"Il n'y a pas eu d'interpellations préventives", affirme Nicole Belloubet, au lendemain de la mobilisation des "gilets jaunes"
Les interpellations qui ont eu lieu samedi en marge de la mobilisation des "gilets jaunes" "résultent d'infractions", affirme la ministre de la Justice, invitée de "Questions politiques" dimanche.
Selon le décompte des autorités, 136 000 personnes ont participé samedi à "l'acte IV" de la mobilisation des "gilets jaunes" dans toute la France. Des manifestations émaillées d'incidents dans plusieurs villes, et notamment à Paris, Toulouse, Bordeaux ou encore Saint-Etienne. Le ministère de l'Intérieur a fait état de 1 723 personnes interpellées sur l'ensemble du territoire, dont 1 220 ont été placées en garde à vue.
Invitée dimanche 9 décembre de l'émission "Questions politiques", sur franceinfo (canal 27), France Inter et Le Monde, Nicole Belloubet, la ministre de la Justice, a réfuté toute interpellation préventive en marge des manifestations des gilets jaunes samedi 8 décembre, assurant que ces arrestations en amont de la journée d'action résultaient à chaque fois "d'infractions". "Il n'y a pas eu d'interpellations préventives. Les interpellations qui ont eu lieu hier, et qui ont donné lieu à des placements en garde à vue, résultent d'infractions", a assuré Nicole Belloubet. Une interprétation contestée par des spécialistes du droit.
Des interpellations dans la "mouvance de l'ultradroite"
Selon la garde des Sceaux, ces infractions ont été constatées soit lors de contrôles d'identité, soit grâce à des enquêtes de police judiciaire qui ont permis d'identifier des personnes souvent proches de l'ultradroite qui prévoyaient des actions violentes. "Ces infractions ont été constatées, soit au moment des contrôles d'identité - vous savez que les procureurs de la République avaient pris des réquisitions pour autoriser ces contrôles d'identité - et à l'occasion de ces contrôles d'identité on a pu repérer des personnes qui transportaient des marteaux, des masques à gaz, etc. C'est donc une infraction cela, puisqu'il s'agit de commettre des violences en bande organisée. Ces infractions ont donné lieu à une garde à vue", a expliqué Nicole Belloubet.
"Par ailleurs, il y a eu également des interpellations sur la base d'enquêtes qui existaient depuis quelques temps déjà, dans la mouvance de l'ultradroite, et qui ont permis des arrestations parce que là aussi, il y a eu, encore une fois, la volonté marquée de participer à des manifestations contre des biens publics ou des personnes dépositaires de l'autorité publique", a ajouté la ministre.
Des gardés à vue qui n'ont pas tous le profil de casseurs
Interrogée sur le profil des plus de mille personnes placées en garde à vue samedi 8 décembre à Paris, Nicole Belloubet a fait état d'environ 900 majeurs et 100 mineurs. Sur les 396 gardes à vue déjà traitées par le parquet de Paris, il y a "80% de gens qui viennent de province" et "des gens qui n'ont pas le profil de casseurs qui viennent pour détruire", a reconnu la ministre. "Mais toutes les gardes à vue ne sont pas traitées, et on sait que ce sont les gens qui sont arrêtés le soir souvent qui sont plutôt venus là pour casser et commettre des violences qui sont inacceptables. Ces gardes à vue-là ne sont pas encore traitées par le parquet de Paris", a précisé Nicole Belloubet. Environ 500 personnes étaient encore en garde à vue à Paris en fin de matinée dimanche, avait indiqué le parquet à franceinfo.
Les casseurs parviennent-ils à échapper à la justice ? La critique est récurrente depuis quelques jours. "Il y a un certain nombre de casseurs qui échappent à la justice", mais "tous n'échappent pas à la justice", a concédé Nicole Belloubet. La ministre précise néanmoins que des enquêtes et des informations judiciaires sont ouvertes sur des faits remontant au 1er décembre, afin de retrouver les auteurs de violences."Il y a déjà des gens qui ont été repérés et qui seront interpellées dans quelques temps. On n'est pas dans le règne du 'pas vu, pas pris'", a assuré la garde des Sceaux.
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