Témoignages Réforme des retraites : "Les associations vont avoir plus de mal à trouver des bénévoles âgés", s'inquiètent des retraités engagés dans la vie locale

Parmi les retraités, beaucoup s'inquiètent et redoutent l'impact de la réforme des retraites sur l'engagement des seniors dans la société. C'est le cas d'Yvon. À 65 ans, il est bénévole dans une antenne du Secours populaire dans le 18e arrondissement de Paris. Et cette réforme, il est contre : "Je trouve qu'elle est un petit peu injuste, mal préparée. Si on décale l'âge de la retraite, ces trois ou quatre années où vous étiez à la retraite, vous n'êtes plus disponible. Je pense que les associations vont avoir plus de mal à trouver des bénévoles âgés", analyse-t-il en remplissant les caddies des bénéficiaires dans le coin primeur. 

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Les seniors sont pourtant la colonne vertébrale des associations. En France, près d'un bénévole sur trois est à la retraite. Ils sont en général les plus réguliers dans leur engagement, qui n'est pas toujours de tout repos. "C'est quand même assez fatiguant, je suis aux fruits légumes, je passe des après-midi à me baisser, à me relever, à porter des poids, témoigne Yvon. C'est très physique, donc si vous avez déjà problèmes de dos, des problèmes d'arthrite ou d'arthrose vous arrêtez". À tel point que pour Dominique, 70 ans, l'associatif "ça peut être un deuxième travail, ça peut être tous les jours !"

Un engagement associatif mais aussi politique

Et c'est d'autant plus de travail qu'en France on manque de bénévoles. Au moins deux millions, selon une étude de Recherches et Solidarités réalisée en 2022. Alors forcément quand les associations manquent de bras, ce sont les retraités qui servent de béquille. "Souvent, il nous envoie des messages car ils manquent de personnels la semaine. Mais bon, il faut quand même être un peu costaud", confie Dominique.  

"Sans eux, on aurait du mal à avoir un conseil municipal complet."

Philippe Thiry, maire de Lenoncourt

à franceinfo

Les retraités alimentent la vie associative, mais pas que. Ils cimentent aussi la vie politique locale. À Lenoncourt, ville de 600 habitants en Meurthe-et-Moselle, les retraités représentent "six personnes sur 13" au Conseil municipal, explique le maire, Philippe Thiry. La retraite à 64 ans, le Lorrain s'en méfie :"Je pense qu'on ne va pas voir l'impact tout de suite. On verra l'impact un plus tard, mais je suis sûr que oui, des gens qui auraient voulu s'engager dans la vie municipale ou associative parce qu'ils arrivaient en retraite à 62 ans et que finalement ils se sentaient encore un peu jeunes… Tout ça va amener à reculer ces engagements, c'est sûr", redoute l'élu.  

Alors plutôt que de travailler deux ans de plus, Philippe Thiry s'interroge : pourquoi ne pas permettre aux seniors bénévoles ou élus de valider des semestres pour leur retraite ?