Cet article date de plus de cinq ans.

"Gilets jaunes" : comment a évolué la mobilisation le samedi depuis le début du mouvement ?

A la veille du dixième samedi de mobilisation, retour sur l'évolution de la participation et les tentatives de comptage alternatives. 

Article rédigé par Marion Bothorel
France Télévisions - Rédaction Sport
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 3 min
Des manifestants dans les rues de Paris, le 12 janvier 2019, lors du neuvième samedi de mobilisation.  (DANIEL THIERRY / AFP)

Essoufflement ou reprise ? Depuis la première journée de manifestation des "gilets jaunes", le 17 novembre 2018, les samedis de mobilisation s'enchaînent. Avec, à chaque fois, des analyses sur l'amplification ou la perte de vitesse du mouvement.

Pour avoir une idée plus précise du nombre de manifestants mobilisés chaque week-end, nous avons compilé les chiffres officiels de la participation aux manifestations de "gilets jaunes" fournis par le ministère de l'Intérieur. Ils regroupent ceux obtenus par les 96 préfectures des départements métropolitains et les cinq situées en outre-mer. 

Entre le début du mouvement et le neuvième samedi de mobilisation, les participants sont environ trois fois moins nombreux à avoir défilé sur l'ensemble du territoire selon les chiffres du ministère de l'Intérieur. Mais la participation a plus que doublé depuis le samedi 22 décembre. 

Des chiffres officiels contestés

Ces chiffres officiels sont vivement contestés sur les réseaux sociaux par les "gilets jaunes" et les principales figures du mouvement. Selon eux, le ministère de l'Intérieur sous-estimerait le nombre de participants pour favoriser la thèse d'un essoufflement de la mobilisation. Une "guerre des chiffres" qui se joue habituellement entre les autorités et les organisations syndicales, rodées aux méthodes de comptage. Cette alternative est impossible avec les "gilets jaunes", qui n'ont aucun moyen de comptage officiel pour opposer des données fiables.

Afin d'essayer de disposer de leurs propres chiffres, des "gilets jaunes" ont toutefois lancé des initiatives, comme le "Nombre jaune". Ainsi, des référents départementaux sont chargés d'opérer un décompte du nombre de participants dans les manifestations et de faire remonter les chiffres à l'équipe bénévole de la page Facebook. Valérie, rédactrice freelance de contenus pour le web, est par exemple référente dans plusieurs départements en Rhône-Alpes et en Nouvelle-Aquitaine. Pour effectuer son décompte, elle s'appuie essentiellement sur les vidéos des manifestations et compte par rangées. Elle prend soin de comparer ses chiffres avec ceux de la presse locale avant de les envoyer.

Dans tous les cas, il ne s'agit surtout pas de gonfler les chiffres. Quand on me dit 15 000 manifestants à Lyon, ce n'est pas crédible. J'en ai compté environ 4 500.

Valérie, "référente départementale" pour la page Facebook "Le Nombre jaune"

à franceinfo

La page Facebook "Le Nombre jaune" a réalisé son premier comptage pendant la manifestation du 5 janvier, en s’appuyant sur trois à huit référents présents dans la moitié des départements. Dans toute la France, ils sont parvenus à un total de 123 440 manifestants, quand le ministère en annonçait 50 000, soit plus du double. Un écart que dénonçait l'un des fondateurs de la page : "Les chiffres sont sous-estimés à fond : c'est écœurant !"

"Important d'avoir d'autres chiffres"

Ce flou sur les chiffres pose problème selon le cabinet d'études Occurence. Depuis le début du mouvement, ce dernier, d'ordinaire mandaté par les médias pour effectuer un décompte indépendant, n'a pas pu travailler comme d'habitude. Sa méthode consiste à placer des caméras en hauteur le long du parcours : elle permet d'aboutir au chiffre le plus fiable, selon eux. 

Les manifestations des "gilets jaunes" ne suivent pas de trajets déclarés et établis à l'avance, ce qui empêche le cabinet d'installer leur "outillage technologique en amont", pointe Assaël Adary, président du cabinet et auteur du livre République - Bastille Sous les manifs, la com !.

Ce qui m'embête c’est que l'impossibilité de mesurer ne satisfait personne car ce qui ne se mesure pas, n'existe pas.

Assaël Adary, président du cabinet d'études Occurence

à franceinfo

Le cabinet salue toutefois les initiatives de comptage par les "gilets jaunes", soulignant "l'importance d'avoir d'autres chiffres que ceux des autorités pour comparer" et que pour que chacun puisse se faire sa propre idée sur l'importance de la mobilisation. 

Commentaires

Connectez-vous à votre compte franceinfo pour participer à la conversation.