"Les grands vainqueurs, ce sont les opérateurs" : pourquoi le nouveau décret sur les trottinettes électriques ne satisfait pas totalement les associations
Certaines organisations regrettent notamment que rien ne soit dit sur la responsabilité en cas d'accident causé par un utilisateur de trottinette. Elles estiment par ailleurs que l'âge minimum fixé à 12 ans n'est pas assez élevé.
"Visiblement, les grands vainqueurs de cette histoire, ce sont les opérateurs", a jugé vendredi 25 octobre sur franceinfo Jean-René Albertin, cofondateur de l’Association philanthropique action contre l’anarchie urbaine vecteur d’incivilité (Apacauvi). Les trottinettes électriques ou engins de déplacement personnel motorisés (EDPM) sont enfin intégrées dans le Code de la route. Un décret qui encadre leur usage a été publié au Journal officiel, vendredi. L'âge minimum du conducteur est fixé à 12 ans, rouler sur le trottoir sera en principe interdit et une amende de 135 euros est prévue en cas d'infraction. Pour l'Apacauvi, ces mesures ne vont pas assez loin.
Parce que la responsabilité en cas d'accident reste floue
"Il y a des grands oubliés dans ce décret : ce sont les morts, les blessés et les piétons", estime notamment Jean-René Albertin, de l'Apacauvi. Il regrette qu'il soit impossible de retrouver les personnes à l'origine d'accidents de trottinettes.
Déjà, si les opérateurs étaient assurés, ce serait une première chose. Au moins, il y aurait une responsabilité engagée quelque part.
Jean-René Albertin, cofondateur de l'Apacauvià franceinfo
"Je vais vous citer un exemple, poursuit Jean-René Albertin. Il y a une dame qui s'est fait renverser par une trottinette. Elle était ensanglantée sur le trottoir avec la jambe en sang. La personne qui était sur la trottinette, un jeune homme très bien avec une petite mallette, l'a regardée et a foutu le camp. Il aurait fallu supprimer le free floating, pour responsabiliser les opérateurs."
Parce que l'information des utilisateurs doit progresser
Des règles existent donc désormais, mais encore faut-il que les tous les utilisateurs en soient informés, notamment les visiteurs de passage dans les quartiers touristiques. "En général, les touristes ne sont pas avertis, regrette Jean-René Albertin. L'autre jour, il y avait une famille d'Anglais qui était là, le père avec la fille sur sa trottinette, sur le trottoir. Je les ai interpellés en leur disant que c'était interdit, ils ne savaient pas."
Parce que l'utilisation par les enfants reste peu encadrée
Le cofondateur de l'Apacauvi regrette enfin un manque d'encadrement vis-à-vis de l'utilisation des trottinettes par les enfants. Selon le décret paru dans le Journal officiel, l'âge minimal est de 12 ans. "Premièrement, les enfants ne connaissent pas le code de la route et on va les laisser s'engager sur les voies urbaines. Deuxièmement, comment vont-ils payer ? Avec leur carte bleue ? Avec celle de leurs parents, avec des cartes bleues volées ? Comment va-t-on pouvoir les suivre s'il y a un accident ?"
Est-ce qu'on a dit aux parents que s'il y avait des accidents ou des morts, ils allaient payer jusqu'à la fin de leurs jours les conneries de leurs gamins ?
Jean-René Albertin, cofondateur de l'Apacauvià franceinfo
Même son de cloche chez l’Association de prévention routière. Si Anne Lavaud, la déléguée générale, salue le fait de donner un cadre légal à la trottinette électrique, elle estime que l'âge minimum de 12 ans n'est pas assez élevé. "On a affaire quand même à un engin qui circule avec un moteur à 25 km/h, donc ça aurait été plus logique de caler l'âge autorisé à celui du cyclomoteur, qui est de 14 ans. Avec le cyclo, on a eu une sensibilisation, une formation."
Parce que les équipements de sécurité ne sont pas obligatoires en ville
Anne Lavaud pointe également la faiblesse des mesures à propos de l'équipement. Le casque et le gilet fluo ne sont obligatoires qu'hors agglomération. "Pour nous, il aurait fallu les rendre obligatoire tout le temps", affirme-t-elle, en soulignant la période hivernale et le changement d'heure, qui jouent sur la faiblesse de la visibilité.
Il faut absolument que les utilisateurs des trottinettes aient des éléments rétro-réfléchissant sur leurs vêtements.
Anne Lavaud, de la prévention routièreà franceinfo
"Il y a des expériences qui ont été faites justement de distribution de casques en même temps que la trottinette, comme sur les scooters en libre-service", défend Anne Lavaud.
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