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"J'ai gagné en confiance en moi et j'ai trouvé un travail" : à Orvault, les habitants saluent l'action du maire dans l'accompagnement des chômeurs

Article rédigé par Margaux Duguet
France Télévisions
Publié
Temps de lecture : 6 min
L'hôtel de ville d'Orvault (Loire-Atlantique). (VILLE D'ORVAULT / FRANCEINFO)

Grâce à l'opération #MonMaire lancée par franceinfo, vous nous avez signalé l'action de Joseph Parpaillon, maire d'Orvault, en Loire-Atlantique, depuis 2001. Cet élu a mis en place, il y a vingt-deux ans, un programme original de retour à l'emploi pour les chômeurs de sa commune.

#MonMaire

Vous êtes ravi des changements qu'a opérés le maire dans votre commune ? Vous êtes au contraire déçu de son bilan voire excédé par son action ?

Son témoignage est ponctué de points d'exclamation. "Je pense que je n'aurais pas réussi aussi vite sans cette aide ! J'ai trouvé cela incroyable qu'une ville fasse cela pour ses habitants !", nous a écrit Pauline*, 39 ans, via l'opération #MonMaire, lancée par franceinfo. Cette ancienne Parisienne, qui réside à Orvault (Loire-Atlantique) depuis 2008, a bénéficié cette année d'un programme spécifique mis en place par le maire, Joseph Parpaillon, il y a vingt-deux ans. Un dispositif qui lui a permis de retrouver un emploi : "J'ai gagné en confiance en moi et j'ai trouvé un travail".

D'une durée de quatre mois, cet accompagnement propose, à une quinzaine de demandeurs d'emploi sélectionnés sur dossier et entretien de motivation, de suivre des ateliers dispensés par la maison de l'emploi et un cabinet de conseil. Plus original, chaque participant est suivi par "un parrain" ou "une marraine", souvent un retraité, ancien cadre d'entreprise, qui coache son "filleul". "J'étais adjoint aux affaires sociales et je constatais qu'il y avait de plus en plus de chômeurs dans notre ville de 26 000 habitants, raconte le maire sans étiquette, élu depuis 2001. On s'est rendu compte qu'on avait un trou dans la raquette pour les gens qui n'arrivaient pas à mettre le pied dans l'emploi."

Le concept est imaginé et le succès au rendez-vous : 75% des participants retrouvent un emploi, deux mois après la fin du programme. Un taux de réussite qui, pour le maire, rentabilise largement les 50 000 euros annuels engagés. "On a de la chance d'être à Orvault et d'avoir ce dispositif qui est gratuit", se félicité Laurence*, 58 ans, qui a elle aussi participé à la formation.

"C'est compliqué d'être seule"

Pourtant, pour les deux femmes, ce n'était pas gagné au départ. Pauline, ex-cheffe de marché, a dû quitter Paris pour suivre son conjoint à Orvault. Si elle pensait pouvoir poursuivre son activité en télétravail, la trentenaire déchante vite et se voit proposer une rupture conventionnelle en octobre 2018. La perspective du chômage la terrifie.

C'est la première fois que je me retrouvais au chômage, cela m'a beaucoup angoissée. Je ne savais pas comment faire pour chercher du boulot.

Pauline, ancienne chomeuse

à franceinfo

Laurence, ex-cadre de santé, se retrouve elle aussi sans emploi en octobre 2018 après une rupture conventionnelle. La quinquagénaire travaillait depuis trente-trois ans dans la même entreprise. Un mois plus tôt, elle avait postulé dans une structure pour personnes âgées. Mais faute d'expérience en gériatrie, elle n'est pas retenue. "Je me suis retrouvée seule, c'est compliqué d'être seule", dit-elle pudiquement. Les deux femmes tombent alors par hasard sur le dispositif de parrainage de retour à l'emploi de la mairie, sur Facebook pour Pauline et via un article de Ouest France pour Laurence. Elles sont toutes les deux retenues.

"On ne regarde pas le niveau de formation ou de compétence mais la motivation et l'engagement", explique Jeanne Sarrasin, la chargée de mission pour ce dispositif au sein de la mairie. Selon cette dernière, les profils sont très variés entre les personnes très ou pas qualifiées, celles arrivées en fin de carrière ou celles en reconversion professionnelle. 

