Chantiers : les inspecteurs du travail mènent l'enquête
Comment les inspecteurs s'y prennent-ils pour débusquer les salariés sans contrat et parfois sans papiers ? Enquête sur la traque du travail illégal, sur un chantier en banlieue parisienne.
Ces deux inspecteurs du travail ont pour mission de traquer les travailleurs illégaux. Ce matin, ils ont décidé de cibler un immeuble de logements en construction, aux portes de Paris. Un chantier à 10 millions d'euros réalisé par une grosse entreprise de bâtiment, avec ce jour-là une vingtaine de salariés affairés sur le gros-œuvre. Le chef du chantier semble serein ; il répond aux questions tout sourire et accepte sans sourciller de rassembler ses troupes au rez-de-chaussée. Dans les escaliers, les inspecteurs commencent leurs investigations, et déjà cet électricien leur semble un peu fuyant. Il se fait même un peu prier pour donner son nom.
Recouper les sources pour savoir la vérité
Tous les ouvriers sont finalement rassemblés dans la salle qui leur sert d'ordinaire de réfectoire. Carte de BTP, identité, contrat de travail : les inspecteurs passent tout au crible. Mais a priori, il y a bien un problème avec le salarié croisé dans l'escalier. Les vérifications se poursuivent dans les bureaux de la société, et leurs soupçons concernant l'électricien vont se confirmer. Dans la pièce d'à côté, le chef du chantier hausse le ton : il lui faut retrouver cet artisan, qui travaille pour un sous-traitant. De leur côté, les inspecteurs appellent l'entreprise d'électricité qui emploie ce travailleur. Et les explications avancées ne vont pas les convaincre. Et soudain, le voilà qui arrive. À force de recoupement, il semblerait que cet électricien congolais travaillait sous une fausse identité depuis 2009, sans être inquiété. Quelques minutes plus tard, il peut repartir seul, proposer ses services sur d'autres chantiers. Mais les conséquences seront beaucoup plus graves pour son employeur. Quant au donneur d'ordres, savait-il qu'un de ses sous-traitants avait du personnel sans papiers ? Pour le déterminer, la directrice du pôle régional de lutte contre le travail illégal peut demander des investigations supplémentaires. Il leur faudra encore plusieurs semaines d'enquête pour déterminer les responsabilités éventuelles des employeurs.
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