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"Gilets jaunes" : "Des gens manipulent en ce moment le mouvement", estime un député LREM

Bruno Bonnell, député LREM du Rhône, estime que le mouvement des "gilets jaunes", "sincère au départ", se radicalise. Il se dit révolté par la lettre à caractère raciste reçue par un de ses collègues député.

Article rédigé par franceinfo
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Bruno Bonnell, député LREM du Rhône, le 11 juin 2017. (JEFF PACHOUD / AFP)

Alors que l'acte 8 du mouvement des "gilets jaunes" a lieu, samedi 5 janvier, l'exécutif prépare le grand débat national dont le premier chapitre, la "lettre aux Français", annoncée par Emmanuel Macron lors de ses vœux, est attendue via la presse et les réseaux sociaux pour mi-janvier. Bruno Bonnell, député LREM du Rhône, est revenu, samedi matin pour franceinfo, sur ce mouvement et souhaite fair du débat "un moment de propositions, de solutions".

franceinfo : Pensez-vous, comme le porte-parole du gouvernement Benjamin Griveaux l'a affirmé vendredi, que le mouvement des "gilets jaunes" n'est plus désormais que "le fait d'agitateurs qui veulent renverser le gouvernement" ?

Bruno Bonnell : Je pense que des gens manipulent en ce moment le mouvement des "gilets jaunes". Quand on voit la mise en scène de l'interpellation d'Éric Drouet, orchestrée par lui-même, on s'aperçoit qu'il utilise ce mouvement à des fins personnelles. On a d'ailleurs découvert depuis à grand renfort de tweets et sur Facebook qu'il se vante d'essayer d'organiser ce genre de choses. Ce mouvement des "gilets jaunes" est sincère au départ. Le 17 novembre, c'est un cri, nous l'avons entendu. Il y a même eu des réponses immédiates, avec les 10 milliards qui ont été développés. Maintenant, nous invitons les gens autour d'une table pour en parler. Le grand débat national, ce n'est pas un moment de doléances, c'est un moment de propositions, de solutions. Nous invitons les "gilets jaunes" à venir. C'est quelque chose qui est devenu très important, pour qu'enfin ces revendications puissent être exprimées, au niveau individuel, et qu'on puisse les rassembler pour en faire quelque chose - soit des modifications réglementaires, soit même des propositions de lois.

Un sondage Harris Interactive, cette semaine, montre que près de la moitié des personnes interrogées pensent que le gouvernement ne tiendra pas compte de ce qui sera demandé dans ce débat. Comment les rassurer ?

Jusqu'à maintenant, le gouvernement a fait tout ce qu'il a dit qu'il ferait. Le programme présenté aux Français, il y a 18 mois, comptait un certain nombre de lignes, et bien ligne après ligne, nous l'exécutons. La réforme a été engagée et 70 textes de loi ont été votés en 18 mois. Cette colère, le 17 novembre, je l'ai surtout entendue comme un cri. Depuis le 18 novembre au matin, je dis que c'est un mouvement politique en formation et les faits me donnent malheureusement raison. Je m'aperçois qu'il se radicalise de plus en plus. En dehors du mouvement des "gilets jaunes", que je considère comme de l'opposition politique, qui prend parfois des formes violentes, il faut faire au quotidien des aménagements de notre politique. On parle des 80 km/h, peut-être faut-il pendant le débat national poser des questions sur les territoires ruraux par rapport à l'application de ces mesures.

Votre collègue à l'Assemblée nationale, le député du Val-de-Marne, Jean-François Mbaye, a reçu une lettre à caractère raciste, avec des menaces de mort qui lui promettent une "balle dans la tête". Quelle est votre réaction ?

Je suis révolté. Au-delà de ça, c'est une dérive, sur le racisme il n'y a même pas de mot. On est au 21e siècle, dans un pays qui ne mérite pas ce genre d'individus. Pour en avoir parlé à mes collègues à l'Assemblée qui sont noirs, ils le vivent parfois au quotidien. Mais ils se battent et ça nous donne encore plus d'énergie pour combattre le racisme. Au-delà de ça, ce sont les députés et les élus qui maintenant sont stigmatisés. Là, c'est du racisme. Des collègues ont aussi été agressés à leur permanence. On est agressés verbalement quasiment tous les jours. Je crois qu'il est temps de calmer les choses et de remettre tout le monde à sa place.

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