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"Manspreading", odeurs, promiscuité… Les 11 plaies des transports en commun en gifs animés

Si les transports en commun sont une des meilleures façons de se déplacer efficacement en ville, leurs usagers sont un peu des héros du quotidien. Car les épreuves qu'ils affrontent sont énormes.

Article rédigé par Marie-Adélaïde Scigacz
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 11min
Une rame de métro de la ligne 12 à la station Montparnasse, à Paris, le 30 novembre 2016. (MAXPPP)

La polémique sur le "manspreading" révèle une triste vérité : les humains peinent à partager les espaces confinés. Alors qu'en ville, les transports en commun restent souvent le moyen le plus rapide pour se rendre au travail (et une option bien plus propre que la voiture), les bus, trams et métros révèlent aussi la part sombre de notre humanité. 

En cette période de forte chaleur rythmée par un débat sur l'écartement des cuisses dans les rames bondées, franceinfo s'est penché sur ce qui nous rend fous dans les transports en commun.

1Les heures de pointe

Voyager aux heures de pointe est insupportable. Pour tout le monde. Même la science le dit. Selon une étude publiée en 2012 dans La Revue d'économie industrielle et menée en 2009 sur la ligne 1 du métro parisien, "75 % des usagers de la ligne 1 sont prêts à rallonger d’au moins 5 minutes leurs déplacements afin de bénéficier d’un plus grand confort durant les heures de pointe".

Pour autant, peu d'employeurs proposent des horaires flexibles, susceptibles de fluidifier les transports en commun, comme le prônent les acteurs du secteur. "Un décalage de 5% des horaires peut suffire à désaturer un train", expliquait, en décembre 2016, Carole Tabourot, directrice adjointe marketing et services de SNCF Transilien, citée par Le Parisien. A Rennes et à Grenoble, les sociétés de transports en commun ont demandé aux universités de décaler le début des cours, expliquait-on en mars 2013. La mesure, qui n'a pas coûté un sou, a permis de diminuer la fréquentation du trafic à l'"hyper-pointe." 

2Le "manspreading" (et les étalements en tout genre)

Le "manspreading" désigne la fâcheuse tendance de certains hommes à écarter les cuisses sur leur siège comme s'ils étaient dans un transat, là où les femmes prennent l'habitude de se recroqueviller. Or, en transit, la courtoisie élémentaire serait de respecter son voisin ou sa voisine et de ne pas prendre inutilement la place de plusieurs voyageurs.

Le phénomène a donné lieu à des campagnes de sensibilisation dans des stations de métro à travers le monde, de New York à Tokyo en passant par Madrid. De même, laisser son sac sur un siège et non sur ses genoux alors qu'une rame se remplit mérite la seule et unique amende possible à ce stade : un regard empli de haine. 

3L'extension du quotidien

Être ivre, agressif ou injurieux, cracher, incommoder les voyageurs avec de la musique, laisser un bagage abandonné sans surveillance... De nombreuses infractions, plus ou moins graves, peuvent faire l'objet d'une contravention (ou plus, en fonction de la gravité) dans les transports en commun, explique le Centre d'information et de documentation jeunesse (CIDJ). En effet, le Code pénal et le Code des transports s'y appliquent. Poser ses pieds sur la banquette du métro ou troubler la tranquillité des voyageurs peut coûter de 60 à 375 euros en cas de retard de paiement, rappelle ainsi la RATP.

Mais les incivilités mineures pourrissent aussi la vie des voyageurs. Ne pas se lever de son strapontin aux heures de pointe, se couper tranquillement les ongles de pieds, se maquiller ou avaler son burger… Dans ce rapport de 2015 réalisé par TNS Sofres pour la RATP, les usagers pointaient deux pratiques désagréables en augmentation : parler fort au téléphone et manger dans la rame ou le bus.

Une bonne nouvelle toutefois : "La fréquence globale des incivilités a baissé de 6% entre 2012 et 2015." L'humanité peut donc, avec de l'entraînement, apprendre à laisser sortir les gens de la rame avant d'y entrer. 

4La promiscuité (et les "frotteurs" qui en profitent)

Dans les transports, nous avons tous un point commun : celui de vouloir s'asseoir seul. Pour ce faire, "nous adoptons toutes sortes d'attitudes, comme feindre d'être occupé, regarder son téléphone, fouiller dans des sacs (…). Nous lançons même des regards haineux", a expliqué en 2012 une chercheuse en sociologie de l'université de Yale, citée par LiveScience (en anglais). Aux heures de pointe (encore elles…), il faut donc ignorer ce puissant désir de solitude et de confort. 

A minima désagréable, la promiscuité peut même encourager une forme de harcèlement sexuel propre aux transports en commun : celle perpétrée par les "frotteurs", ces hommes qui profitent des heures de pointe pour coller les voyageuses, les toucher, voire se masturber. En juin 2015, une unité spécialisée a été créée au sein de la sous-direction régionale de la police des transports pour lutter contre ce phénomène, jusque-là difficile à quantifier, car peu de victimes déposaient plainte. Cette année-là, la préfecture de police de Paris a ainsi élucidé 114 affaires d'agressions sexuelles dans les transports en commun, attribuées à des "frotteurs"

Une avancée importante, d'autant que 100 % des femmes assurent avoir été victimes d’une forme de harcèlement dans les transports en commun au moins une fois dans l'année, selon un rapport du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes. Le Syndicat des transports d'Ile-de-France (Stif) doit d'ailleurs lancer une campagne en 2018 pour lutter contre le harcèlement dans les transports.

