Michel Sapin : la réforme des retraites est un "immense gâchis"

La grève dans les transports entre dans son 36^e jour et les syndicats s’apprêtent à battre le pavé à l’occasion d’une nouvelle journée de mobilisation. Aucun accord n’a pour l’heure été trouvé avec le gouvernement, laissant craindre le risque d’une impasse politique. "Si tout cela était fait par calcul, je me dirai au fond le gouvernement sait où il veut aller. Mais j’ai le sentiment que c’est plutôt de l’improvisation, parfois de la contradiction, en tout cas, beaucoup d’erreurs de communication", tance Michel Sapin.

Le principal faux pas à ses yeux demeure l’âge d'équilibre. "Introduire, un point, l’âge pivot, dont on sait qu’il va faire l’unanimité des organisations syndicales contre lui, c’est une forme de déclaration de guerre", estime ce proche de François Hollande. Le gouvernement a selon lui "mélangé deux débats qui sont légitimes", à savoir le financement et la nature du régime des retraites. "Je crains que le projet soit tellement gâché qu’on ne puisse plus rien en faire ", regrette-il. Admettant qu’une partie de la réforme est "bonne", il déplore un " immense gâchis". 

Occasion manquée 

L’ancien ministre de l’Economie et des Finances sous François Hollande n’épargne pas non plus la politique internationale du gouvernement. Il juge "extrêmement lourd et extrêmement grave", la décision de Donald Trump d’éliminer le général iranien Qassem Soleimani, lors d’une frappe aérienne à proximité de Bagdad vendredi 3 janvier. Pour Michel Sapin, la réaction de la France n’a pas été à la hauteur. "La France aurait dû parler fort, elle a perdu une occasion de le faire. Par le passé, y compris sur la question irakienne (…) elle a su dire non". Avant de conclure : "C’est très étrange comme ce président de la République a la capacité parfois à dire des choses très fortes (…) et dans d’autres moments il se tait".