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"On n'a même pas eu le temps de dire bonjour qu'on s'est fait gazer" : frustrés, les "gilets jaunes" préparent leur prochaine manif à Paris

Après les affrontements du weekend entre "gilets jaunes" et forces de l'ordre sur les Champs-Élysées, les militants cherchent à présent à structurer leur mouvement. Et trouver de nouvelles actions. 

Article rédigé par Grégoire Lecalot
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3min
Des manifestatns "gilets jaunes" sur les Champs-Elysées lors de la manifestation du samedi 24 novembre 2018. (BENJAMIN ILLY / RADIO FRANCE)

Après les manifestations du week-end, le mouvement des "gilets jaunes" cherche une suite à donner à la mobilisation. Les chiffres de participation sont en baisse – 106 000 personnes dans toute la France – mais les images des violences à Paris ont marqué les esprits. 

>> "Gilets jaunes" : le point sur la mobilisation lundi, région par région

Samedi 24 novembre, sur les Champs-Élysées, Mélodie Mirandella était parmi les milliers de "gilets jaunes" qui ont fait face aux forces de l'ordre. Elle est restée toute la journée sur l'avenue parisienne, asphyxiée de fumées d'incendies et de gaz lacrymogènes. Mais elle estime ne pas avoir pu se faire entendre. "On est arrivés, on n'a même pas eu le temps de dire bonjour, on s'est fait gazer complètement, explique cette mère de famille de 35 ans, au caractère bien trempé, venue de Seine-et-Marne. On a essayé de manifester, on a essayé de donner notre avis. Franchement, vous avez vu quelqu'un qui a donné son avis ? Est-ce que quelqu'un a pu aller à l'Elysée ? Est-ce qu'on a pu crier notre désespoir ? Absolument pas. On a crié notre souffrance avec les gaz lacrymogènes. Mais nous, on veut des réponses concrètes."

"De toutes façons on y retournera !"

Mélodie Mirandella a donc pris acte du nouvel appel à manifester à Paris, samedi 1er décembre, même si son origine et son authenticité posent question au sein du mouvement. "Je pense que les Français en ont tellement marre, ils sont tellement en souffrance, que de toutes façons on y retournera !", lâche-t-elle, en espérant que la nomination de porte-paroles officiels des "gilets jaune"s permettra de se faire entendre. "De toutes façons, les Français ont le même mot d'ordre, analyse-t-elle. On est tous en souffrance et on sait pourquoi. Ces porte-paroles, ils sont dans la même situation que nous et donc ils vont nous représenter. C'est obligé."

En attendant, Mélodie n'exclut pas des actions ciblées sur des installations stratégiques, comme des raffineries. Car les blocages routiers font débat parmi les "gilets jaunes". Thibaut Veyron, chauffeur de car dans le Nord, a rejoint le mouvement. Pour lui, il faut cesser ce genre d'action. "Il y a des gens qui vont perdre leur emploi, il y a des étudiants qui ont besoin des CDD à Noël pour payer leurs études. Et puis il y a un autre problème, c'est pour ça qu'il faut vraiment arrêter : il y a des collégiens et des lycéens qui arrivent systématiquement en retard dans leurs établissements scolaires. Le soir, ils rentrent à 20h au lieu de rentrer à 18h. Et le matin ils arrivent à 10h au lieu d'arriver à 7h45."  Le jeune chauffeur de car milite pour des opérations péages gratuits sur les autoroutes, mieux acceptées par la population.

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