Réforme des retraites : ce que contient la note des services de Matignon sur l'amendement d'Aurélien Pradié sur le dispositif "carrières longues"
Tout remonte à jeudi 9 février, quand Aurélien Pradié est l'invité de franceinfo. Lors du 8h30 franceinfo, le député a expliqué qu'il ne voterait pas le projet du gouvernement si le dispositif "carrières longues" n'était pas élargi. Il souhaite que ceux qui ont commencé à travailler tôt n'aient pas besoin de cotiser plus de 43 ans, alors que dans certains cas, cela pourrait être 44. Il a même chiffré cette mesure à deux milliards d'euros, alors que le gouvernement, lui, n'en démord pas, et estime son coût à dix milliards.
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Et pour mieux comprendre d'où vient cette guerre des chiffres, le député LR avance, de son côté, un argument : ce chiffrage de deux milliards d'euros viendrait d'une note établie par Matignon, lui-même. franceinfo a pu consulter un extrait de cette note qui tient en une page. Intitulée "Argumentaire sur la construction de la réforme : âge et durée", elle est le fruit d’échanges qui ont eu lieu "autour du 10 janvier" entre la Première ministre Elisabeth Borne et des membres de la direction des Républicains, à savoir Eric Ciotti le président du parti et Olivier Marleix, le chef de file des députés LR, mais pas Aurélien Pradié.
La question des "jobs d'été"
Dans cette note, on peut effectivement lire, en toute fin de page que "Le schéma proposé par Aurélien Pradié de ne pas aller plus loin que 43 années de cotisation pour tous ceux qui ont commencé à travailler tôt coûterait de l’ordre de deux milliards d’euros". C’est donc derrière cet argument que se range le député du Lot pour défendre son amendement.
Pourtant, le gouvernement persiste à dire que cet amendement coûterait bel et bien dix milliards d’euros. Matignon avance que les versions d'Aurélien Pradié ont été différentes au fil du débat. Le député du Lot souhaitait à l'origine que tous ceux qui ont cotisé un trimestre avant leurs 21 ans intègrent le dispositif "carrières longues". Impossible, selon le gouvernement, sinon cela reviendrait à dire que tous ceux qui ont eu un job d'été entrent dans le dispositif.
Se passer d'une voix qui porte ?
Jeudi 9 février, Aurélien Pradié a demandé à ce que l'âge légal ne soit plus pris en compte pour les carrières longues et qu'on s'en tienne à 43 années de cotisations. Dans ce cas-là, oui, le dispositif coûte bien deux milliards d’euros, si l'on estime que 43 années travaillées correspondent à 43 années de cotisations complètes. Sauf que, selon Matignon, l’amendement tel qu’il a été déposé ne dit pas la même chose : Aurélien Pradié intégrerait dans le calcul des périodes de chômage, d’invalidité, de maladie sans aucune limite..., ce qui permettrait des départs anticipés pour des personnes qui ont eu des carrières hachées.
Mécaniquement, cela ferait gonfler le nombre de personnes concernées et donc le coût total de la mesure, là encore selon Matignon, jusqu’à 10 milliards d’euros. Une addition déraisonnable aux yeux du gouvernement qui tient plus que jamais à l’équilibre budgétaire de sa réforme, au risque de se passer de la voix d’un des leaders des Républicains, groupe dont le soutien est indispensable au vote de la réforme.
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