: Témoignages "On ne sait pas ce que l'avenir nous réserve" : pour protester contre la réforme des retraites, des lycéens préparent le blocage d'établissements
Au lycée Turgot de Paris, de nombreux lycéens se disent "prêts" : le blocus de l'établissement se prépare. À la sortie des cours, de nombreux petits groupes d'élèves parlent ensemble de la réforme des retraites et du blocage du lycée, comme lors du 19 janvier dernier, date de la première mobilisation intersyndicale. "Ça va nous toucher plus tard, explique Naé. C'est notre futur et ça concerne aussi nos profs ou encore nos parents. C'est partout, autour de nous et c'est très important qu'on se mobilise." La FIDL, le MNL ou encore la Voix Lycéenne, des organisations syndicales lycéennes, appellent ainsi au blocage des lycées mardi 31 janvier "voire même la veille, le lundi 30, pour ouvrir la semaine de mobilisation".
Or, bloquer un lycée demande de l'organisation. Antoinette va se lever tôt pour porter main forte à ses camarades. "On va récupérer toutes les poubelles dans le quartier pour essayer de bloquer entre 7 h et 7 h 30 toutes les portes de notre lycée. On va s'asseoir directement sur les poubelles avant que la police n'arrive", programme-t-elle.
Certains, comme Céleste, sont aujourd'hui résignés face à un avenir de plus en plus incertain. Cette réforme déprime la lycéenne. "C'est hyper incertain parce qu'on ne sait pas trop jusqu'à quand on va travailler. On ne sait pas trop ce qu'on va devenir parce que, à chaque fois, les réformes changent, ça s'allonge de plus en plus et on se dit qu'à 70 ans, on finira par toujours continuer de travailler, c'est peut-être un peu exagéré."
"On sera peut-être morts avant la retraite au travail."
Céleste, lycéenne du lycée Turgot à Parisà franceinfo
L'inquiétude de terminales face à des blocages avant le bac
Bloquer le lycée reste un choix fort pour de nombreux lycéens surtout à l'approche des examens. Certains dans le lycéen espèrent une certaine souplesse de la part de leurs camarades mobilisés. "C'est un peu difficile pour les terminales parce qu'il y a le bac, soupire Daphné, élève de terminale. On est en plein dans Parcoursup, donc il y a une certaine pression. Peut-être peuvent-ils laisser la porte ouverte pour qu'on puisse quand même travailler et laisser le choix à ceux qui veulent travailler, et même pour les profs qui viennent...", propose-t-elle.
Un souhait bien vain : les bloqueurs annoncent déjà qu'ils ne laisseront pas personne au moment du blocage. "Les études prennent de plus en plus de temps pour vraiment bien se former, note Théo qui ne se voit pas cotiser durant 43 ans. Ça veut dire qu'il faut qu'on travaille encore plus tard pour cotiser longtemps, pour avoir une bonne retraite et pouvoir profiter de nos derniers jours... En gros, on ne sait pas ce que nous réserve l'avenir. Rien qu'avec le réchauffement climatique, on ne sait pas du coup si on aura réellement une retraite."
Yalhan, lui, ne comprend pas pourquoi le gouvernement ne va pas chercher l'argent chez les plus riches avec d'avantage de taxes : "L'argent, on peut le trouver autrement qu'en nous faisant travailler plus longtemps, peut être en taxant un peu plus là où c'est la solidarité. Je pense que c'est une valeur importante dans nos sociétés." Ces lycéens, mobilisés devant leur établissement, rentreront ensuite dans les rangs du cortège parisien des syndicats du mardi 31 janvier.
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