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"Gilets jaunes" : comment Emmanuel Macron a-t-il préparé son allocution télévisée ?

Le président de la République doit s'adresser aux Français dans le cadre d'une allocution télévisée, lundi, à 20 heures. Cette intervention est le fruit de plusieurs jours de négociations et de concertations, alors que l'Elysée traverse une crise sans précédent. 

Article rédigé par franceinfo
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Emmanuel Macron à Montréal (Canada), le 7 juin 2018. (DAVID HIMBERT / HANS LUCAS)

Emmanuel Macron joue gros, lundi 10 décembre. Après un quatrième week-end de manifestations de "gilets jaunes", le président de la République doit s'adresser aux Français dans une allocution diffusée à 20 heures. Une rencontre avec les corps intermédiaires est calée à l'Elysée pour une ultime séance de concertation. Voici ce que l'on sait de la manière dont le chef de l'Etat a préparé cette prise de parole. 

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Vendredi, une rencontre avec des élus

"Le président a besoin de soutien, il est un peu perdu", résumait la semaine dernière un proche interrogé par Le JDD. "Quand il y a de la haine, c'est qu'il y a aussi une demande d'amour", résume le chef de l'Etat devant son cabinet, toujours selon l'hebdomadaire. Vendredi soir, le président a reçu l'association d'élus locaux Génération terrain durant plus de trois heures à l'Elysée. Parmi eux, figurait entre autres le maire LR de Poissy (Yvelines), Karl Olive. Dans un SMS, ce dernier avait demandé à Emmanuel Macron de s'appuyer sur "celles et ceux qui sont en prise directe avec le terrain", explique-t-il à franceinfo.

Suppression des emplois aidés, baisse des APL, intercommunalité... Le chef de l'Etat écoute d'abord les doléances des élus pendant une heure et demie, avant un échange de deux heures durant lequel il aurait reconnu "quelques conneries", au rang desquelles la limitation de la vitesse à 80 km/h sur les routes secondaires. "Il est resté avec nous, on a pu parler les yeux dans les yeux, il nous a écoutés chirurgicalement", résume finalement Karl Olive.

Ce week-end, des échanges avec les ministères

L'idée d'une allocution est déjà sur les rails. Le lendemain, le Premier ministre, Edouard Philippe, déclare que le chef de l'État s'apprête à faire des "propositions" pour retisser "l'unité nationale", sans livrer davantage de précisions. "Emmanuel Macron consulte tous azimuts, reçoit des élus, des ministres à dîner, ajoute Le Parisien. Les ministères économiques et sociaux lui ont fait remonter ces jours-ci des propositions en pagaille."

Ses ministres préparent également le terrain dans les médias. Le ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, réclame dimanche un "nouveau contrat social" avec les Français, au "Grand Jury", diffusé sur RTL, Le Figaro et LCI, quitte à égratigner la majorité – "Je pense que l'on ne prend pas suffisamment en compte l'impact social et politique des mesures que nous sommes amenés à prendre."

Le Premier ministre, lui, a passé des coups de fil à des élus de grandes villes touchées par des violences la veille, comme le maire de Toulouse, Jean-Luc Moudenc, et celui de Bordeaux, Alain Juppé, explique Le Figaro.

Lundi, les partenaires sociaux reçus par le gouvernement

Emmanuel Macron reçoit depuis lundi matin l'ensemble des forces politiques, territoriales, économiques et sociales du pays. Le Premier ministre et 12 membres du gouvernement sont attablés aux côtés des patrons des principaux syndicats (CGT, CFDT, FO, CFE-CGE et CFTC) et du patronat (Medef, CPME et U2P), ainsi que les présidents de l'Assemblée nationale, du Sénat et des associations de collectivités locales. "Le président de la République a souhaité [les] réunir dans ce moment grave que traverse la nation, afin d'entendre leurs voix, leurs propositions et avec pour objectif de les mobiliser pour agir", explique l'Elysée.

Cela marque l'épilogue de plusieurs jours de concertations tous azimuts, menées à son retour d'Argentine. "Il est important qu'avant de faire ses déclarations le président écoute et réécoute tous ceux qui peuvent lui fournir des idées et des explications", estime un proche cité par Le Figaro. Les partenaires sociaux avaient déjà été reçus le 30 novembre par le Premier ministre, puis le 7 décembre par la ministre du Travail, Muriel Pénicaud, en présence de plusieurs autres ministres. Cette rencontre a lancé les concertations organisées en parallèle de la consultation auprès des Français, prévue du 15 décembre au 1er mars.

A terme, une tentative pour renouer le dialogue avec les corps intermédiaires ?

"C'est le temps du dialogue et des réponses de l'Etat à la France qui souffre dans le respect de l'ordre républicain et de nos institutions", a résumé le président du Sénat, Gérard Larcher. Avec cette réunion à l'Elysée, lundi, l'un des objectifs du chef de l'Etat est de montrer le retour dans le jeu des corps intermédiaires, qui ont dénoncé à plusieurs reprises un manque d'écoute de la part du gouvernement depuis l'élection d'Emmanuel Macron.

"Je trouve ça très, très bien, avant de faire des annonces, qu'il échange avec les corps intermédiaires qui représentent la nation, a plaidé la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, sur LCI. Et je pense que c'est important de rappeler le fait que les corps intermédiaires sont indispensables." Ces propos n'ont pas suffi à convaincre tous les acteurs sociaux, puisque le syndicat Solidaires a séché la réunion, dénonçant un "plan de communication".

La ministre du Travail a promis des "mesures concrètes et immédiates". Seront-elles à la hauteur de la profonde colère qui a envahi le pays ? Réponse dans la soirée, lors de la première prise de parole publique d'Emmanuel Macron depuis plus d'une semaine.

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