Un an des "gilets jaunes" : un gendarme était-il infiltré avec son bouclier parmi les casseurs ?
Contactée par franceinfo, la gendarmerie nationale assure que le bouclier a été "arraché à un escadron qui faisait face à des manifestants déterminés et violents".
La photo d'un homme habillé de vêtements sombres, le visage dissimulé, et tenant contre lui un bouclier de gendarmerie, agite les réseaux sociaux, mardi 19 novembre. Certains internautes veulent y voir la preuve que des membres des forces de l'ordre s'habillent en civil pour infiltrer les manifestants et jouer les "casseurs", provoquant ainsi les violences que policiers et gendarmes répriment ensuite. Mais qui était donc cet individu et que faisait-il avec ce bouclier ?
L'image, postée sur Twitter dans un message depuis supprimé, juxtapose deux photos : celle de cet homme au bouclier, avec à ses côtés un autre homme masqué, et celle de ce second individu, reconnaissable au col en fourrure de son blouson, à son bonnet et à ses chaussures, armé d'une tige en métal s'attaquant au monument en hommage au maréchal Juin. Sur Twitter, le député La France insoumise Alexis Corbière a jugé ces deux photos "très choquantes". L'élu a avancé deux hypothèses : "les casseurs ont-ils volé un bouclier aux gendarmes" ou le "casseur" était-il "sous protection des forces de l'ordre" ?
La première photo se retrouve sur la page Facebook du journaliste et essayiste Laurent Obertone, apprécié de l'extrême droite, avec ce commentaire : "Beau trophée ahahah". "C'est un 'snap' [une image envoyée sur l'application Snapchat] qui a un peu circulé", confirme l'auteur à franceinfo, qui l'a prise sur un autre profil Facebook.
Le protagoniste du second cliché apparaît dans la même situation dans une vidéo du Figaro, reprenant des images de l'agence Associated Press montrant le saccage du monument en hommage au maréchal Juin, samedi 16 novembre, place d'Italie à Paris, pendant la manifestation des "gilets jaunes", à l'occasion du premier anniversaire de leur mouvement.
Contactée par franceinfo, la gendarmerie nationale confirme que l'individu qui tient le bouclier siglé gendarmerie "n'est pas un gendarme" et que le bouclier a bien été "volé". "Le bouclier a été arraché à un escadron de gendarmerie mobile qui faisait face à des manifestants déterminés et violents", samedi, sur la place d'Italie, explique la gendarmerie nationale.
Plusieurs vidéos confirment ce scénario. Cette séquence, tournée par une agence de presse indépendante filmant les manifestations, montre un mouvement de foule forçant un cordon de gendarmes. Les coups pleuvent des deux camps. Les gaz lacrymogènes emplissent l'air. Un manifestant s'enfuit avec un bouclier de la gendarmerie. Dans la bousculade, un gendarme a également son casque arraché et un manifestant part avec.
Cette autre vidéo, filmée par un journaliste indépendant, Amar Toualit, montre la suite de l'action. Un jeune homme au visage dissimulé pose avec le bouclier, faisant un doigt d'honneur. Une voix explique que l'objet est tombé à terre et qu'il a été ramassé. "C'était vers 16 heures", "pas loin de la place d'Italie", confirme le reporter à franceinfo. "Ils ont poussé un barrage de gendarmes pour sortir de la place d'Italie et ils ont pris le bouclier des gendarmes et ils sont partis."
Le bouclier refait son apparition dans une vidéo (à 1h16) du Média, la webtélé lancée par Sophia Chikirou, proche de Jean-Luc Mélenchon et de La France insoumise. Des manifestants ont retourné une voiture et tentent de l'incendier. Le bouclier est jeté au sol en direction du véhicule. Il est ramassé par un manifestant, puis passe de main en main, chacun voulant poser avec l'objet pour une photo souvenir. "C'est une prise de guerre, ça !", "Prenez-le !", "Prends-moi en photo !", lancent des voix.
L'un des manifestants finit par partir en courant avec le bouclier, alors que des grenades lacrymogènes explosent au loin. On reconnaît à son manteau bleu sombre à capuche et à cordelettes blanches et à ses baskets à liserés verts l'homme qui pose avec le bouclier sur la photo à l'origine de la rumeur. "Sans doute avez-vous raison", a concédé sur Twitter Alexis Corbière au journaliste indépendant Gaspard Glanz, qui lui opposait cette démonstration.
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