Son kiosque sur les Champs-Elysées est parti en fumée : "Ces gens sans foi ni loi, comment ils peuvent détruire la vie des autres ?"
Après un samedi jaune qui a viré à la journée noire, des commerçants victimes de violences en marge du rassemblement de "gilets jaunes" du 16 mars à Paris témoignent de leur incompréhension.
"Je peux récupérer certains papiers importants pour moi, parce que le bordel, c’est les papiers, pas l’argent", confie Michelle devant son kiosque à journaux calciné sur les Champs-Elysées. Comme d'autres commerçants victimes de casse ou de pillage samedi 16 mars, lors d'un rassemblement des "gilets jaunes", elle ne comprend pourquoi la colère de certains manifestants s'est retournée contre elle.
Au lendemain des violences, Michelle se désespère. "Des gens qui n’ont ni foi ni loi, qui ne savent pas gagner leur vie, comment ils peuvent détruire la vie des autres ?", s'interroge la commerçante. Il ne lui reste plus rien, sinon la colère et l’incompréhension.
Ils brûlent pour s’amuser ! Quand ils ont brûlé en bas, je les ai vus. Il y en a un qui a mis les bras en l’air. Il était content, ça brûlait, il y a du feu... le feu de joie.
Michelle, kiosquière sur les Champs-Elyséesà franceinfo
"C’est ça le problème. Là, on n’a plus affaire à des 'gilets jaunes' revendicateurs. On a affaire à des gens qui se promènent et qui veulent foutre le bordel, c’est tout", poursuit-elle. Michelle s’extrait péniblement de ce qu’il reste de son kiosque, aidé par Vincent, de passage à Paris pour le week-end. Il lui tend la main pour l’aider à sortir. "Madame n’est pas une millionnaire ou une milliardaire. Je ne comprends pas pourquoi on crame un kiosque à journaux", lâche-t-il.
Sur le trottoir d’en face, Emir, salarié d’une grande enseigne de vêtements raconte comment son magasin a été envahi en quelques secondes. Les employés ont été pris de panique : "Il y avait des gens dans la boutique, qui se cachaient dans les locaux, dans le stock. Ils s’enfermaient à clé, carrément. Les gens pillent. C'est n'importe quoi." Les vitrines du magasin sont brisées. Des ouvriers installent des plaques de bois provisoires.
Une société de vitres est venue. Il y a 25 000 euros à payer. Il y a à peu près 45 000 euros de marchandise qui s’est évaporée.
Emir, salarié d'un magasin de vêtementsà franceinfo
"Et voilà, c’est l’image qu’on véhicule de la France et de la plus belle avenue du monde : les vitres cassées, les tags et la colère des commerçants", conclut-il. Les commerçants veulent faire remonter leur colère au gouvernement et demandent à être reçus par le Premier ministre. Ils redoutent d’autres samedis violents. Sur un mur, une inscription en lettres jaunes : "C’est la fin du grand débat et la suite du grand début", ne les rassure pas.
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