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Qualité de l'air dans le métro parisien : "La RATP, délibérément, n'a pas été transparente" sur la pollution aux particules fines, selon l'association Respire

Le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire en février visant la RATP, après une plainte déposée par l'association Respire. Son directeur, Tony Renucci, pointe mercredi sur franceinfo, un "défaut de transparence" de la RATP qui a "nié nos mesures".
Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Un métro sur le quai de la station Père Lachaise, à Paris. (AMAURY CORNU / HANS LUCAS)

"On attaque parce qu'on estime que la RATP, délibérément, n'a pas été transparente" sur la pollution aux particules fines dans le métro parisien, a affirmé mercredi 5 avril sur franceinfo Tony Renucci, directeur de l’association Respire, alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête préliminaire en février visant la RATP après une plainte déposée par l'association en mars 2021, accusant la Régie de "tromperie et blessures involontaires" en raison d'une qualité de l'air dégradée dans l'enceinte du métro.
Tony Renucci pointe un "défaut de transparence" de la RATP qui a "nié nos mesures".

franceinfo : Qu'est-ce qui ressortait de vos rapports réalisés en 2019 et 2021 à l'origine de votre plainte ?

Tony Renucci : Il en ressortait qu'on avait des niveaux de pollution d'air intérieur dans les stations les moins bien ventilées qui étaient supérieurs à ce qu'on avait dans l'air extérieur. Donc ça, c'est très inquiétant. Et ces rapports, on les a menés avec des scientifiques de haut niveau du CNRS. Donc ils ont une crédibilité. Et à partir du moment où l'on constate une situation qui est grave, avec potentiellement des risques sur la santé, on attaque parce qu'on estime que la RATP, délibérément n'a pas été transparente sur ce sujet.

De quelle pollution s'agit-t-il ?

Il s'agit de la pollution aux particules, aux particules fines, aux particules même très fines, qu'on retrouve à des forts niveaux, également parfois des pics de pollution avec des particules très fines qu'on a retrouvés dans certaines stations. On sait que les particules fines ont un impact sanitaire. Elles s'attaquent à nos organes, à nos poumons, à notre cœur, à notre cerveau. Et donc c'est pour ça que, s'il y a un risque, la population doit être informée. Et elle doit être protégée.

Est-ce que le risque peut concerner la population qui fait des passages dans le métro où est-ce que cela peut toucher principalement des salariés qui y passent la journée ?

Les deux. Sur l'exposition de courte durée, ceux qui prendront le métro pour aller au travail le matin et qui rentrent le soir, c'est vrai que la littérature scientifique aujourd'hui n'est pas suffisante pour démontrer l'impact sanitaire. On connaît l'impact sanitaire des particules fines, mais on ne sait pas l'impact sanitaire de cette exposition de courte durée. Mais sur les agents, il y a bien sûr des conséquences. Il y a même une étude interne du service de santé de la RATP qui a démontré une hausse des maladies de l'appareil circulatoire sur les agents, et une hausse de certaines pathologies. Et ça, c'est grave. Il y a un défaut de transparence. Mais il y a aussi un manque d'investissements sur le matériel roulant, sur les systèmes de freinage qui sont quand même la principale source d'émission de ces polluants, et également sur la ventilation et sur la purification.

Vous aviez sollicité la RATP après vos rapports, après vos enquêtes. Que vous répondait-elle ? 

La RATP a nié nos mesures en disant que ce n'était pas vrai. Je n'ai pas vu de démonstration aujourd'hui de leur part qui démontrait que nous avions tort ou que nous nous étions trompés. Donc s'ils ne sont pas d'accord, je l'entends. Mais du coup, c'est une très bonne nouvelle l'ouverture de cette enquête auprès d'une brigade de police qui est spécialisée sur les atteintes à l'environnement. Elle va enquêter, mesurer, interroger. Elle va rendre compte au procureur. J'espère que derrière, il y aura l'ouverture d'une instruction.

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