L'animateur Vincent Lagaf figure en dernière position sur une liste à Cavalaire-sur-Mer (Var). Delphine Wespiser, Miss France 2012, se présente dans son village natal de Magstatt-le-Bas (Haut-Rhin).
"Dans les petites villes, de moins de 10 000 habitants, la société civile, c'est son 'voisin'. Sa présence sur une liste n'est pas seulement utile, elle est nécessaire car la notoriété sur le plan local est importante. Dans les grandes villes, l'enjeu, c'est d'amener du sang neuf. Surtout dans le contexte actuel : le système politique n'a pas le vent en poupe", résume Jean Chiche. Le tout est de trouver le juste équilibre entre les personnalités de sa liste, et que la mayonnaise prenne.
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