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Un CRS peut-il gagner "500 euros par week-end", comme l'a affirmé l'un d'eux face au "gilet jaune" Maxime Nicolle ?

Lors d'un échange filmé par "Fly Rider" lors de la 22e journée de mobilisation des "gilets jaunes" à Toulouse samedi, un CRS s'est vanté de gagner cette somme chaque week-end.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Une manifestation de "gilets jaunes" à Toulouse, le 13 avril 2019. (SANDRA FASTRE / HANS LUCAS)

La séquence fait réagir et soulève des questions. Lors de la 22e journée de mobilisation des "gilets jaunes" à Toulouse (Haute-Garonne), samedi 13 avril, un CRS a lancé à Maxime Nicolle, l'une des figures du mouvement : "Je prends 500 euros par week-end. Vous, je ne suis pas sûr que vous les ayez". Vrai ou faux ?

Maxime Nicolle venait de comparer le fonctionnaire à un "Robocop". Difficile de dire toutefois si, dans la vidéo, le policier est sérieux ou ironique. Reste que la somme de 500 euros évoquée par le CRS a suscité de nombreuses réactions. Dimanche matin, la vidéo diffusée sur Facebook avait ainsi été visionnée près de 50 000 fois et les commentaires critiquant cette somme étaient nombreux.

Des journées entières peuvent être payées en heures sup'

Pour le secrétaire national CRS-Unsa police David Michaux, contacté par franceinfo, ce chiffre est très exagéré. Il détaille ainsi les primes auxquelles a droit un CRS. "S'il est en déplacement, comme ça semble être le cas ici, le CRS touche une indemnité journalière d'absence temporaire, d'un montant de 40 euros par jour". Cette indemnité sert à couvrir des frais annexes (achat de rasoir, de papier toilette, etc.), hors repas et logement, qui sont pris en charge.

S'y ajoutent des heures supplémentaires. Au-delà de 7 heures et 48 minutes – la durée de la journée règlementaire – le policier touche 12,47 euros de l'heure en plus de son salaire. Une prime non imposable. Mais attention, une petite subtilité peut entrer en œuvre. Si le CRS est réquisitionné le samedi ou le week-end entier alors que ce n'était pas prévu initialement, il est payé en heures supplémentaires dès la première heure de travail.  

On vous appelle, on vous dit, 'demain samedi, prise de service à 4 heures du matin'. Tout le temps effectué est compté en heures supplémentaires. Si la journée dure 12 heures, vous touchez 12 x 12,47 euros" [soit 149,64 euros].

David Michaux (CRS-Unsa Police)

à franceinfo

Et les journées à rallonge n'ont rien d'exceptionnel, selon le secrétaire général du syndicat Unité-SGP Police FO, Yves Lefebvre. "Elles peuvent durer jusqu'à 16, 17 ou même 19 heures d’affilée. Et le policier peut retravailler le lendemain puisqu'il n'y a pas en l'état d'application du texte européen obligeant à 11 heures de repos physiologique entre deux journées de travail. Dans le cas de la police, il n'y a pas de maximum. On a eu un cas de figure l'an dernier, avec des agriculteurs, où les policiers ont travaillé 32 heures d'affilée, sachant qu'on compte le temps de transport dedans".

"Dans le cas précis de Toulouse, il ne gagnera pas 500 euros le week-end"

Une journée de 12 heures avec prime de déplacement rapporte donc au CRS 149,64 euros + 40 euros, soit 189 euros. Si l'on y ajoute sa paie normale pour une journée de travail – les deux syndicalistes l'évaluent à environ 70 euros pour un "gardien de la paix" gagnant entre 2 000 et 2 200 euros par mois – tout compris, le samedi serait ainsi rémunéré 259 euros. Si le dimanche s'inscrit dans la même configuration, le week-end pourrait effectivement rapporter 518 euros. Encore faut-il que les exigences de maintien de l'ordre soient tout aussi intenses deux jours de suite, ce qui reste tout à fait théorique.

"Dans le cas précis de Toulouse, le policier ne gagnera pas 500 euros le week-end", assure Yves Lefebvre, avant de préciser : "C'est rarissime, mais ça peut se produire. Et ce n'est pas cher payé pour assurer le maintien de l'ordre". "C'est un peu stupide, sa remarque", conclut de son côté David Michaux. Même s'il veut  surtout y voir "de l'humour déplacé et un peu de provocation", le secrétaire national CRS-Unsa police n'a guère apprécié la boutade.

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