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La France épinglée par l'ONU : "Mieux comprendre les raisons pour lesquelles il y a eu cet emballement de violences"

Michel Forst, un des rapports spéciaux de l'ONU, souligne sur franceinfo que les interrogations des Nations unies sont les mêmes que celles de la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe. 

Article rédigé par franceinfo
Radio France
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Cordon de policiers sur la passerelle Senghor à Paris, lors d'une manifestation des "gilets jaunes" le 5 janvier 2019. (NATHANAEL CHARBONNIER / FRANCE-INFO)

Michelle Bachelet, la haut-commissaire aux droits de l'homme de l'ONU a réclamé mercredi 6 mars à la France une "enquête approfondie" sur les violences policières qui se seraient produites pendant les manifestations des "gilets jaunes" depuis la mi-novembre. Pour Michel Forst, un des rapporteurs spéciaux de l'ONU, invité de franceinfo mercredi, "l'idée est d'avoir (…) un rapport qui permettrait de mieux comprendre les raisons pour lesquelles il y a eu cet emballement de violences en France". Pour l'ONU, c'est "la gestion des manifestations" et "l'usage [des LBD] qui est contesté". Michel Forst souligne que les interrogations de l'ONU ont été celles de la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe. "Cette persistance d'interrogations devrait faire réfléchir la France". Car, selon lui, c'est "laisser ces violences persister qui pourraient nourrir d'autres interrogations".

franceinfo : Est-ce que la répression est trop forte en France ?

Michel Forst : Le fait que la haut-commissaire mentionne la France dans le discours d'ouverture n'est pas anodin. Cette liste est souvent guettée par les diplomates pour voir l'attention qui est portée par les Nations unies par les différents pays. La demande de la haut-commissaire vient relayer une demande qui a déjà été faite par plusieurs rapporteurs spéciaux à la France d'enquêtes approfondies sur les violences policières. On oublie que la commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe est venue en France pour le même sujet. Cette persistance d'interrogations de la part de la communauté internationale devrait faire réfléchir la France. Nous savons qu'il y a des enquêtes qui sont menées par l'IGPN. Mais la demande est beaucoup plus formelle d'avoir une enquête approfondie qui dépasse le cadre des enquêtes individuelles menées par l'IGPN. L'idée est d'avoir une mission d'investigation qui vienne rencontrer différents acteurs pour ensuite rendre un rapport qui permettrait de mieux comprendre les raisons pour lesquelles il y a eu cet emballement de violences en France. On a cité l'usage des lanceurs de balles de défense, les grenades de désencerclement comme étant des moyens inappropriés pour la gestion de l'ordre public.

Est-ce que cette force n'est pas proportionnelle face à la violence de certains casseurs ?

C'est la gestion de l'ensemble des manifestations et l'usage de la force qui est questionnée par le Conseil de l'Europe et les Nations unies. Le fait qu'on ait tellement de signalements de blessures par lanceurs de balles de défense, que des signalements ont été faits, que des journalistes, des passants, des personnes paisibles, ont été également visés par ces armes qui sont violentes, c'est une des questions qui posent l'interrogation de la haut-commissaire. Il vaut mieux faire une enquête approfondie et révéler les résultats de l'enquête que de laisser ces violences persister qui pourraient nourrir d'autres interrogations.

Est-ce que ce sont vraiment les LBD qui posent problème ?

C'est la gestion des manifestations et de l'ordre public qui est questionnée par la haut-commissaire. C'est l'usage de ces armes qui est contesté. Je rappelle que la commissaire aux droits de l'homme (du Conseil de l'Europe) a demandé leur interdiction. Pour les Nations unies nous n'en sommes pas là encore. Nous demandons simplement qu'une enquête soit faite et que les résultats de l'enquête étant communiqués, alors le gouvernement français prenne les dispositions qui s'imposent.

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