Politiques, intellectuels, journalistes... Ils s'indignent après les insultes antisémites proférées à l'encontre d'Alain Finkielkraut
Le philosophe et écrivain a été injurié et menacé lors d'une manifestation de "gilets jaunes" à Paris, samedi. Alors que le parquet de Paris a ouvert une enquête, l'ensemble de la classe politique et intellectuelle a condamné cette agression verbale.
Une classe politique unanime, des associations vent debout, des intellectuels et des journalistes indignés... Tous ont réagi avec virulence après les insultes (dont certaines étaient antisémites) qui ont visé, samedi 16 février, le philosophe et écrivain, Alain Finkielkraut, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" à Paris. "Sale sioniste de merde, tu vas mourir !", "dégage !", ont hurlé des manifestants à l'encontre de l'académicien. "Nique ta mère !", a lancé un autre, tandis que des personnes ont crié "Palestine !". Dans le brouhaha, on entend d'autres insultes proférées, notamment "sale race" et, plus indistinctement, des injures qui ressemblent à "sale juif". Dimanche, le parquet de Paris a ouvert une enquête pour "injure publique en raison de l’origine, l’ethnie, la nation, la race ou la religion". Franceinfo répertorie les principales réactions après cette bordée d'injures.
Les réactions du gouvernement et d'Emmanuel Macron
Le chef de l'Etat a réagi en début de soirée aux injures visant le philosophe. "Fils d’émigrés polonais devenu académicien français, Alain Finkielkraut n’est pas seulement un homme de lettres éminent mais le symbole de ce que la République permet à chacun", a d'abord écrit sur Twitter Emmanuel Macron, avant d'ajouter : "les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolérerons pas."
Les injures antisémites dont il a fait l’objet sont la négation absolue de ce que nous sommes et de ce qui fait de nous une grande nation. Nous ne les tolèrerons pas.https://t.co/WSUTuJmQWX
— Emmanuel Macron (@EmmanuelMacron) 16 février 2019
Le président de la République a été rejoint par plusieurs membres du gouvernement qui condamnent tous unanimement "ce déferlement de haine" qui "est tout simplement insupportable", selon les mots du ministre de l'Intérieur.
Un déferlement de haine à l’état pur que seule l’intervention de la police a interrompu.
— Christophe Castaner (@CCastaner) 16 février 2019
Assister à une telle scène à Paris, en 2019, est tout simplement INTOLÉRABLE.
Je viens de m’entretenir avec Alain Finkielkraut pour l’assurer de mon soutien absolu.https://t.co/8pXQ6upYfR
"Nous devons être rassemblés et forts face à ces haineux, racistes et antisémites, qui menacent la République et notre démocratie", a, de son côté, déclaré, le ministre de la Culture.
Nous devons être rassemblés et forts face à ces haineux, racistes et antisémites, qui menacent la République et notre démocratie. https://t.co/ELIxl55UdO
— Franck Riester (@franckriester) 16 février 2019
Le porte-parole du gouvernement, Benjamin Griveaux, a lui évoqué "la bête immonde tapie dans l'anonymat d'une foule".
La haine à l’état brut dans les rues de Paris contre Alain #Finkielkraut hué aux cris de « sale Juif ».
— Benjamin Griveaux (@BGriveaux) 16 février 2019
La bête immonde tapie dans l’anonymat d’une foule.
Ceux qui insultent ont le visage découvert. J’espère qu’ils seront identifiés, poursuivis et lourdement condamnés. #Acte14 https://t.co/JzmePiO8HM
Dimanche matin, c'était au tour de Jean-Yves Le Drian, ministre de l'Europe et des Affaires étrangères, de faire part de son "écœurement et dégoût face à ces images révoltantes".
Écœurement et dégoût face à ces images révoltantes. Tout mon soutien à Alain Finkielkraut. Ensemble réagissons ! https://t.co/ig94r50dIZ
— Jean-Yves Le Drian (@JY_LeDrian) 17 février 2019
Les réactions de la classe politique
De gauche comme de droite, les responsables politiques ont unanimement dénoncé cette agression verbale. "Ceux qui piétinent la dignité de nos compatriotes et salissent notre pays me trouveront toujours sur leur route", a écrit le patron de LREM, Stanislas Guerini, en appelant à se retrouver mardi au rassemblement contre l'antisémitisme.
Ceux qui piétinent la dignité de nos compatriotes et salissent notre pays me trouveront toujours sur leur route.
— Stanislas Guerini (@StanGuerini) February 16, 2019
Tous unis mardi prochain place de la République à 19h pour dire NON à la haine. #Finkielkraut
Le président des Républicains, Laurent Wauquiez, a lui parlé "d'abjects crétins", tout en se demandant : "quand ouvrirons-nous les yeux ?"
