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Consultations sur Facebook, assemblées générales… Comment les "gilets jaunes" choisissent leurs représentants

Depuis des jours, le gouvernement peine à trouver des interlocuteurs parmi les "gilets jaunes".

Article rédigé par franceinfo
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Julien Terrier, un "gilet jaune" à Echirolles (Isère), le 4 novembre 2018. (MAXPPP)

Qui va venir s'asseoir autour de la table des négociations ? A la veille d'un nouveau rendez-vous programmé mardi 4 décembre à Matignon, des incertitudes planent sur la présence de membres du mouvement des "gilets jaunes". "Nous n’irons pas puisque les ministres ont défini qu’ils ne changeraient pas leur cap", a déclaré sur France Inter Cédric Guémy, porte-parole en Ile-de-France du collectif des "gilets jaunes libres", lundi 3 décembre. Mais, sur la même radio, un autre membre du collectif, David Tan, a assuré avoir "le courage d'aller à Matignon", "malgré les menaces".

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Qui représente les "gilets jaunes" ? Quel est le mode de désignation de ces représentants ? Dans cette confusion ambiante, franceinfo a tenté d'y voir plus clair.

Des consultations sur Facebook

Le mouvement des "gilets jaunes" est né sur les réseaux sociaux. C'est donc logiquement qu'ils utilisent Facebook pour désigner leurs représentants. Ainsi, après avoir consulté des sympathisants sur ce réseau, une "délégation" de huit "communicants officiels" du mouvement s'est formé, lundi 26 novembre. L'objectif : "engager une prise de contact sérieuse et nécessaire avec les représentants de l'Etat et de son gouvernement". La délégation publie une liste d'une quarantaine de revendications qu'elle envoie aux médias et aux députés.

Aussitôt proclamés, aussitôt discrédités. Localement, beaucoup de manifestants n'apprécient pas cette initiative et ne reconnaissent pas la légitimité de ces porte-parole. Mardi 27 novembre, deux des huit communicants, Eric Drouet et Priscilla Ludosky, sont pourtant reçus par le ministre de la Transition écologique, François de Rugy.

Mais, deux jours plus tard, la délégation invitée par le Premier ministre se dissout. Seuls deux "gilets jaunes" décident de s'y rendre. Au bout de quelques minutes, l'un d'eux claque la porte de Matignon. Jason Herbert évoque, à la sortie, les nombreuses menaces que les porte-parole reçoivent via les réseaux sociaux ou dans la rue, qui viennent "à 99% d'autres 'gilets jaunes'". L'autre homme présent à la réunion avec Edouard Philippe refuse de dévoiler son identité.

Sur sa page Facebook, Eric Drouet s'explique sur son refus d'êre reçu à Matignon. "Le Premier ministre et le président sont complètement à côté de la plaque et je n'ai même pas envie de leur donner du grain à moudre vendredi en nous recevant", raconte-t-il. Il explique également attendre la désignation de représentants régionaux. "Je ne ferai plus rien sans attendre cette délégation", prévient-il.

Dans le même temps, Fly Rider, un autre "gilet jaune" influent sur les réseaux sociaux, lance, sur Facebook, un sondage pour désigner de nouveaux porte-parole sous des conditions strictes, comme "aucune affiliation avec un parti politique, syndicat ou association". Autre exigence : "Tout entretien avec un des représentants du gouvernement sera obligatoirement retranscrit en direct vidéo." 

Des votes en assemblée générale

La délégation évoquée par Eric Drouet est censée être composée de représentants des départements. Localement, les "gilets jaunes" tentent en effet de s'organiser. C'est le cas en Dordogne, où des assemblées générales vont devoir désigner des représentants nationaux, relaie France Bleu Périgord. Dans la Mayenne, les représentants des "gilets jaunes" appellent à une élection, samedi 8 décembre, pour désigner un représentant départemental, explique France Bleu.

Mais désigner des représentants légitimes est loin d'être simple, comme le montre ce reportage de France 3 Occitanie. Dans les Pyrénées-Orientales, une réunion a eu lieu vendredi pour désigner un représentant. Si tous partageaient la même colère, ils n'ont en revanche pas réussi à se mettre d'accord sur la désignation d'un porte-parole.

Des initiatives personnelles 

Au lendemain des violences qui ont émaillé les manifestations, des initiatives individuelles émergent également. Ainsi, un collectif de "gilets jaunes" publie, dans Le JDD, une tribune pour être "les porte-parole d'une colère constructive". Il est composé de Benjamin Cauchy, Jacline Mouraud ou encore David Tan. "Au lendemain de l'ouverture infructueuse du Premier ministre à cette parole venue du peuple, soyons responsables et offrons au gouvernement une porte de sortie à la crise", écrit le collectif.

Immédiatement, ce nouveau collectif est pointé du doigt. "C'est quoi ces quatre représentants des gilets jaunes pacifistes ? Vous voulez vraiment de ces personnes ? Des personnes qui accepteront n'importe quoi pour calmer le mouvement ? On a créé la crise au sein même du gouvernement ! Ce n'est pas le moment de s'arrêter !' écrit Eric Drouet sur la page La France en colère, qui rassemble des "gilets jaunes". Ce compte publie également des communiqués qui se revendiquent comme étant "la seule source d'informations relative au mouvement".

Dans ce contexte, le gouvernement peine à discuter avec des représentants légitimes. "Certains ne viennent pas, accusent les autres d'être venus, et font pression sur eux. C'est difficile de dialoguer", s'est ainsi désolé, sur Europe 1, le ministre de la Transition écologique, François de Rugy, vendredi 30 novembre.

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