: Reportage "Il n'y avait que ça à faire" : malgré le recours au 49.3, ils continuent à défendre la réforme des retraites
Manifestations, appels à la grève, déclarations scandalisées... L'utilisation par la Première ministre de l'article 49.3 de la Constitution, jeudi 16 mars, pour tenter d'imposer sa réforme des retraites est à l'origine d'une vague de colère à travers le pays. Mais pas partout ni chez tout le monde : malgré la méthode employée, Daniel reste favorable, sur le fond, au recul de l’âge de départ à la retraite, comme Daniel : "Les gens se plaignent, mais dans les autres pays c'est 67 ans ! Je ne comprends pas qu’on fasse un fromage à 64 ans, c'est rien ! J’ai 74 ans, je ne suis pas un déchet. J'étais dans le paramédical, poursuit Daniel. La retraite à 64 ans c'est bien : l’espérance de vie augmente !"
La méthode choisie par Emmanuel Macron, le 49.3, ne le choque pas non plus : "Ça fait partie de la panoplie pour gouverner, c'est normal, estime-t-il. On a élu des parlementaires ils font le boxon à l’Assemblée nationale ! Ce n'est pas leur rôle, ils sont payés pour travailler, pas pour chanter La Marseillaise ou claquer du pupitre. [Le vote sur le projet de loi] était très litigieux, il n'y avait que ça à faire !"
Défaut de pédagogie
Dans sa ville de Montargis (Loiret), Daniel est rejoint par d'autres partisans de la réforme des retraites, qui estiment eux aussi que l’exécutif n’avait pas d’autre choix. Cyril, électeur de droite, se dit fatigué par "l’objection permanente" : "Quoi qu’il arrive, l’opposition dit non à tout..." Mais le 49.3 n’est-il pas un déni de démocratie, comme le crient aujourd’hui syndicats et opposition ? "Pas du tout ! Le 49.3 est une possibilité donnée par la Constitution, rappelle François, ancien banquier et récemment retraité à Montargis. Il soupire : Les Français ne connaissent pas leur histoire donc ils ont oublié la IIIe République, où le gouvernement chutait sans arrêt, sans pouvoir décider. Un peu de culture, ça ne fait pas de mal !"
"Le 49.3 est un outil constitutionnel, donc pas antidémocratique ! On respecte nos lois et en République, le peuple ce n'est pas la loi."
François, retraité à Montargisà franceinfo
Pourtant, François lui-même reconnaît que tout n’a pas été une réussite, avec cette réforme : "On a un gouvernement qui ne sait pas communiquer, qui ne comprend pas... Le président Macron est tellement éloigné de ce qui se passe dans la vie réelle qu'il ne se rend pas compte de la façon dont le 'vulgus pecum' va réagir et penser. Lui et la Première ministre n'ont pas eu la pédagogie nécessaire pour montrer par les chiffres la nécessité de cette réforme."
L'ancien banquier conclut : "On serait bien l'exception française : tous les pays ont une retraite à 65 ou 67 ans. Pourquoi serait-on les seuls à avoir raison ? Si les autres ont fait ça, c'est bien qu'il y a des raisons." Pour ces citoyens rencontrés à Montargis, la fin justifie les moyens.
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