Réforme des retraites : "Le contexte est très favorable à une explosion" sociale, selon l’institut IPSOS
"Le contexte est très favorable" à une explosion sociale, dans le cadre de la mobilisation contre la réforme des retraites, assure à franceinfo ce jeudi Stéphane Zumsteeg, directeur du département Politique et Opinion de l’Institut IPSOS. Une première journée de grève et de mobilisation interprofessionnelle a lieu partout dans le pays ce jeudi 19 janvier.
"C'est un vrai détonateur" cette réforme des retraites portée par le gouvernement, "tous les ingrédients sont réunis", pour que ça explose. "Après, est-ce que cela va déboucher sur un mouvement social et une contestation large, notamment dans le privé ? Personne n'en sait rien", nuance-t-il.
Stéphane Zumsteeg explique qu'il n'y a "jamais de bon moment" pour faire une réforme des retraites. "Vous vous heurtez normalement à l'opposition d'une majorité de Français. Mais dans l'esprit des gens, ce n'est vraiment pas le moment compte tenu de ce qui se passe en France, compte tenu de la hausse des prix, compte tenu de la baisse du pouvoir d'achat, de la hausse de l'inflation, de la guerre en Ukraine", énumère-t-il.
On demande aux Français de travailler deux ans de plus, et aujourd'hui c'est un mauvais moment car le contexte social est explosif
Stéphane Zumsteeg, directeur du département Politique et Opinion de l’Institut IPSOS à Franceinfo
Le ras le bol des Français face aux blocages
Le sondeur rappelle que "l'opinion publique est majoritairement défavorable à ce projet". "Ce qui cristallise le plus les oppositions, c'est de reporter de 62 à 64 ans l'âge de départ à la retraite, mais pas seulement. Il y a aussi le fait de devoir cotiser pendant 43 ans, ce qui est bien plus qu'aujourd'hui. Ces deux mesures structurent l'opposition", continue-t-il. Une opposition qu'il qualifie de "classique". "61% de Français et des Françaises sont défavorables à ce projet dans une enquête réalisée par IPSOS. 39% sont favorables, cela correspond à une différence de 22 points, c'est considérable", selon lui.
En revanche, il constate que "les blocages irritent de plus en plus les Français". Il prend notamment l'exemple des grèves de 95 où les Français soutenaient ce mouvement. Alors qu'aujourd'hui, il y a une "intolérance plus forte qu'auparavant", notamment due au blocage des raffineries et la grève des contrôleurs à Noël. Deux épisodes qui ont "laissé des traces", assure-t-il.
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