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"Il y a une grosse défaillance des forces de l'ordre" : la colère des commerçants après les violences sur les Champs-Elysées

Après les violences qui ont émaillé la manifestation des "gilets jaunes", samedi à Paris, nombreux sont ceux qui estiment que le dispositif de sécurité était inadapté.

Article rédigé par franceinfo, Matthieu Mondoloni
Radio France
Publié
Temps de lecture : 3min
La vitrine brisée d'un magasin sur les Champs-Elysées, le samedi 16 mars. (GEOFFROY VAN DER HASSELT / AFP)

"Il y a une grosse défaillance des forces de l'ordre. Ils ne protègent pas assez les commerces." Emir, salarié d'une grande enseigne de vêtements sur les Champs-Elysées, dénonce les failles du dispositif de sécurité mis en place samedi 16 mars, pour la 18e journée de mobilisation des "gilets jaunes".

Alors que "la plus belle avenue du monde" a été nettoyée de ses pavés ou de ses déchets, certaines marques des violences subsistent toujours lundi matin sur les façades de nombreux magasins : des tags, des vitres brisées... "On est prévenus tous les samedis. Ils nous disent 'Faites attention mais il y aura des forces de l'ordre, ne vous inquiétez pas'. Au final, les forces de l'ordre n'étaient pas là", ne décolère pas Emir. 

Des casseurs difficiles à arrêter selon certains

Comment les manifestants ont-ils pu aussi facilement saccager les Champs-Elysées pendant plusieurs heures ? Même parmi les "gilets jaunes", dont certains étaient encore présents sur l'avenue dimanche, c'est l'incompréhension. "Quand on arrive dans une manifestation, il y a les policiers, la BAC, etc. On est fouillés. Ici, on est rentré comme dans du beurre ! C'était porte ouverte !", s'étonne l'un d'eux. 

Une voiture brûlée sur les Champs-Elysées, dimanche 17 mars. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Difficile pourtant d'arrêter des individus aussi déterminés, d'après certains commerçants. "Je conçois qu'on ne puisse pas protéger chaque commerce", assure Michelle, dont le kiosque à journaux a entièrement brûlé samedi. "Quand il y a une masse pareille c'est compliqué. Ils sont intenables et tous solidaires. La preuve : quand les policiers ont essayé d'attraper des black blocs, même les 'gilets jaunes' se sont mis à défendre ces black blocs." Elle estime que ce n'est pas de la faute des forces de l'ordre : "Pour ne pas faire de dégâts, les policiers sont obligés de ne pas attaquer parce qu'après on les invective."

"Il faut que ça s'arrête rapidement"

Désormais, Michelle dit attendre du gouvernement "une réaction ferme" après les violences. "Il ne faut plus défiler dans une avenue sinistrée, ça ne sert plus à rien. Ça n'a même plus de sens pour moi." Jean-Noël Reinhardt, président du Comité Champs-Elysées, regroupant les acteurs économiques et culturels de l'avenue, a les mêmes attentes : "Depuis quatre mois, à aucun moment nous ne sommes intervenus dans le débat public. A aucun moment nous n'avons critiqué quiconque. A aucun moment nous n'avons alimenté les polémiques. Aujourd'hui, ça suffit. Il faut que ça s'arrête rapidement." 

Un tag sur une vitrine des Champs-Elysées, le dimanche 17 mars. (MATTHIEU MONDOLONI / RADIO FRANCE)

Sur la façade d'un immeuble, une phrase est inscrite en lettres jaunes : "C'est la fin du grand débat et la suite du grand début." Ce tag sonne comme une menace de nouvelles violences, redoutées par beaucoup sur les Champs-Elysées.

Les Champs-Elysées lundi - Reportage de Matthieu Mondoloni

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