CV, entretiens mais aussi sophrologie

Pour Pauline et Laurence, c'est donc parti pour quatre mois de formation, à raison de trois ateliers par semaine et de rencontres avec leurs parrains. "On a fait des simulations d'entretiens filmées, on a appris à faire son CV, à maîtriser les réseaux sociaux, détaille Pauline. On a eu des échanges avec des professionnels mais on a aussi fait du sport et de la sophrologie". Un détail ? Pas pour Vincent Godebout, président de l'association Solidarités nouvelles face au chômage (SNC), qui accompagne chaque année 4 000 demandeurs d'emploi : "On a l'impression que c'est accessoire ce genre de choses, comme proposer des activités culturelles. Or cela permet de recréer du lien social et de rompre l'isolement". Laurence ne dit pas autre chose : "On a été un groupe très solidaire, on se soutenait"

En parallèle, les deux femmes peuvent compter sur le soutien et les conseils de leurs parrains respectifs. "Je le voyais une fois toutes les trois semaines et on s'appelait souvent, il était joignable tout le temps", rapporte Pauline. Ancien cadre RH dans l'industrie, Jean Brésil, 61 ans, s'occupe d'elle. "C'est important d'être utile et de transmettre son savoir", explique ce "passionné de l'emploi".

Sa mission bénévole n'entre-t-elle pas en concurrence avec Pôle emploi ? "Nous ne sommes pas Pôle emploi, nous ne proposons pas des postes aux gens mais on les aide à reprendre confiance en eux, c'est complémentaire", assure-t-il, rejoignant la justification du maire.

Nous ne faisons pas ça contre Pôle emploi, mais de concert avec Pôle emploi.

Joseph Parpaillon, maire d'Orvault

à franceinfo

Pauline et Laurence assurent avoir retrouvé du travail grâce au dispositif de la mairie. "J'ai refait mon profil LinkedIn [un réseau social professionnel] et j'ai été appelée par un cabinet de recrutement, raconte Pauline. Si je n'avais pas fait ce programme, je ne m'en serais pas aussi bien sortie. Je savais ce qu'il fallait dire à tous les entretiens". La trentenaire commencera en début d'année prochaine à travailler sur un poste de marketing dans l'industrie. "C'est un poste similaire à ce que je faisais à Paris, je n'y croyais pas !", s'exclame-t-elle. Jean Brésil ne cache pas sa fierté. "J'étais assez content qu'elle retrouve du travail", sourit-il. De son côté, Laurence a trouvé un emploi dans l'entreprise qui ne l'avait pas retenue au départ. D'abord un remplacement de six semaines en août, puis un CDI à la rentrée. 

Cela a été déterminant, pour les entretiens, d'avoir bénéficié de toute la formation. Ça m'a permis d'arriver plus sereine et plus motivée.

Laurence, ex-chomeuse

à franceinfo

Après vingt-deux ans d'existence de ce programme, le maire affiche sa satisfaction : "Etre maire, c'est aussi ça. C'est répondre aux besoins de la population en y apportant des services de proximité."

Le dispositif est reconduit l'année prochaine, mais le sera-t-il après l'élection du successeur de Joseph Parpaillon ? Après trois mandats, ce centriste, qui n'a plus d'étiquette politique, a décidé de ne pas se représenter en mars prochain. Jean-Sébastien Guitton, qui anime le groupe Ecologistes et citoyens, le principal groupe de la minorité municipale et qui sera candidat aux municipales, assure qu'il prévoit de prolonger le dispositif. Mais "en réalisant en début de mandat un rapide bilan avec les acteurs pour envisager des améliorations sur le nombre et le type de demandeurs d'emploi concernés", précise-t-il. Du côté du PS, Christophe Angomard, conseiller municipal de l'opposition, est lui aussi favorable à une prolongation, à condition de "redonner un nouvel élan" au dispositif.

Voilà qui devrait (un peu) rassurer Joseph Parpaillon, pas insensible aux remerciements de Laurence et Pauline. "Quand les gens vous disent ça, vous partez – même si ce n'est pas forcément le bon mot  l'esprit tranquille".

* Les prénoms ont été modifiés à la demande des intéressées

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