5La solitude

Le métro bondé procure une expérience horrible, mais il faut reconnaître que le métro complètement vide n'est pas génial non plus. Comme si quelque chose d'étrange se tramait… 

En réalité, de nombreux sites de voyage conseillent d'être prudent lorsque vous empruntez les transports en commun aux horaires les plus creux (notamment tard le soir, tôt le matin, et la nuit dans les villes dont le métro fonctionne en continu). "Il est possible de prendre le métro à 3 heures du matin sans se faire agresser, explique le site SmarterTravel au sujet du métro de New York. Mais si vous prenez le métro tard le soir ou au petit matin, assurez-vous de bien connaître votre itinéraire et essayez de rester à l'avant du train, près de la cabine du conducteur, ou dans celle du milieu, où il y a plus de monde. Ne restez pas seul dans un wagon de queue vide." Vous avez dit angoisse ?

6Les odeurs 

Selon un porte-parole de la RATP interrogé par 20 Minutes en juin, "les plaintes de nos voyageurs portent en premier lieu sur les incivilités relatives à la propreté". Impossible de maintenir un espace impeccable dès lors qu'il est traversé chaque jour par des milliers de personnes. 

Du coup, l'odeur peut rendre un voyage plutôt désagréable, surtout l'été, quand les vieilles rames aux fenêtres coincées se transforment en sauna. Mais sachez qu'elle varie de station en station, avait relevé en 2010 la parfumeuse Céline Ellena. Sa description olfactive de la station Châtelet, en plein cœur de Paris ? "Odeur de soufre, d'œufs pourris, de chaussettes très sales, de pipi de chat, camouflée par un emploi excessif de parfum à l'odeur de muguet et de pamplemousse." Nickel. 

7L'ambiance pourrie… 

C'est une loi implicite : dans les transports en commun, il convient d'adopter une expression faciale neutre. Et c'est souvent un reproche adressé aux Parisiens par ceux qui sont en visite dans la capitale : "Roh la la, les gens font vraiment la gueule dans le métro !" Et pourtant… Une étude menée sur 18 000 personnes en 2014 par l'université d'East Anglia, en Angleterre, assure que les personnes qui se rendent au travail en transports en commun sont globalement plus heureuses et moins stressées que celles qui se déplacent en voiture.

"On pourrait penser que les pannes et la foule seraient des facteurs de stress important. Mais comme le bus et le train permettent aux personnes de se détendre, de lire ou de sociabiliser, sans oublier la marche pour se rendre à la station de métro, de train ou à l'arrêt de bus, cela leur fait du bien", explique l'un des auteurs dans The Telegraph. L'ambiance pourrie dans les transports en commun serait donc un mythe ? Pas sûr. D'autres études (comme rapportées ici par le New York Times) rapportent une hausse du stress en période d'hyper-pointe ainsi que sur les longs trajets

 … ou trop festive

Dans les transports en commun du monde entier, il est interdit d'être ivre, de fumer ou d'écouter de la musique à un niveau sonore susceptible de déranger vos compagnons de voyage. En France, ces infractions sont punies d'une contravention, mais encore faut-il qu'un contrôleur passe dans les parages. 

Si faire la fête dans le métro peut pourtant sembler une bonne idée, il convient donc de rester relativement calme. Une pensée émue pour tous ceux qui ont déjà dû prendre le premier métro à 5 heures du matin un samedi ou un dimanche pour aller travailler, seul (ou presque) au milieu des fêtards. Cafard garanti. 

9L'art non sollicité 

Sans commentaire. 

10Le prix

"Bonjour mesdemoiselles, ça fera 1,90 euro chacune, en plus des 1,90 euro que vous venez de payer pour venir jusqu'ici en métro."

Le site de la RATP est formel : avec un ticket, vous pouvez utiliser le métro pendant deux heures à partir de la validation, prendre le métro puis le RER (ou deux RER), deux bus ou un bus puis un tram, ainsi que deux trams. Prendre le métro puis le bus ? C'est mort. 

Dans certains pays, le prix des transports en commun est si sensible qu'il provoque des émeutes. C'est notamment le cas au Brésil, où les usagers exaspérés par un service coûteux, lent et mal organisé ont protesté contre la hausse du tarif du ticket de bus, en 2013 ainsi qu'en 2016. 

11La compétition 

Des millions d'adultes jouent aux chaises musicales tous les jours à travers le monde. Et c'est pas joli-joli. Si des études et expériences plus ou moins scientifiques ont été menées pour déterminer la façon dont les usagers se plaçaient les uns par rapport aux autres (la règle d'or : ne pas coller quelqu'un dans un wagon vide) ou pour cerner la personnalité des voyageurs en fonction de la place qu'ils choisissent dans le bus (les rebelles au fond, les sociables au milieu, les plus francs devant), le but ultime est toujours le même : trouver une place. 

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