Cet article date de plus de deux ans.

Prix des carburants : les transporteurs demandent "un gros coup de pouce de l'État"

Alors que le gazole et l'essence atteignent de nouveaux sommets, franceinfo s'est rendu dans une entreprise de transport du Nord qui, malgré toutes les astuces, craint de mettre la clé sous la porte d'ici la fin de l'année. 

Article rédigé par franceinfo - Laurine Benjebria
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2min
Romu Malphettes, responsable d'exploitation de l'entreprise Transports Chuffart, près de Lille (Nord), mardi 15 février 2022. (LAURINE BENJEBRIA / RADIO FRANCE)

Pour faire rouler ses 60 camions, l'entreprise Transports Chuffart, près de Lille, remplit chaque semaine sa cuve de carburant. Montant de la facture : 60 000 euros, soit 25% de plus que l'an dernier. En un an le prix du litre de gazole a augmenté de plus de 30 centimes et la tendance est toujours à la hausse. Alors pour alléger la facture, chaque routier y va de sa technique. Jean-Louis s'est fait une carte des stations-services les plus abordables : "On joue le jeu pour le patron d'aller dans les stations les moins chères. Il nous dit : 'tu prends le gazole premier prix et puis tu fais un complément et tu feras le plein au dépôt'."

Rouler moins loin et renégocier les contrats

Autre astuce : l'éco-conduite. Tous les chauffeurs y sont formés et depuis, Yann privilégie le frein moteur : "Comme on a du poids, on est poussé par le poid. Si on a une petite descente, le camion continue à rouler, c'est du zéro consommation." Il a aussi fallu revoir les trajets, comme l'explique le responsable d'exploitation, Romu Malphettes : "On va faire prendre l'autoroute aux camions puisqu'ils sont moins sollicités donc ils consomment moins. Mais comme le prix des péages a aussi augmenté, finalement on s'y retrouve de moins en moins. Donc on va éviter de descendre dans le sud de la France, de trop aller sur Paris pour rien."

Le transporteur nordiste a bien tenté d'amortir les prix en répercutant la hausse auprès de ses clients. "On a réussi à renégocier quelques contrats mais on est en dessous de ce qu'on espérait pour pouvoir sortir notre épingle du jeu sans chercher à faire des bénéfices. On parle vraiment de la viabilité de notre entreprise", explique Romu Malphettes. Car face à cette situation, le responsable d'exploitation  finit par se demander s'il parviendra à finir l'année.

"On se sert de nos propres fonds, de notre propre trésorerie pour faire tourner les camions, ce qui à l'avenir ne peut pas être viable."

Romu Malphettes

à franceinfo

"On aimerait un gros coup de pouce de l'État, plaide-t-il. Quand on achète le gazole, on paie une partie des taxes qui nous est reversée derrière pour compenser. C'est-à-dire que chaque semestre, on nous rend à peu près 10% des taxes qu'on a payées. Il faudrait que ce soit doublé".

Des appels qui ne suffisent plus, s'agacent certains routiers. Sans réponse de l'État, Yann veut hausser le ton : "Les patrons ils vont devoir bouger. On va devoir faire grève. Je ne vois que ça pour baisser les prix. Ils n'ont pas trop le choix, c'est nous qui faisons tourner la France. Je pense que certains l'oublient un peu."

Sur le parking des Transports Chuffart, la flambée des prix est le sujet de conversation des routiers. Le carburant représente un quart du budget des transporteurs.

Un transporteur face au prix des carburants : reportage de Laurine Benjebria

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.