Comment rester zen dans les transports en commun ?
En Ile-de-France, les actifs utilisent autant les transports en commun que leur véhicule personnel. Mais les usagers des métros, tramways et RER déplorent des conditions de voyage souvent pénibles. Voici quelques conseils.
Métro, chaos, boulot, dodo. Près d'un tiers des Français (28%) estime que les transports sont une source de pénibilité. En Ile-de-France, ce taux grimpe à 46%, selon une étude du cabinet Technologia, publiée le 11 octobre. Dans cette région, presque un usager des transports en commun sur deux assure que cette transhumance quotidienne génère fatigue, usure et, à terme, problèmes de santé.
Ces voyageurs en souffrance incriminent la durée, la chaleur, la position debout ou encore l'agressivité qui règne dans les rames de métro, tram ou RER. Francetv info vous livre les mantras que doit connaître tout voyageur zen.
1Connais ton ennemi
Avant de vous engouffrer dans la gueule du monstre, planifiez votre trajet. En Ile-de-France, les lignes de métro et RER disposent depuis fin 2012 de comptes Twitter. Un petit coup d'œil avant de quitter le domicile permet d'éviter le coup de sang sur le quai en découvrant que votre RER sera en rade pendant une heure. Vous disposerez du temps nécessaire pour a) prévenir votre employeur, b) envisager un autre moyen de transport et c) passer vos nerfs sur l'employé de la RATP derrière son ordinateur.
La régie a récemment pris conscience de l'importance de l'information dans le confort de ses usagers. En 2012, elle a rendu disponible l'essentiel de ses données et sorti son appli Tranquilien, qui indique les heures d'affluence sur le réseau. Utile, même si rien ne vaut la connaissance du terrain pour s'assurer une place assise (le Graal pour 64% des usagers), notamment dans les "grosses" stations. "Avec l'expérience, on trouve des repères sur le quai qui permettent de bien se positionner, explique un usager quotidien de la ligne 8 parisienne. Ensuite, il faut s'écarter un peu pour laisser descendre les gens. C'est là qu'il faut être réactif. Il faut se faufiler et jeter son dévolu sur une place qui vient d'être libérée."
Pour prendre le pouls de votre station, le site Data Publica dit aux Parisiens combien de trains se succèdent aux heures de pointe.
Et pour se placer stratégiquement, ces derniers peuvent s'aider de l'application Paris-ci la sortie du métro, qui indique dans quel wagon embarquer pour s'échapper le plus rapidement possible.
2Pour survivre, adapte-toi
Le soir, aux heures de pointe, avancer votre départ de dix minutes peut vous épargner quarante-cinq minutes d'enfer : en vous permettant tantôt d'attraper un métro moins bondé, tantôt de laisser passer une, voire deux rames au bord de l'implosion.
Parce que votre patron n'adhère pas forcément à cette stratégie, le cabinet Technologia plaide pour la coopération des entreprises. Dans une première étude datée de 2010, il suggérait de "limiter les heures de réunion", "favoriser le covoiturage" ou encore "négocier sur le télétravail dès lors que celui-ci est possible". Trois ans plus tard, il assure que 57% des intéressés n'ont que faire de ces suggestions.
Si à Rennes et Grenoble les sociétés de transports en commun ont obtenu des universités qu'elles décalent le début des cours pour atténuer le phénomène d'"hyperpointe", ces solutions pragmatiques semblent "très difficiles à mettre en œuvre" en Ile-de-France, soulignait en mars le président de la Fédération nationale des associations d'usagers des transports.
3Equipe-toi en conséquence
L'enquête a été réalisée au mois d'août : sans surprise, la chaleur figure au premier rang des causes de stress et d'inconfort dans les transports (73%). En attendant que toutes les voitures soient climatisées (c'est en chantier), on ne peut compter que sur son kit de survie. En été, adoptez la bouteille d'eau et l'éventail ; en hiver, optez pour un manteau très chaud, porté sur une tenue relativement légère. Vous retrouverez plus rapidement une température supportable en ôtant cette couche plutôt qu'en vous épluchant péniblement. Bref, soyez malin.
Enfin, l'écharpe et le foulard sont des alliés précieux, quelle que soit la température extérieure. Légèrement parfumés par vos soins, ces accessoires vous permettent de lutter efficacement contre les odeurs désagréables. "En plus, ça fait style je suis malade, donc les gens reculent", confie un autre usager des transports parisiens.
4Respecte tes semblables
La technique la plus courante des obsédés de la place assise consiste à "se placer". Debout près des strapontins "parce que les personnes qui y sont font des trajets plus courts", au milieu de deux banquettes "pour marquer son territoire" ou contre la porte du fond "pour s'appuyer, à défaut de s'asseoir". Mais il nous arrive parfois d'alimenter le chaos, comme à Pékin :
Le monde ne serait-il pas plus vivable si nous arrêtions de squatter juste devant la porte, empêchant l'humanité de rentrer et sortir à sa guise, sous prétexte que l'on descend deux arrêts plus loin ? Et si nous acceptions de rester debout pour les trajets de moins de quinze minutes (un usager francilien passe en moyenne 1h30 quotidienne dans les transports) ? Messieurs, est-ce que ça vous tuerait de serrer les jambes ? Et madame, de ne pas poser votre sac à main sur le siège voisin ?
Au Japon comme en France, les régies de transports ne lésinent pas sur la communication pour mettre fin aux incivilités. Et pour cause : 47% des personnes interrogées déplorent l'agressivité de leur voisin, quand bien même les chiffres montrent une baisse du nombre d'agressions, indiquait France Info en juin.
5 Cherche au fond de toi la caverne de la paix
Assis, debout, le nez dans une aisselle inconnue… comment tuer le temps ? En jouant à Candy Crush ? En lisant le journal ? "J'écoute de préférence de la musique calme et je respire pro-fon-dé-ment quand les gens s'agglutinent comme des bœufs", explique Julie, un bon cinquante minutes pour faire maison-boulot en métro. Ceux qui n'écoutent pas la bande-son mi-lounge, mi-éducative de la RATP peuvent faire marcher leur imagination. Troubler ses voisins avec un livre farfelu, tenter de deviner leur profession, les imaginer nus (oui, des gens font ça)…
"Alors que le 'transport' est une perte du temps, intégré à la mobilité comme mode de vie, il peut devenir un temps utile, de travail, de repos ou de toute autre fonction de la vie quotidienne", s'est enthousiasmé Georges Amar, ancien directeur de la prospective à la RATP, lors d'une audition au Sénat sur la mobilité. "Le métro ne transporte plus seulement neuf millions de personnes, mais neuf millions de smartphones !" a-t-il rappelé. Et d'ici deux ans, les usagers pourront surfer sous terre, promet la régie parisienne. De quoi s'occuper, en attendant l'Hyperloop ou le "transport tube" urbain.
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