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Grève contre la réforme des retraites : sur quoi le gouvernement pourrait-il lâcher du lest ?

Le Premier ministre doit dévoiler mercredi prochain "l'intégralité du projet" de la réforme des retraites.

Article rédigé par Anne Brigaudeau
France Télévisions
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Le Premier ministre Edouard Philippe donne une conférence de presse, le 6 novembre à Paris, au lendemain de la grande grève à Paris. (BERTRAND GUAY / AFP)

Son texte sera scruté à la virgule près. Mercredi 11 décembre à midi, le Premier ministre, Edouard Philippe, doit présenter devant le Conseil économique, social et environnemental (Cese) "l'intégralité du projet" de réforme des retraites, qui doit fondre les 42 régimes existants en un système unique à points.

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Alors que la grève entamée le 5 décembre se poursuit à la RATP et à la SNCF, et qu'une nouvelle journée de mobilisation est annoncée mardi 10 décembre, sur quoi le gouvernement pourrait-il lâcher du lest ?

Le temps de transition des régimes spéciaux 

Sur le fond, le Premier ministre affirme qu'il veut en finir avec les régimes spéciaux. Sur la forme, il a assuré, vendredi 6 décembre, qu'il ne se plaçait pas dans "une logique de confrontation". Et il s'est dit prêt à "faire en sorte que les transitions soient progressives" vers le régime unique.

Dans cette optique, il s'est adressé aux employés de la RATP et de la SNCF en leur promettant de ne pas changer les règles de leur régime spécial "en cours de partie". Les actuels agents statutaires ne seraient donc pas concernés par le bouleversement du système de retraites. Une éventuelle concession d'autant plus aisée que la SNCF cessera à partir de 2020 de recruter des salariés avec le statut de cheminot, pour préparer l'entrée en vigueur de la concurrence

>> Réforme des retraites : cinq questions sur la valeur du point et le calcul des futures pensions

L'âge des premières générations concernées par la réforme

Selon plusieurs médias, Edouard Philippe serait prêt à décaler l'âge des premiers salariés concernés par la réforme des retraites. Le rapport Delevoye propose une entrée en vigueur du système à points à partir de 2025, pour les générations nées à partir de 1963. "Le Premier ministre a ouvert la porte à ce que ceux qui seront à 'dix ou quinze ans' de la retraite ne soient pas non plus concernés", affirment Les Echos.

Les premiers concernés seraient donc nés dans les années 70, ce qui exclurait les cinquantenaires. Pour eux, la réforme ne s'appliquerait pas. Ce compromis a été suggéré notamment par le numéro un de l'Unsa, Laurent Escure. Il a évoqué une "clause du grand frère" qui "protégerait tous les régimes" pour les dix à quinze prochaines années.

La revalorisation du salaire des enseignants

Autre urgence, câliner les enseignants, dont le mécontentement est manifeste, comme l'a montré leur forte participation à la grève du 5 décembre (51,15% de grévistes dans le primaire et 42,32% dans le secondaire, selon les chiffres officiels du ministère). Les professeurs figurent en effet parmi les grands perdants de la réforme puisque leur pension ne sera plus calculée sur les six derniers mois mais sur l'ensemble de la carrière. Le Premier ministre l'a d'ailleurs reconnu : "Il est exact que l'application absurde des nouvelles règles les pénaliserait". 

D'où une mesure annoncée à la fois par Matignon et par le ministre de l'Education nationale, Jean-Michel Blanquer : la revalorisation des salaires et des primes "dès 2021".

Mais le diable se niche dans les détails : "Jean-Michel Blanquer envisage non pas une hausse générale des salaires, mais de pouvoir verser des primes aux enseignants reconnus 'méritants' par les inspecteurs de l'Education nationale ou les chefs d'établissement", analyse le média spécialisé Café pédagogique. Si tel est le cas, il faudra voir si les enseignants s'en satisferont.

Le renoncement à des mesures rapides pour équilibrer les comptes 

Enfin, toujours selon Les Echos"le gouvernement ne cherche plus à imposer des économies au forceps dès 2021, avec pour objectif l'équilibre en 2025". L'exécutif avait en effet irrité son seul soutien syndical de poids dans la réforme des retraites, le secrétaire général de la CFDT, Laurent Berger, en prônant des mesures à court terme pour équilibrer les comptes de l'assurance-retraite d'ici 2025.

Selon le rapport publié jeudi 21 novembre par le Conseil d'orientation des retraites (COR), le déficit du système de retraites actuel devrait atteindre entre 7,9 et 17,2 milliards d'euros en 2025. Au nom de l'équilibre budgétaire, l'exécutif avait envisagé des mesures rapides pour pallier ce déficit annoncé. Parmi les pistes évoquées : l'allongement de la durée des cotisations ou la mise en place d'un âge-pivot de départ à la retraite à 63 ou 64 ans, avec application de décote avant. Des réformes dites "paramétriques", auxquelles s'est vivement opposé Laurent Berger. Pour le leader de la CFDT, il s'agit d'une "ligne rouge".

La sélection de franceinfo sur la réforme des retraites

• Décryptage. Pourquoi le projet coince auprès d'une majorité de Français

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