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TotalEnergies accusé de fournir du kérosène à la Russie : pour Manon Aubry, l'entreprise "est devenue le complice indirect d'une guerre meurtrière"

Pour l'eurodéputée La France insoumise, le gouvernement doit réagir et s'impliquer  dans la décision du groupe de maintenir une partie de ses activités en Russie. 

Article rédigé par franceinfo
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L'eurodéputée Manon Aubry au Parlement européen, le 19 janvier 2022. (BERTRAND GUAY / POOL / AFP)

"On a une entreprise française qui est devenue le complice indirect d'une guerre meurtrière", dénonce Manon Aubry, députée européenne La France insoumise, invitée jeudi 25 août sur franceinfo. Elle réagit aux "révélations choquantes" du journal Le Monde concernant TotalEnergies. Sur la base de plusieurs documents et de l'enquête de l'ONG Global Witness, Terneftegaz, une entreprise codétenue à 49% par TotalEnergies et à 51% par le russe Novatek, est accusée de fabriquer du carburant destiné à alimenter des avions de guerre russes engagés dans le conflit en Ukraine, ce que Total dément.

Selon Manon Aubry, l'entreprise Total, "soumise à un devoir de vigilance", "est censée savoir ce qui est fait dans sa chaîne de production" et donc ce qui est fait du gaz qui est produit dans l'entreprise qu'elle codétient. Le groupe TotalEnergies, de son côté, explique au Monde que Novatek est l'opérateur des installations de la co-entreprise, qu'il n'en perçoit pas de dividende depuis février 2022, et qu'il ne dispose "ni d'information sur les ventes qui sont faites de manière indépendante par Novatek sur le marché russe, ni de contrôle sur ses ventes".

Le gouvernement doit "jouer un rôle"

"L'entreprise Total ne peut plus fermer les yeux, la France ne peut plus fermer les yeux", ajoute Manon Aubry. Elle estime que "le gouvernement doit aussi avoir une prise de parole" sur le sujet. "Le gouvernement est si prompt à supplier Total à baisser le prix de l'essence en France, mais ferme complètement les yeux sur les crimes de guerre qui sont réalisés en Ukraine avec une participation indirecte de Total", déclare-t-elle.

Par ailleurs, la députée européenne rappelle que c'est "le seul grand groupe pétrolier occidental qui est encore présent en Russie", alors que Shell et Eni ont quitté la Russie au début de la guerre en Ukraine. Après l'invasion russe de l'Ukraine, TotalEnergies a annoncé ne plus investir dans de nouveaux projets en Russie, mais maintenir encore des activités, concentrées essentiellement autour du gaz liquéfié. Manon Aubry invite le gouvernement français à jouer "un rôle" dans cette décision et estime que les quelques emplois perdus dans l'entreprise en cas d'un retrait de Russie "pourraient être compensés par l'Etat français".

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L'élue pointe par ailleurs du doigt "l'indécence" du bénéfice record enregistré par Total au premier semestre de l'année 2022. "Comment Emmanuel Macron ose-t-il encore épargner Total d'une taxe sur les superprofits quand on voit le contexte dans lequel Total fait ses bénéfices records ?", s'interroge-t-elle. "On savait déjà que Total faisait des profits records sur le dos des automobilistes obligés d'utiliser leur voiture et de payer une essence hors de prix, mais là, on est à un niveau encore supérieur", poursuit l'élue insoumise. "Pour quelques euros de bénéfices supplémentaires, Total alimente indirectement des crimes de guerre et fait des bénéfices sur des cadavres", déplore-t-elle.

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