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Blocage du 17 novembre : quelle est la position des partis politiques vis-à-vis des "gilets jaunes" ?

Participera ? Participera pas ? Les partis se divisent au sujet de l'attitude à adopter face à la mobilisation, entre récupération du mouvement citoyen et occasion de critiquer le gouvernement.

Article rédigé par franceinfo
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Jean-Luc Melenchon lors d'un meeting à Pau, le 8 novembre 2018. (IROZ GAIZKA / AFP)

Les "gilets jaunes" n'ont pas attendu les responsables politiques pour s'organiser afin de manifester, samedi 17 novembre, contre la hausse des prix des carburants. Mais ces derniers ne peuvent plus rester silencieux devant l'ampleur de la mobilisation qui s'annonce. Entre volontés de s'associer au mouvement, soutiens discrets et craintes d'une récupération de l'extrême droite, les différents partis politiques hésitent sur la position à tenir face à ce rassemblement populaire. 

Le PS soutient les "gilets jaunes"

La semaine dernière, le bureau national du Parti socialiste a approuvé un texte déclarant son soutien aux "gilets jaunes". "Si la mobilisation citoyenne prend de l'ampleur, ce n'est pas parce que nos concitoyens sont opposés aux mesures de transition énergétique, mais parce que ces augmentations s'ajoutent à une politique fiscale injuste", écrit la direction du PS.

Le parti dirigé par Olivier Faure propose ainsi "un grand grenelle du pouvoir d'achat et du financement de la transition écologique". Dans la même veine, les députés socialistes ont présenté un simulateur pour permettre aux ménages d'évaluer la baisse "sans précédent" de leur pouvoir d'achat liée à l'actuelle fiscalité énergétique, qu'ils estiment "injuste socialement" et "inefficace écologiquement".

Les écologistes font preuve de compréhension

Sans aller jusqu'à soutenir le mouvement, les écologistes disent comprendre la colère des Français. Mais Benoît Hamon, fondateur du mouvement Génération.s, ne participera pas pour autant à la manifestation. L'ancien candidat à la présidentielle laisse le choix à ses troupes : "C'est une manifestation d'initiative non-partisane. (...) Nous on ne fera pas les poches électorales des citoyens français", a-t-il expliqué sur BFMTV.

Yannick Jadot a également déclaré sur RMC qu'il comprenait "la grogne des automobilistes qui se sentent floués par la fiscalité dont ils ne sont pas les premiers bénéficiaires". Favorable à la taxe carbone, il a toutefois jugé nécessaire d'"accompagner les Français" face à la fiscalité écologique : "Chaque euro collecté doit être rendu, sinon il y a un ras-le-bol généralisé."

La France insoumise souhaite leur "succès"

Jean-Luc Mélenchon n'a pas encore indiqué s'il manifesterait, mais il a annoncé qu'il souhaitait le "succès" du mouvement du 17 novembre. "Cette colère est juste. Elle porte sur quelque chose qui a un sens. Cette affaire d'augmentation des carburants détrousse les braves gens qui vivent de leur travail", a estimé le député des Bouches-du-Rhône, jeudi 8 novembre, lors d'un meeting à Pau. Le leader de La France insoumise a également dit ne pas craindre la récupération de cette mobilisation par l'extrême droite : "Il y a aussi beaucoup de fâchés qui ne sont fachos."

Trois autres députés de La France insoumise ont ces derniers jours indiqué qu'ils participeraient au mouvement, "à titre personnel". Il s'agit d'Alexis Corbière, Adrien Quatennens et François Ruffin. L'élu de la Somme a expliqué ne pas vouloir "laisser la colère des Français être récupérée par Marine Le Pen".

A l'inverse, Clémentine Autain, députée de Seine-Saint-Denis, a indiqué sur franceinfo qu'elle ne participerait pas à la mobilisation, disant ne pas se reconnaître dans ceux qui défendent un "ras-le-bol fiscal". "Ma préoccupation est de rassembler toutes celles et ceux, dans et en dehors de cette manifestation, qui ont comme priorité de lutter contre le réchauffement climatique", a-t-elle précisé.

