"J'ai du mal à me projeter sans avoir d'inquiétude" : Christophe, enseignant, s'alarme de la réforme des retraites
Alors qu'une manifestation interprofessionnelle se profile le 5 décembre contre la réforme des retraites, franceinfo vous propose tous les jours des portraits de Français face à leur retraite. Vendredi, Christophe, enseignant en maternelle, craint une très forte baisse de sa future retraite si son salaire n'est pas compensé à la base.
"Moi, quand je suis rentré dans l'Éducation nationale, j'avais signé pour 37 ans et demi", raconte Christophe, quasiment 45 ans, professeur des écoles en maternelle depuis 20 ans. Il touche 2 100 euros de salaire net mensuel. "Je savais que le salaire ne serait pas très élevé contrairement à certains copains, mais on devait partir avec 75% de notre dernier salaire des six derniers mois. C'est pour ça, entre autres, que j'ai signé. Et ce qui se profile, ça n'a pas l'air d'être du tout ça."
Les grandes lignes le concernant de la réforme à venir n'ont pas échappé à Christophe : fini la distinction public-privé, la retraite des fonctionnaires sera à l'avenir calculée sur l'ensemble de leur carrière et non plus le salaire des six derniers mois... L'enseignant, père de trois enfants, a déjà estimé l'impact sur sa future pension, si elle n'est pas compensée : "On va perdre 600 euros par mois de retraite. J'ai du mal à me projeter dans l'avenir sans avoir d'inquiétude."
Les promesses du ministre
Quand on lui dit que les primes seront prises en compte pour les fonctionnaires, sa réponse est simple : "Je veux bien, mais nous on n'a pas de primes !" Car c'est bien la particularité des enseignants du primaire : peu de primes, pas d'heures supplémentaires... Le ministre de l'Éducation nationale assure en avoir bien conscience. Pour compenser les effets de la réforme, Jean-Michel Blanquer a promis des augmentations salariales, dans les années à venir.
"Dans ce cas-là, ça veut dire que vous augmentez notre salaire de 40%, rétorque Christophe. Effectivement, si le mois prochain, j'ai 3 500 euros net, ça veut dire que mathématiquement à la retraite je toucherai plus. Effectivement, il faut augmenter nos salaires."
Je vais avoir 45 ans, je vais deux fois par semaine chez le kiné, parce que je souffre de lombalgie, le dos prend tous les jours.
Christopheà franceinfo
Les hausses de salaire sont nécessaires selon Christophe. Mais l'enseignant serait-il prêt à travailler aussi plus longtemps ? Pas forcément : "Je m'occupe de petits enfants qui ont trois ans, on a besoin d'être à quatre pattes, assis à côté d'eux, pour les soutenir. La fatigue est réellement physique. Je ne me vois pas à 65 ans dans les mêmes conditions."
Alors pas d'hésitation pour Christophe : "Le 5 décembre je serai gréviste, ainsi que mes collèges, notre école sera fermée." L'enseignant réfléchit même déjà à reconduire cette grève les jours suivants.
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Tous les jours jusqu'à la journée de grève du 5 décembre, franceinfo va à la rencontre de Français pour les entendre et comprendre à travers leurs témoignages les enjeux de la réforme des retraites et ses implications futures.
• Dominique, caissière : "Je ne me vois pas travailler plus longtemps mais je sais que je vais être obligée de le faire"
• Marie et Quentin, étudiants : "La retraite, ça ne donne pas envie, c'est vraiment la dernière étape avant le décès !"
• Alexandre, danseur : "On a des limites physiques"
• Christophe, enseignant : "On va perdre 600 euros par mois"
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