Meeting de Milan : "Matteo Salvini est en meilleure position" pour être le leader de l'extrême droite en Europe, selon un historien
Alors que 10 partis européens nationalistes et populistes se réunissent à Milan ce samedi, pour un somment souverainiste et identitaire de "l'alternance à l'Union européenne", le spécialiste de l'extrême droite Nicolas Lebourg estime que Matteo Salvini est en position de force pour prendre la tête de l'extrême-droite en Europe.
"Matteo Salvini est en meilleure position" que Marine Le Pen pour être le leader de l'extrême-droite en Europe, a expliqué sur franceinfo Nicolas Lebourg, historien spécialiste de l'extrême droite et auteur de Les Nazis ont-ils survécu ? (Seuil, mai 2019). Marine Le Pen y assiste, aux côté de son allié, Matteo Salvini, ministre italien de l'Intérieur et leader de la Ligue italienne.
franceinfo : Le RN fait jeu égal avec LREM en tête des sondages d'intentions de vote. Qu'en est-il en Italie ?
Nicolas Lebourg : C'est la question du leadership de Matteo Salvini qui est posée. Il a pris la Ligue dans un état assez pathétique, il l'a réorienté idéologiquement, il a laissé tomber toutes les questions de sécessions internes à l'Italie pour un axe anti-islam, anti-migrants. Il se retrouve dans une coalition populiste qui est quelque chose d'assez novateur. La question est de savoir si cette ligne-là va être véritablement validée par l'électorat italien, s'il va dire à Salvini que c'est la bonne ligne et que c'est la ligne islamophobe, anti-immigration et anti-gouvernement qui intéresse les Italiens.
Qui de Matteo Salvini ou de Marine Le Pen est "le leader" de l'extrême droite en Europe et donc lequel a le plus besoin du soutien de l'autre et de s'afficher avec lui ?
Pour tous les partis d'extrême droite en Europe, et depuis les années 1980 environ, c'est la même tactique. On utilise les alliés européens avant tout pour parler à son électorat, pour dire 'Vous voyez je suis un parti respectable, je n'ai rien à voir avec les partis totalitaires, je me présente à des élections et j'ai des alliés dans le reste de l'Europe'. C'est se normaliser. Matteo Salvini est en position de force : être au pouvoir et ministre de l'Intérieur, c’est-à-dire, celui qui justement est là pour réguler les flux migratoires, combattre la criminalité, on est évidement sur les segments forts, culturels de l'extrême droite populiste donc forcément c'est Salvini qui est en meilleure position aujourd'hui mais il y a aussi la question Orban (Viktor Orban, Premier ministre hongrois).
Les victoires politiques et culturelles de la Ligue qui donne le tempo à l'actuel gouvernement italien, c'est une inspiration pour le RN qui jusqu'à présent (à part des postes de députés), n'est pas encore arrivé au pouvoir ? Alors qu’avant c'était l'inverse ?
C'est très juste. Dans les années 1970, ce sont les Italiens qui inspirent le Front National. Après les années 1980, les succès de Jean-Marie Le Pen lui permettent de prendre le leadership en Europe. Maintenant le RN refuse les coalitions, il se refuse à être minoritaire dans un gouvernement pour prendre plusieurs ministères. Marine Le Pen aspire à prendre tout le pouvoir, l'Elysée, directement. Ce n'est pas cette stratégie qu'a suivi la Ligue mais cela permet d'arriver aux affaires ce qui pourrait un jour peut-être poser questions aux militants du Rassemblement national.
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