Retraites : 46% des Français demandent au gouvernement d'abandonner l'âge pivot, 29% souhaitent un retrait pur et simple de la réforme
Selon un sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro, 46% des Français souhaitent que le gouvernement abandonne l'âge pivot à 64 ans, et 29% qu'il renonce purement et simplement à la réforme.
Un mois après le début de la grève contre la réforme des retraites, presque la moitié des Français demandent au gouvernement de modifier sa réforme sur l'âge pivot. C’est ce qui ressort du sondage Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro publié vendredi 3 janvier 2020.
Selon cette enquête, les Français estiment que le gouvernement ne doit pas s’obstiner. 29% d’entre eux souhaitent qu’il renonce purement et simplement à sa réforme. Et 46% souhaitent l’abandon de l’âge pivot fixé à 64 ans, une position en hausse de quatre points par rapport au dernier baromètre du 19 décembre. Seuls 24% estiment que le gouvernement doit conserver intégralement son projet.
Des oppositions au sein de toutes les tendances politiques y compris LREM
Modifier ou renoncer au texte est une demande de la plupart des Français, toutes tendances confondues. Les sympathisants de gauche, comme ceux du RN, sont quasi-unanimes à souhaiter l’un ou l’autre. Ils sont 99% du côté de la France insoumise, 85% au PS, 81% chez EELV et 79% au RN. Même les sympathisants LR sont 55% à demander au gouvernement, soit un renoncement total à la réforme (13%), soit un recul sur l’âge pivot (42%). Si les personnes se disant proches de LREM restent majoritairement favorables à la réforme (57%), 42% plaident tout de même pour un abandon de l’âge pivot.
Le soutien à la grève s'essouffle
Un mois après son démarrage, la mobilisation contre la réforme des retraites est toujours soutenue majoritairement par les Français. Mais ce soutien s’essouffle un peu. Ils sont six sur dix (61%) à l’estimer justifiée. C’est cinq points de moins qu’avant les fêtes, le 19 décembre, et sept de moins qu’au début de la grève le 4 décembre. Ce sont les plus de 65 ans qui y sont maintenant le plus hostiles (60%), tandis que ceux nés après 1975, année de naissance d’entrée en vigueur de la réforme, soutiennent à 73% le mouvement.
Les Franciliens plus perturbés que les autres
Si ce soutien au mouvement continue de faiblir, c'est, selon ce sondage, parce qu'il pèse sur la vie quotidienne des Français. Près d'un sur deux (44%) se dit être personnellement touché par les conséquences de la grève, que ce soit dans leur activité professionnelle (31%) dans leurs déplacements quotidiens (30%) ou dans l'organisation des fêtes de fin d'année (24%). Cette gêne touche principalement les Franciliens. Plus des trois quarts d'entre eux (77%) ont été affectés par le mouvement, principalement dans leurs déplacements quotidiens (70%). En régions, 38% des Français interrogés disent être perturbés par le mouvement. Ils ne sont, par exemple, qu'un quart (25%) à avoir été dérangés dans leur activité professionnelle.
Les Français agacés par tous les acteurs du conflit
Cette grève ne fait d'ailleurs que des perdants dans l'opinion publique. Selon le sondage, plus de deux Français sur trois ont une mauvaise opinion de l'exécutif sur sa gestion du conflit. Le président de la République récolte 68% de mauvaises opinions et le Premier ministre 67%. Les partis politiques d'opposition s'en sortent encore moins bien, avec 75% d'opinion défavorables. La CGT, avec 63% de mauvaises opinions, et les cheminots (65%) sont tout aussi impopulaires. La CFDT s'en sort le moins mal avec seulement 56% de mauvaises opinions.
Emmanuel Macron peu convaincant lors de ses vœux
Dans ce contexte, Emmanuel Macron n'a pas réussi à convaincre les Français lors de ses vœux du 31 décembre. Les trois quarts d'entre eux (76%) sont restés sur le faim. Pour eux, il n’a ni "cherché à apaiser les Français" (57% contre 41%), comme son entourage le prétendait en amont de son allocution, ni montré "qu’il était prêt à trouver des solutions au conflit actuel" (70% contre 27%). Il n’est pas parvenu non plus à "donner des perspectives encourageantes pour le pays" (72% contre 26%). En dehors des sympathisants de son propre parti, le président n’est parvenu à convaincre personne.
Cette enquête Odoxa-Dentsu Consulting pour franceinfo et Le Figaro a été réalisée par internet les 2 et 3 janvier 2020, sur un échantillon de 1 005 Français représentatif de la population française âgée de 18 ans et plus.
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