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"C'est pour montrer tous les gens esquintés" : des "gilets jaunes" organisent plusieurs marches blanches en France en hommage aux blessés

Des manifestations en hommage aux blessés vont avoir lieu dans plusieurs villes samedi. 

Article rédigé par franceinfo, Gaële Joly - Édité par Thomas Pontillon
Radio France
Publié Mis à jour
Temps de lecture : 4min
Des "gilets jaunes" portent secours à un blessé, le 5 janvier.  (ZAKARIA ABDELKAFI / AFP)

Avant une nouvelle manifestation des "gilets jaunes", plusieurs cortèges en France vont rendre hommage aux blessés depuis le début du mouvement. "J'irai avec joie", raconte Franck. Ce jeune homme a perdu un oeil en décembre et sera dans le cortège parisien pour dénoncer l'usage des lanceurs de balles de défense (LBD), alors que le Conseil d'État, les a autorisés vendredi. D'autres rassemblements vont avoir lieu samedi 2 février à Rouen, Bordeaux, Lille ou encore Valence.

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Les blessés en tête de cortège

Franck fait partie des "gilets jaunes" qui ont été blessés depuis le début du mouvement, et il tient à montrer sa colère samedi. Ce jeune paysagiste de 20 ans manifestera à midi place Daumesnil dans le 12e arrondissement de Paris. Franck a perdu un oeil le 1er décembre dernier, il raconte avoir été blessé par un tir de LBD alors qu'il était au téléphone avec sa mère en pleine manifestation des "gilets jaunes" autour de l'Arc de Triomphe. Depuis, il a perdu son travail. "J'ai la rage envers cette personne qui m'a tiré dessus. Je voudrais bien qu'il vienne devant moi et qu'il me dise sincèrement pourquoi il m'a tiré dessus. Il m'a gâché ma vie, explique le jeune homme. Ce n'est peut-être pas facile, mais on veut que le gouvernement nous entende, qu'il voit ce qu'il fait à son peuple. J'irai avec le sourire et la joie". Franck sera d'ailleurs en tête de cortège avec les autres blessés. 

"J'ai perdu un oeil, je ne veux pas perdre le deuxième"

Patrick aussi sera présent à la manifestation, malgré la peur : "J'avoue que jusqu'à présent, je n'ai pas voulu retourner sur des manifestations depuis que j'ai perdu mon oeil". Ce "gilet jaune" a été éborgné par une grenade de désencerclement
le 24 novembre dernier à Paris alors qu'il avait prévu de quitter la manifestation
près de la place de la Madeleine. Aujourd'hui, ce commercial est en arrêt maladie. Choqué, il fera l'effort d'être dans le cortège. "Ce qui m'a convaincu, c'est le thème de la manifestation. C'est pour montrer aux gens les blessures, tous les gens qui ont été esquintés", explique Patrick. 

Il a accepté de venir car "on m'a vraiment garanti qu'il y aurait pas de violences, que ça sera vraiment très sécurisé. De toute façon, il est clair que si ça commence à gazer, je m'en vais immédiatement. J'ai perdu un oeil, je ne veux pas perdre le deuxième", conclut-il. 

L'usage des LBD dénoncé 

Cette manifestation intervient aussi au lendemain de la décision du Conseil d'État de ne pas interdire l'usage de LBD dans les manifestations. Pour Antonio, l'organisateur de la marche blanche à Paris, cette décision va faire venir plus de monde. "Ce qui va changer, c'est qu'on va être massivement plus présent. Là, j'ai reçu énormément de messages de personnes depuis la décision du Conseil d'État. Les gens me disent 'on ne pouvait pas être présents demain, mais là avec ce qu'il se passe, on sera là !' Il y a beaucoup de solidarité", explique-t-il. 

De source policière, depuis novembre, 116 enquêtes ont été ouvertes par l'IGPN, la police des polices, après des plaintes déposées par des manifestants depuis le début du mouvement des "gilets jaunes". Parmi elles, dix blessures irréversibles aux yeux.

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