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Info franceinfo Le PS va avertir les députés pro-Macron : une investiture aux législatives implique de soutenir le vainqueur de la primaire

Solférino doit envoyer prochainement une lettre aux potentiels candidats aux législatives pour leur rappeler qu'ils devront soutenir le vainqueur de la primaire de la gauche. Un scrutin auquel Emmanuel Macron ne compte pas participer pour l'instant.

Article rédigé par Sophie Brunn - Margaux Duguet
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 5min
Emmanuel Macron, candidat à l'élection présidentielle et leader d'En Marche !, en meeting à Paris le 5 novembre (CITIZENSIDE/PAUL ALFRED-HENRI / AFP)

Toujours pas décidé à se présenter à la primaire à gauche de janvier prochain, Emmanuel Macron a prévenu : sa candidature est "irrévocable". Dans ces conditions, peut-on être candidat sous la bannière PS aux législatives et soutenir les rêves élyséens de l'ancien ministre de l'Economie ? Selon les informations de franceinfo, mercredi 23 novembre, une lettre va être envoyée au plus tard la semaine prochaine à tous ceux qui briguent l'investiture socialiste, pour leur signifier que la candidature sous l'étiquette PS est conditionnée à un engagement à faire campagne pour le vainqueur de la primaire à gauche, prévue les 22 et 29 janvier, quel qu'il soit. Et même si Emmanuel Macron passe outre le scrutin.

La question de l'attitude des députés macronistes est posée au sein des instances du Parti socialiste alors que plusieurs de ces élus ont déposé leur demande d'investiture pour les élections législatives de 2017. Et le calendrier est serré : les militants doivent se prononcer dans les fédérations les 8 et 9 décembre lors d'un vote interne, avant une convention nationale du parti le 17 décembre. 

Un avertissement à tous les députés socialistes

Si pour l'instant la question de la sanction ou de l'exclusion n'est pas encore posée, Solférino a l'intention de faire comprendre aux députés pro-Macron ce à quoi ils s'engagent. "On va leur rappeler ce que ça veut dire d'être investi par le PS : c'est s'engager à soutenir le candidat du PS issu de la primaire", annonce à franceinfo un dirigeant du parti. Ce dernier ne leur demande pas de signer formellement un engagement mais avec cette missive, dit-il, "on rappelle à chacun quel candidat les socialistes vont soutenir". "Il faut que personne ne puisse dire : 'on ne m'avait pas prévenu'", ajoute-t-il. 

Que se passera-t-il si des députés investis soutiennent Emmanuel Macron ? "Je ne vais pas me prononcer aujourd'hui sur un problème que j'aurai peut-être demain", coupe court ce même dirigeant socialiste. Si d'ici janvier, la question se pose toujours, les candidats macronistes pourraient alors perdre leur investiture, voire être exclus du parti. Le numéro un du PS, Jean-Christophe Cambadélis, avait lui même rappelé le 15 novembre dernier que les socialistes qui soutiendront le leader d'En Marche ! seront poussés vers la sortie s'il n'est pas le candidat désigné de la gauche. "Le jour où il y aura un candidat socialiste après la primaire, il faudra choisir", avait-il prévenu.

Une double appartenance revendiquée

Contactés par franceinfo, les députés socialistes qui soutiennent Emmanuel Macron refusent de se prononcer sur cette lettre tant qu'ils ne l'ont pas lue, même s'ils ont déjà connaissance de son existence. Tous assument cependant leur volonté d'être candidats PS aux législatives. "J'ai demandé l'investiture du PS parce que je suis socialiste", affirme Stéphane Travert, député de la Manche et délégué d'En Marche !. "Je suis socialiste et mes valeurs n'ont pas changé", renchérit Corinne Erhel, députée des Côtes-d'Armor. Celle qui a pris fait et cause pour l'ancien ministre de l'Economie "depuis le début" glisse tout de même un "je soutiens Emmanuel Macron, les choses sont claires" lorsqu'on lui demande si elle signerait la lettre du PS. "Je soutiens Emmanuel Macron parce que je suis socialiste", ose même de son côté Richard Ferrand, député du Finistère et bras droit de l'ancien conseiller de François Hollande.

Tous sont conscients que la balle est désormais dans le camp du PS. "Le parti décidera ou non de donner cette investiture mais il était normal que je la demande", explique Stéphane Travert. Corinne Erhel s'étonne elle de voir évoquer dans la presse "des menaces d'exclusion" alors "que pendant les quatre dernières années certains se sont acharnés à attaquer le président de la République ou à mettre en difficulté le gouvernement" : "Que le PS regarde la façon dont chacun a pu se comporter depuis le début du quinquennat." Une référence à peine voilée aux frondeurs, très critiques de la politique de l'exécutif.

Vers des candidats En Marche ?

Un député macroniste n'aura pas à concilier ce qui paraît désormais irréconciliable. Arnaud Leroy, député des Français de l'étranger, ex-soutien d'Arnaud Montebourg et qui roule désormais pour Emmanuel Macron, a tranché : il n'a pas demandé l'investiture au PS par refus de "marchandage". Lui se voit plutôt porter les couleurs d'En Marche ! aux législatives. "Le mouvement est fait pour durer et pour s'installer dans le paysage, donc avoir des élus", dit-ilLe mouvement osera-t-il présenter 577 candidats aux élections de juin prochain face à des candidats PS ? La question serait en cours de réflexion.

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