Péages ferroviaires : le vice-président des Hauts-de-France réclame "un grand débat national sur le financement du réseau ferroviaire en France"
Christophe Coulon, vice-président de la région Hauts-de-France en charge des mobilités, des infrastructures de transport et des ports, réclame mardi 5 mars, sur franceinfo un "grand débat national sur le financement du réseau ferroviaire en France", alors que le Conseil d'Etat a donné raison à huit régions françaises qui avaient attaqué SNCF Réseau pour contester les tarifs de ses péages ferroviaires. C'est "la procédure prévue pour la détermination des redevances dues par les régions pour faire circuler les trains express régionaux (TER)" qui est en cause. Le Conseil d'Etat a donné au gestionnaire du réseau ferré jusqu'au 1er octobre pour revoir sa copie.
Franceinfo : Comment fonctionnent ces péages ferroviaires que paient les régions pour pouvoir faire circuler les trains sur le réseau ?
Christophe Coulon : C'est le même principe que celui qui prévaut pour un automobiliste qui rentre sur une autoroute : il s'acquitte d'un montant pour faire circuler son véhicule. Pour les TER, c'est la même chose : dès lors qu'un de nos trains, opéré par le conseil régional, emprunte le réseau ferroviaire, il paie un droit de péage. Ce qui est différent, c'est la manière selon laquelle les choses se passent : quand un automobiliste va chez le garagiste, on lui propose un devis, et à la fin quand vous récupérez votre véhicule, vous avez une facture avec le détail de la prestation payée. Nous, les régions, nous n'avons ni devis ni détail de ce qu'on nous demande de payer : on est un peu mis devant le fait accompli. Il faut que SNCF réseau apprenne à faire preuve de transparence et d'écoute. Cela fait bien longtemps que les régions sont prises pour un tiroir-caisse, on nous dit que c'est ainsi et vous n'avez pas votre mot à dire. L'idée de cette tarification, c'est de faire 23% de hausse des frais de péage entre 2024 et 2026. Ca veut dire une inflation considérée comme étant de 8% par an, ce qui est insoutenable pour nous. Si les 8% étaient acquittés en 2024, pour la première fois de leur histoire les Hauts-de-France paieraient plus de 150 millions d'euros de droits de péage par an. Le système est complètement fou, il est temps de le revoir. 170 millions, c'est ce que nous percevons par la billettique (les abonnements, les voyageurs occasionnels) : si on continue comme ça, en 2026 le montant des frais de péage correspondra exactement à ce que nous percevons en billetterie pour les usagers qui montent dans le train. C'est le système ferroviaire qui est menacé.
Comment trouver un équilibre entre l'équilibre budgétaire des régions et l'équilibre de SNCF Réseau, qui a épongé une partie de la dette de la SNCF et qui doit entretenir un réseau dont on sait qu'il date et dont le coût est important ?
D'abord, c'est bien souvent le conseil régional, en tout cas dans les Hauts-de-France c'est le cas, qui paie la majeure partie de la rénovation des lignes de TER. Une ligne qui est rénovée pour 90 millions d'euros, 75% de cette facture est acquittée par les Hauts-de-France : la SNCF Réseau ne paie déjà pas ce qu'elle devrait payer pour rénover ce réseau. Ensuite, il faut revoir le système de financement de l'instratructure : il est complètement mort, il ne correspond plus à rien. On pourrait avoir un débat national très intéressant : plutôt que de parler du "climat ticket" à 49 euros par mois, qui est une bonne idée, faisons un grand débat national pour dire qu'il faut mettre de l'argent sur la rénovation du réseau. L'ancienne Première ministre Borne avait parlé de 100 milliards, nous n'avons pas vu cet argent. Il faut aussi massivement rénover le réseau ferroviaire, sans quoi les régions ne pourront jamais suivre la cadence.
Pour les usagers du train dans les Hauts-de-France, le prix des billets va-t-il augmenter ?
En 2024, pour la première fois depuis 7 ans, nous avons augmenté le prix de nos abonnements de 3,5%. Pendant 7 ans, nous avons totalement neutralisé l'inflation et les hausses de coûts que la SNCF nous demandait de voir. Notre idée, c'est de continuer à proposer une tarification incitative et abordable, y compris pour les jeunes et les foyers en difficulté, donc nous n'allons pas répercuter cette hausse. C'est pour ça que le système est totalement mortel pour les régions.
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