D'abjects crétins... Révoltante confirmation de ce qu'Alain Finkielkraut a pointé lui-même : l'antisémitisme se drape dans les habits de l'antiracisme et se nourrit de la chasse aux prétendus islamophobes. Quand ouvrirons-nous les yeux ? https://t.co/jGdSbTFd2J
— Laurent Wauquiez (@laurentwauquiez) 16 février 2019
De son côté, Olivier Faure, patron des socialistes, a dénoncé une "inadmissible, intolérable, insupportable agression antisémite d'A.Finkielkraut".
Inadmissible, intolérable, insupportable agression antisémite d’A.Finkielkraut. Totale solidarité. #çaSuffit
— Olivier Faure (@faureolivier) 16 février 2019
Marine Le Pen a, elle, fait le rapprochement entre "l'agression d'Alain Finkielkraut" et "la tentative d'infiltration du mouvement des 'gilets jaunes' par l'extrême gauche antisémite".
L’agression d’Alain #Finkielkraut aujourd’hui est un acte détestable et choquant, qui illustre la tentative d’’infiltration du mouvement des #GiletsJaunes par l’extrême-gauche antisémite.
— Marine Le Pen (@MLP_officiel) 16 février 2019
On attend des condamnations exemplaires et non le laxisme judiciaire habituel. MLP
Du côté de la France insoumise, des personnalités de la formation ont réagi.
Les propos antisémites et racistes déshonorent tjrs leurs auteurs. Ils doivent être condamnés fermement.
— Alexis Corbière (@alexiscorbiere) February 16, 2019
La lutte contre l'antisémitisme est une affaire sérieuse qui, pour être efficace, ne doit jamais être l'objet d'une instrumentalisation politicienne à d'autres fins.
La haine à caractère antisémite qui s'est exprimée contre Alain #Finkielkraut est inacceptable. Je le dis sans réserves, quels que soient mes desaccords profonds avec lui.
— Clémentine Autain (@Clem_Autain) February 16, 2019
Jean-Luc Mélenchon, lui, n'est sorti de son silence que dimanche après-midi. Il a souligné être "avec" les "gilets jaunes" qui ont défendu le philosophe.
Conscient de l'instrumentalisation de l'antisémitisme, je crois aussi qu'il ne faut jamais laisser passer le racisme.
— Jean-Luc Mélenchon (@JLMelenchon) 17 février 2019
Autour de #Finkielkraut, il y avait aussi des #GiletsJaunes qui voulaient le défendre et s'opposer à l'attaque. Je suis avec eux.
Les réactions des intellectuels, syndicats et associations
Outre les politiques, de nombreux intellectuels et journalistes ont réagi à ces insultes. "Puisse cette scène hallucinante pulvériser les derniers restes de l’impunité médiatique dont jouissaient les 'gilets jaunes'", a écrit l'intellectuel Bernard-Henri Lévy tandis que l'essayiste Raphaël Glucksmann a lui demandé à ce que cette "agression antisémite" nous fasse "réagir".
En France, en 2019, des nazillons agressent un écrivain français aux cris de «Rentre à Tel Aviv» et de «Nous sommes le peuple». Puisse cette scène hallucinante pulvériser les derniers restes de l’impunité médiatique dont jouissaient les #GiletsJaunes Soutien total à #Finkielkraut
— Bernard-Henri Lévy (@BHL) 16 février 2019
L’antisemitisme, c’est aussi simple, aussi simplement abject que ce « Rentre chez toi à Tel Aviv » visant un écrivain français juif.
— Raphael Glucksmann (@rglucks1) 16 février 2019
L’agression antisémite d’Alain Finkielkraut, après les multiples slogans et tags des derniers jours, doit tous nous faire réagir.
Rdv mardi.
"Mais quelle honte !" s'est indignée la journaliste Anne Sinclair.
Mais quelle honte ! Cette haine atroce contre #AlainFinkielkraut de la part de ceux qui hurlent « nous sommes là France»! Non, ils ne ne sont pas la France ces GJ là... https://t.co/OSUts9Iekt
— Anne Sinclair (@anne_sinclair) 16 février 2019
Le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, a dénoncé "un nouvel acte odieux".
Ce nouvel acte odieux, dont a été victime M. Finkielkraut devant les caméras, est insupportable. Réagissons ! Rassemblons-nous partout en France ce mardi pour dire stop à l’antisemitisme et redonner toute leur place au respect et à la tolérance dans notre pays ! #ÇaSuffit
— Laurent Berger (@CfdtBerger) 16 février 2019
La Licra a enfin annoncé, dimanche, son intention de saisir la justice.
Après le lynchage public et antisémite d’Alain Finkielkraut hier, la @_LICRA_ a décidé de saisir la justice.
— LICRA (@_LICRA_) 17 février 2019
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