: Vidéo "J'ai poussé au travail dissimulé plus de 10 000 coursiers", affirme cet intermédiaire qui aurait recruté des livreurs pour la plateforme de livraison Stuart
A vélo, à scooter ou en voiture, ils sillonnent les grandes villes pour livrer nos courses ou nos repas. Une myriade d’entreprises emploient ces livreurs, profitant du nouveau "marché de la flemme"... Quitte, pour certaines, à prendre quelques libertés avec le Code du travail ? Extrait d'une enquête qui a débuté avec un coup de fil à la rédaction d'"Envoyé spécial" : "Kevin" se présentait comme intermédiaire qui aurait travaillé en tant que sous-traitant pour la plateforme Stuart, et il a affirmé qu’il aurait des révélations à faire.
"Sur demande de Stuart, j'ai recruté et mis en danger la vie de beaucoup de coursiers sur les routes. Tout ça au black, tout ça sans déclaration d'embauche, sans assurance, sans déclaration URSSAF, sans rien ! J'ai poussé au travail dissimulé plus de 10 000 coursiers, dans toute la France. De facto, j'ai détourné énormément d'argent", affirme cet homme que nous appellerons Kevin.
Dans "Envoyé spécial", il raconte comment, en 2016, alors qu'il était à la tête d'une société de transport, il aurait été contacté par un manager de Stuart qui recherchait des sous-traitants. Selon Kevin, la plateforme de livraison passerait par des sociétés de transport pour recruter les livreurs à scooter et en voiture. Ces intermédiaires, qu'on appelle les "artisans", paieraient les livreurs en prenant au passage une commission de 20 à 30%. Ce système ne concernerait pas les coursiers à vélo ; Stuart fait appel à eux sous le statut d’auto-entrepreneur.
En six ans, il n'aurait payé aucune charge : ni impôts, ni URSSAF
Que ce soit à Marseille, Lyon, Bordeaux, Nice, Toulouse ou Metz, d'après son récit, la tâche de Kevin aurait consisté à "recruter et payer les mecs à la semaine. Donc, explique-t-il, on recevait un virement de Stuart à la semaine, et on devait virer le lendemain aux coursiers leur part (...), moins notre pourcentage".
Au total, en six ans, Kevin affirme, plusieurs relevés bancaires à l'appui, qu'il aurait reçu entre 17 et 18 millions d'euros de SRT France, l'entité juridique de Stuart. Sur ces sommes, il dit n'avoir payé aucune charge : ni URSSAF, ni impôts. Depuis 2016 et jusqu'à la fin de l'année 2021, Kevin affirme avoir ainsi fait travailler des milliers de coursiers pour le compte de Stuart... sans les déclarer. Selon lui, Stuart ne pouvait ignorer qu’il ne déclarait pas les coursiers.
Extrait de "Livraison : à fond la fraude ?", une enquête diffusée dans "Envoyé spécial" le 23 juin 2022.
> Contactée, la plateforme nous a répondu : "Stuart accorde une place centrale au respect des règles et à la lutte contre la fraude. Stuart effectue une série de contrôles réguliers (...), toute constatation d’une irrégularité entraîne une mise en demeure de régularisation et la fin de la relation commerciale en cas de non-respect. Nous collaborons depuis de nombreuses années avec les autorités compétentes (...) afin de renforcer nos procédures de contrôle et nous adapter en continu aux nouveaux types de fraude. Vous semblez faire référence à l’un des utilisateurs dont l’accès à la plateforme a été désactivé en raison de manœuvres frauduleuses avérées (...). Au regard de l’enquête en cours à l’encontre de cette personne, et à laquelle notre société apporte son entier concours, il nous est interdit de faire davantage de commentaires."
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