"On s'est fait gazer toute la matinée" : les revendications des "gilets jaunes" éclipsées par les violences, place d'Italie à Paris
Samedi, les "gilets jaunes" étaient dix fois moins nombreux qu'il y a un an, selon le ministère de l'Intérieur. À Paris, des affrontements ont entraîné l'annulation d'une manifestation au départ de la place d'Italie.
Flambée de violences à Paris, samedi 16 novembre, pour le premier anniversaire du mouvement des "gilets jaunes". La préfecture de police de Paris a interdit une manifestation initialement autorisée place d'Italie, à Paris, en raison de nombreuses violences survenues dès la mi-journée. Peu de temps après l'annonce de cette annulation, les CRS ont tout fait pour évacuer la place d'Italie.
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Positionnés dans pratiquement toutes les rues adjacentes, les forces de l'ordre ont repoussé et fatigué les manifestants à coups de gaz lacrymogène et de canon à eau. Plusieurs dizaines de "gilets jaunes" ont finalement passé les cordons de sécurité, comme Isabelle : "On s'est fait gazer toute la matinée. On a jamais pu sortir, sauf là, à 15h30. Ils peuvent nous faire tout ce qu'ils veulent, je ne lâcherai pas", a-t-elle lancé, dépitée.
"La dérive autoritaire, on y est"
D'autres restent à distance et ne comprennent pas vraiment ce qu'il se passe. Gaëlle, habitante de Saint-Malo, n'était pas au courant que la manifestation avait été annulée : "On n'annule pas une manifestation ! Le droit de manifester, c'est un droit constitutionnel. On va vers une dérive autoritaire. On y est d'ailleurs". Elle l'avoue, lors des rassemblements, elle a peur de perdre un œil ou recevoir un coup de matraque.
Les violences de samedi ont en tout cas découragé certains manifestants de passer le week-end d'anniversaire dans la capitale. : "Si c'est pour se faire coincer et gazer dans une ruelle, ce n'est pas la peine", confie l'une d'entre eux, alors que de nouveaux rassemblements sont prévus dimanche à Paris.
C'est l'heure du nettoyage, place d'Italie, après quatre heures d'affrontement. Les habitants du quartier n'en reviennent pas. Pascale est venue constater les dégâts et elle avoue ne pas comprendre une telle violence. "Ça m'écœure un petit peu. Les arrêts de bus, le sol, les poubelles cramées, les voitures de gens qui, comme eux, ont peut-être du mal à finir les fins de mois et à s'en sortir... ça me désole. Le café du coin, ce n'est pas un McDo, ce n'est pas une grande chaîne, ce n'est pas une multinationale. Et ça, c'est triste."
"Ce n'est pas la fin, ce n'est que le début"
Mais ces violences ne sont pas de la responsabilité des "gilets jaunes" : c'est en tout cas le point de vue de Valérie. Quelques heures plus tôt, au cœur des affrontements, elle laissait éclater sa colère contre l'Etat et les forces de l'ordre. Elle les accuse d'avoir provoqué ces violences et ces dégradations. "C'est vrai qu'il y a eu des échauffourées, mais ça, ils le savaient très bien. C'est vrai que des gens ont cassé, ils le savaient très bien. Mais ils nous ont gazés !"
Quand on 'nasse' des gens à longueur de temps, à un moment donné, il y a des gens qui ne supportent plus cette soumission. Et on savait très bien en venant aujourd'hui qu'on allait nous la faire à l'envers.
Valérie, "gilet jaune"à franceinfo
En fin d'après-midi, c'est dans le quartier des Halles que les manifestants se sont retrouvés pour un nouveau face à face avec les forces de l'ordre. C'est loin d'être fini, prévient Dragos, un "gilet jaune" de la première heure. "Ce n'est pas la fin, c'est juste le début du début ! Comme beaucoup de 'gilets jaunes', nous faisons la même analyse. Nous sommes dans l'hiver 1940-41, là. Nous sommes 3 à 5% de résistants, 20% de collabos qui savent ce qu'ils veulent et 80% d'attentistes. Moi et les gens autour de moi, nous savons que nous embarquons pour trois années minimum de résistance."
Les "gilets jaunes" prévoient de nouvelles actions dimanche, suite et fin de ce premier anniversaire du mouvement, en attendant la prochaine étape : ce qu'ils appellent la convergence des luttes avec la grève du 5 décembre.
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