Les Républicains participeront à la mobilisation

Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a fait savoir qu'il participerait à une manifestation samedi pour dénoncer la hausse des prix des carburants. "Bien entendu, on soutient ces mouvements citoyens", a déclaré sur franceinfo Fabien Di Filippo, secrétaire général adjoint des Républicains.

"On ne souhaite pas un blocage du pays qui serait pénalisant pour nos concitoyens mais cela ne nous empêchera pas de nous associer à ce mouvement-là", a précisé le député de la Moselle. Pour ne pas être accusé de récupération politique, il a précisé que le parti Les Républicains "n'iraient pas tracter sur les manifestations. On y participera en tant que citoyen".

Le RN approuve ces manifestations

A l'inverse de Laurent Wauquiez, Marine Le Pen "assume" de ne pas participer aux manifestations du 17 novembre. La présidente du Rassemblement national ne se voit pas aux côtés des "gilets jaunes", bien qu'elle les soutienne, parce qu'elle croit "que la place d'un chef de parti n'est pas au sein des manifestations", a-t-elle justifié sur France Inter, dénonçant au passage les tentatives de récupération de certains politiques.

Je respecte aussi le caractère apolitique de cette manifestation.

Marine Le Pen

sur France Inter

D'autres membres du parti d'extrême droite ont toutefois indiqué vouloir participer au rassemblement, à l'image du député Sébastien Chenu sur franceinfo : "Je serai présent en mon titre de citoyen, pas en celui d'élu."

Debout La France encourage le mouvement

Nicolas Dupont-Aignan a été l'un des premiers politiques à exhorter les citoyens à "rejoindre la contestation". "Il faut bloquer toute la France le 17 novembre, il faut que la population française dise à ce gouvernement : 'maintenant ça suffit'", déclarait le président de Debout la France sur RMC, dès le 26 octobre.

L'un des premiers à promouvoir le mouvement des "gilets jaunes" est aussi membre du parti de Nicolas Dupont-Aignan. Frank Buhler a ainsi mis un coup de projecteur sur la mobilisation dans une vidéo publiée le 23 octobre sur Facebook. "Je vous propose à tous de contacter vos amis et d'aller bloquer votre ville, les rocades, les péages d'autoroute", lance ce militant du Tarn-et-Garonne. Et de continuer : "Je vous demande de partager massivement cette vidéo." Cette dernière a été vue plus de 4 millions de fois.

Le gouvernement et la majorité font bloc

Emmanuel Macron et ses ministres s'activent depuis plusieurs jours pour déminer la mobilisation du 17 novembre. "On trouve derrière [les "gilets jaunes"] un peu tout et n'importe quoi. Et des gens qui n'ont pas beaucoup de projet pour le pays, si ce n'est de le mettre à l'arrêt", a lâché le président de la République sur Europe 1. Il a aussi plusieurs fois répété que la hausse des tarifs à la pompe venait d'abord de l'augmentation du prix du pétrole. "Le carburant, c'est pas bibi !" a lancé le chef de l'Etat, lors d'un déplacement à Verdun.

Les ministres sont également montés au créneau, à commencer par la secrétaire d'Etat auprès du ministre de la Transition écologique, Emmanuelle Wargon, qui a répondu sur les réseaux sociaux à une vidéo virale d'une automobiliste en colère. "Il n'y aucun complot du gouvernement contre la voiture", a-t-elle martelé avant d'insister sur les mesures mises en place pour aider les plus défavorisés, à commencer par la revalorisation du "chèque énergie" – qui doit passer de 150 à 200 euros.

Enfin, des militants de La République en marche ont également souhaité faire entendre leur voix contre le mouvement du 17 novembre. Loïc Branchereau, collaborateur du parti présidentiel à Strasbourg, a lancé sur les réseaux sociaux le mot-dièse #sansmoile17 en dénonçant une "extrême droite à la manœuvre". "On ne peut pas vouloir faire de l'écologie sans en assumer les conséquences", explique-t-il aussi dans Le Journal du dimanche.

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