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"C'est hors de contrôle" : une agence de voyage reporte ses départs vers la Réunion en raison du mouvement des "gilets jaunes"

"On ne peut pas envoyer les touristes comme ça sur place", assure Frédéric Giloir, le directeur général de l'agence spécialiste du voyage d'aventure Allibert Trekking, sur franceinfo.

Article rédigé par franceinfo
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Des policiers dans une rue du quartier du Chadron sur l'île de La Réunion, le 20 novembre 2018. (RICHARD BOUHET / AFP)

À La Réunion, où le mouvement des "gilets jaunes" continue de paralyser l'île, les activités sont en partie à l’arrêt, ce qui touche notamment le tourisme, en pleine haute saison. Au vu de la situation, l'agence de voyage Allibert Trekking a décidé de reporter les voyages prévus vers l'île. "Clairement, pour nous, pour le moment, ce n’est pas sous contrôle", assure Frédéric Giloir, le directeur général de l'agence spécialiste du voyage d'aventure Allibert Trekking, mercredi 21 novembre, sur franceinfo.

franceinfo : À la Réunion, y a-t-il des conséquences sur votre activité ?

Frédéric Giloir : Oui, on a plusieurs conséquences. Samedi dernier, 25 personnes devaient rentrer en métropole et n’ont jamais pu rejoindre l’aéroport, elles ont raté leur vol international. On a dû racheter les vols retours, ça nous a coûté 20 000 euros. Le deuxième exemple, c’est qu’on a eu 22 personnes coincées dans le cirque de Cilaos. Il n’y a qu’une petite route qui dessert ce cirque et elle a été bloquée par des manifestants qui refusaient que quiconque monte ou descende, donc ces personnes sont restées 48 heures coincées. On a dû les loger dans un gîte de fortune, trouver de la nourriture et de l’essence qui commençaient à manquer. C’était un peu stressant. Les vacanciers ont réussi à sortir ce matin et on espère qu’ils réussiront à regagner l’aéroport demain. Et puis le troisième exemple, ce sont les gens qui devaient partir samedi et qui commencent à être inquiets. Ils nous ont demandé si on assurait les départs et compte tenu des conditions de sécurité, on a préféré reporter parce qu’on n’y voit pas suffisamment clair. Ils nous demandent si c’est dangereux et clairement, pour nous, pour le moment, ce n’est pas sous contrôle. On ne peut pas les envoyer comme ça sur place.

À quoi ressemble la situation autour de l’aéroport et dans les principales villes ?

C’est compliqué. Il y a des manifestations sur la route côtière, sur des entrées de cirques, dans les villes. Un certain nombre de stations essence ne sont plus accessibles, l'aéroport, à cause du couvre-feu, ferme l’ensemble de la nuit donc les aéroports ont dû modifier leur plan de transport et des vols sont annulés. Il y a des endroits qui ne sont plus ravitaillés donc c’est très compliqué. Ce qu’on comprend, c’est que ce sont des sommes de petites manifestations et que ça ne ressemble en rien aux “gilets jaunes” en métropole. Là, ce sont plutôt des jeunes, des casseurs, il y a pas mal de violences. À la sortie de Cilaos, notre groupe a été menacé plusieurs fois d’être caillassé alors qu’ils demandaient seulement à passer et il n’y avait aucune revendication. J’ai l’impression que c’est hors de contrôle et qu’on est sur des revendications qui dépassent largement le sujet du prix de l’essence.

Est-ce que vous craignez pour l’image de la Réunion, au-delà des annulations liées à l’urgence de la situation ?

Disons que ça a toujours un impact pendant un certain temps parce que les gens se rappellent qu’il y a eu des soucis. Là, ça va dépendre de la vitesse à laquelle la situation se règle. Je pense que ça va revenir, parce qu’on est quand même en France, la Réunion est connue, il y a beaucoup de gens qui viennent et qui se souviennent avant tout que c’est un endroit magnifique. Mais pendant quelques semaines, il y a des gens qui auront moins envie d’y aller. Ensuite, ce serait bien que la crise se résorbe assez rapidement, pour tout le monde. Surtout qu’en ce moment, on est en pleine haute saison à la Réunion, qui se concentre en octobre et novembre. Donc là, c’est mauvais pour tout le monde : pour toute l’île et pour les touristes qui voulaient y aller.

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