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"Notre régime spécial, je me battrai pour le garder" : Sébastien et David, policiers, sont inquiets pour leurs retraites

Alors qu'une manifestation interprofessionnelle se profile le 5 décembre contre la réforme des retraites, franceinfo vous propose tous les jours des portraits de Français face à leur retraite. Lundi : Sébastien et David, deux policiers inquiets pour leur avenir.

Article rédigé par David Di Giacomo
Radio France
Publié
Temps de lecture : 2 min
Un groupe de policiers à Nîmes le 21 mai 2019 (illustration) (SYLVIE DUCHESNE / FRANCE BLEU GARD LOZÈRE / RADIO FRANCE)

À 40 ans, Sébastien touche un peu plus de 2 600 euros par mois. Il est entré dans la police il y a 20 ans. Dans le bureau de son syndicat, ce brigadier-chef tente de savoir combien d'années il lui reste à travailler. Il consulte des sites spécialisés dans le calcul des retraites, mais "c'est assez galère. J'ai l'impression qu'on cherche à nous embrouiller, pour qu'on abandonne la recherche ! Je pense que c'est un grand flou artistique."

"On nous a déjà ponctionné pas mal d'acquis"

Difficile en effet d'y voir clair. Jusqu'à maintenant, tous les policiers bénéficiaient d'un régime spécial, qui leur offrait cinq ans de cotisation. Avec la réforme, les départs anticipés seront toujours possibles, mais sous réserve d'avoir été exposé au danger pendant 27 ans. Le danger, c'est justement le quotidien de David depuis une vingtaine d'années. Mais ce policier de la Brigade anti-criminalité (BAC) sait bien qu'il ne pourra pas finir sa carrière sur le terrain. "Vous imaginez, à 55 ou 60 ans, courir après un jeune de 20 ans ? Moi, d'ici dix ans, je ne me vois plus en BAC".

Quant à la retraite, David estime avoir fait suffisamment d'efforts : "On nous a déjà ponctionné pas mal d'acquis. Tout ce qu'il nous reste, c'est le bénéfice de nos six derniers mois travaillés pour le calcul de notre retraite. Je suis à fond pour qu'on garde notre régime spécial, et je me battrai pour le garder".

Je ne sais même pas si j'arriverai à la retraite, avec tout ce qui se passe.

Sébastien, policier de la BAC

à franceinfo

David et Sébastien commencent leur service tous les soirs à 20 heures pour finir à 4 heures du matin. Deux "nuiteux", comme on dit dans la police, qui attendent de cette réforme une meilleure prise en compte du travail de nuit. Mais ces deux fonctionnaires ne sont pas optimistes. "Le mot précis, ce serait 'inquiet', dit David. Sur l'avenir et sur ce que je vais laisser à mon fils".

Pas de manifestation, jeudi, pour ces deux policiers. Mais leur syndicat, Unité-SGP Police, appelle avec d'autres organisations à la fermeture symbolique des commissariats.

Des policiers inquiets pour leurs retraites - Reportage de David Di Giacomo

Tous les jours jusqu'à la journée de grève du 5 décembre, franceinfo va à la rencontre de Français pour les entendre et comprendre à travers leurs témoignages les enjeux de la réforme des retraites et ses implications futures.
• Dominique, caissière : "Je ne me vois pas travailler plus longtemps mais je sais que je vais être obligée de le faire"
• Marie et Quentin, étudiants : "La retraite, ça ne donne pas envie, c'est vraiment la dernière étape avant le décès !"
• Alexandre, danseur : "On a des limites physiques"
• Olivier, plombier : "Qu’on arrête ces régimes spéciaux qui créent des inégalités très fortes"
• Christophe, enseignant : "On va perdre 600 euros par mois"

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