"Je me pose la question de l’utilité d’un tel dispositif" : chez les députés LREM, la loi "anti-casseurs" ne fait pas l'unanimité
Alors que la loi "anti-casseurs", proposée par Les Républicains, est examinée une première fois par la Commission des lois mercredi à l’Assemblée nationale, des députés LREM dénoncent les risques d’atteintes aux libertés publiques.
La loi "anti-casseurs", dévoilée par Edouard Philippe le 7 janvier dernier après les violences commises pendant les manifestations des "gilets-jaunes", est examinée une première fois par la Commission des lois, à l’Assemblée nationale, avant d’être débattue le 29 janvier. Mardi, la commission recevra pour audition le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner.
Les députés LREM espèrent faire évoluer le texte
À tout le moins, le texte proposé par le groupe Les Républicains au Sénat ne semble pas faire l’unanimité chez leurs collègues députés LREM, parmi lesquels certains dénoncent un risque d'atteinte aux libertés publiques et espèrent faire évoluer le texte. Si renforcer les sanctions contre les manifestants cagoulés ou instaurer un principe "casseur-payeur" ne fait pas débat dans la majorité, l'instauration de périmètres de sécurité autour des manifestations, en revanche, fait s'interroger la présidente de la Commission des lois elle-même. "Aujourd’hui, le procureur de la République peut prendre des réquisitions judiciaires pour effectuer des fouilles lorsqu’il y a un risque de violences dans des manifestations", indique Yaël Braun-Pivet.
Je me pose la question de l’utilité d’un tel dispositif par rapport à ce qui existe aujourd’hui.
Yaël Braun-Pivet, présidente de la Commission des loisà franceinfo
Son collègue Sacha Houlié, député marcheur de la Vienne, réclame de son côté au gouvernement des évaluations régulières de ce dispositif, ainsi que du fichier "casseurs", et surtout des interdictions administratives de manifester. "Cette disposition est directement inspirée des dispositions anti-hooligans, qui ont maintenant 12 ans et n’ont jamais été évaluées", rappelle le député de la Vienne.
Le gouvernement veut presser le pas
Une bonne partie du groupe En Marche à l'Assemblée s'inquiète en effet du caractère potentiellement liberticide de ces mesures venues de la droite. "Ces derniers samedi, les choses ont plutôt eu tendance à se calmer, explique ainsi Aurélien Taché, ancien socialiste et élu du Val-d'Oise. Alors qu’il faille tirer des conclusions des agissements des dernières semaines pour éviter que cela ne se reproduise à l’avenir, très bien. Mais prenons le temps de le faire dans les conditions respectueuses de la liberté de manifester de chaque Français." Sauf que le gouvernement veut aller vite, très vite, comme l'a promis le Premier ministre, il y a deux semaines.
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